Cette histoire mêlant voyeurisme et journalisme pose la question de l’éthique et la protection des sources. Pourtant, il est difficile de rester de marbre devant tant de perversité…
Dès sa publication ce lundi dans le New-Yorker, l’article controversé de Gay Talese intitulé The Voyeur’s Motel provoque une grande polémique, surtout concernant les méthodes de travail de son auteur, une star du “Nouveau journalisme” américain.
Pendant plus de 47 ans, Gerald Foos, le propriétaire d’un motel à Denver a épié les scènes les plus intimes qui se déroulaient sous son toit, grâce à un système de grilles de ventilation factices. Le journaliste le savait.
En effet, Gerald Foos, le gérant du motel de Denver, lui a avoué son vice en 1980. Et le journaliste a tenu son histoire secrète pendant 33 ans, entretenant des rapports étroits avec le voyeur et consultant ses notes, jusqu’à ce qu’il ait la permission de dévoiler son identité dans un livre à paraître prochainement), indique La Dernière Heure.
De fait, Gay Talese a même passé une nuit avec le voyeur, posté dans son grenier à guetter les clients dans leur chambre, et notamment un couple en pleine activité sexuelle. Dans son article, le journaliste explique: «Malgré la voix insistante dans ma tête qui me disait de détourner le regard, je continuais à observer, penchant ma tête plus en avant pour avoir une meilleure vue» , rapporte Slate.
Plusieurs personnes d’indignent et critiquent le comportement du journaliste qui aurait dû , selon elles, revoir son accord de confidentialité pour dévoiler les pratiques illégales de sa source.
Selon le président de la société américaine des journalistes professionnels (SPJ), Andrew Seaman, interrogé par le Washington Post, le journaliste aurait en effet dû se garder de continuer à promettre de protéger l’anonymat de Gerald Foos.
Comme l’indique Slate, le voyeur est aujourd’hui la cible de nombreuses menaces de mort et le journaliste s’est rendu à Denver, se disant “inquiet” pour l’ancien voyeur.