C’est dans une relative discrétion qu’est marqué cet anniversaire, en pleine campagne à trois semaines du 1er tour de la présidentielle.
Soixante ans plus tard, la date du 19 mars 1962, jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu signé la veille entre armée française et indépendantistes algériens, continue à faire polémique.
Elle a été consacrée par la loi en 2012 comme la “Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc”.
Cette position est soutenue par plusieurs candidats de la droite et de l’extrême droite. Valérie Pécresse (LR) s’est ainsi engagée à trouver “une autre date” que le 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie. Car “80% des victimes civiles sont tombées après les accords d’Evian”, a-t-elle affirmé vendredi, en rappelant la fusillade de la Rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, ou le massacre d’Oran du 5 juillet 1962.
Marine Le Pen (RN) a également souligné qu’elle contestait “depuis longtemps” cette date car “il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés” après le 19 mars 1962.
Face à cette controverse, l’Elysée présente la commémoration du 19 mars comme “une étape” sur le chemin de mémoire “mais ce n’en est pas le terme”.
– 200 invités à l’Elysée –
Avant le discours d’Emmanuel Macron, la parole sera donnée à quatre personnes ayant participé au programme “Histoire et mémoires de la guerre d’Algérie”, notamment en intervenant dans des collèges et lycées.
La ministre des Armées Florence Parly, le chef d’Etat-major des Armées Thierry Burckhard ainsi que des élus, dont le maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS), ville qui accueillera le futur musée de l’Histoire de France et de l’Algérie, seront également présents.
L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a également été invité.
L’objectif de cette commémoration, “réconcilier” et “apaiser”, reste le même que lors des précédents rendez-vous organisés depuis le début du quinquennat autour de la guerre d’Algérie.
Emmanuel Macron a cherché, à travers une série de gestes mémoriels, à “réconcilier la France et l’Algérie” ainsi que les “mémoires cloisonnées” en France, a rappelé l’Elysée.
Suivant les préconisations de l’historien Benjamin Stora, il a reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort du mathématicien communiste Maurice Audin et celle de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel durant la bataille d’Alger en 1957.
Une stèle à la mémoire d’Abd el-Kader, héros national algérien du refus de la présence coloniale française, a été érigée en France à Amboise (centre) et les crânes de résistants algériens du XIXe siècle restitués à l’Algérie.
Mais Alger, qui réclame des excuses officielles de la France pour la colonisation, n’a pas donné suite à ce travail de mémoire. “C’est une main qui est tendue et qui restera tendue”, a toutefois souligné l’Elysée.
Dans la société française, il s’agit de “constituer dans le temps long une mémoire commune, partagée, apaisée”, a expliqué la présidence en réfutant les accusations de “clientélisme mémoriel” à l’encontre du chef de l’Etat.