Home Pure People “Ma sœur et moi étions violées par notre père. Il a fini par la tuer”

“Ma sœur et moi étions violées par notre père. Il a fini par la tuer”

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“Ma sœur et moi étions violées par notre père. Il a fini par la tuer”

C’est un procès hors norme qui s’est ouvert le 3 décembre, celui de Denis Mannechez, un père accusé d’avoir assassiné sa fille, Virginie, avec qui il avait eu un fils. Une nouvelle épreuve pour Betty, la sœur cadette, violée elle aussi pendant des années…

A Saint-Pathus (Seine-et-Marne), les Mannechez étaient perçus comme la famille idéale : un père ingénieur, une mère au foyer attentionnée et cinq enfants très polis et bien élevés. Mais, une fois la porte de leur demeure fermée, les sourires de façade tombaient et c’est l’horreur qui s’y produisait. “Dès que notre père rentrait du travail, on n’entendait pas une mouche voler. Il fallait que sa femme ait préparé le dîner, que les enfants soient calmes et les devoirs faits”, se rappelle Betty, aujourd’hui âgée de 35 ans. En tyran domestique, Denis Mannechez mène son monde à la baguette. Il impose à ses filles aînées des viols répétés, à ses garçons des punitions. Mais sa bête noire, c’est Betty, sa deuxième fille. Virginie, l’aînée, est l’élue, “la duchesse”, et il va faire d’elle sa femme. “Moi, j’étais la grosse ou Alfred parce que j’étais un peu garçon manqué. Il m’obligeait à rester toute la journée à genoux, les mains sur la tête, sur le carrelage de la cuisine. Il me frappait aussi, à coups de martinet ou de ceinturon. J’étais tellement terrifiée qu’il m’est souvent arrivé de m’uriner dessus et jusqu’à l’âge de 17 ans.”

“Quand je suis tombé enceinte de mon père, ma mère a programmé mes avortements”

Laurence, la mère de famille, assiste aux brimades, sans intervenir. Pire, elle organise les visites des filles dans la chambre de leur père. “Elle tenait un planning, elle décidait des jours où moi et Virginie, on devait monter dans la chambre pour retrouver Denis.” Betty tombe enceinte de son propre père à trois reprises, et c’est encore Laurence qui va étouffer les actes odieux de son époux. “Ma mère a programmé mes trois avortements. Elle racontait aux médecins que je faisais le mur pour retrouver des garçons et que je couchais avec eux.” A l’adolescence, Betty et Virginie commencent à fréquenter les petits voisins de leur âge. Intolérable pour Denis, qui fait déménager précipitamment femme et enfants dans l’Oise, à plus de 100 km de là. Dans leur nouvelle maison, isolée dans les bois, Denis assoit son emprise. Il s’installe avec Virginie dans le bâtiment principal, tandis que Laurence, Betty et Samantha, la petite dernière, occupent une aile de la maison et les garçons, un chalet à l’écart. Un an plus tard, Virginie tombe enceinte de son père. Betty, qui ne supporte plus cette situation, fugue et va tout raconter à la gendarmerie. Le 22 avril 2002, Denis et Laurence Mannechez sont arrêtés et avouent les atrocités qu’ils ont commises. Mis en examen pour inceste et complicité de viols, ils sont incarcérés. Jugés en 2012, ils écopent de cinq ans de prison, dont trois avec sursis. La notion d'”inceste heureux”, reprise par les avocats de Denis Mannechez, a convaincu la cour. L’homme retourne alors vivre avec sa fille. Mais, deux ans plus tard, Virginie s’enfuit avec leur enfant.

Le père de famille se met en chasse pour retrouver celle qui a osé le quitter

Dans une lettre, elle confie qu’elle n’a jamais aimé son père et qu’elle subit cette situation depuis son plus jeune âge. Craignant sa réaction, elle s’installe à plus d’une heure de route, à Gisors (Eure). Furieux, Denis se met aussitôt en chasse pour retrouver celle qui a osé le quitter. Le 7 octobre 2014, déterminé, il entre dans le garage automobile dans lequel Virginie travaille et fait feu. Il tue d’abord Frédéric, l’employeur de la jeune femme, puis sa fille, d’une balle dans la tête. Il retourne ensuite l’arme contre lui, mais ne parvient pas à se tuer. Grièvement blessé, il ne peut aujourd’hui plus parler ni marcher. Il comparaît devant la cour d’assises depuis le 3 décembre, à l’aide d’une tablette numérique dont il se servira pour livrer son témoignage, retransmis sur un écran géant. Sur le banc des parties civiles, Betty affronte courageusement le regard de l’homme qui l’a “tant fait souffrir”…