“À ma sœur que j’aime et que je n’oublierai jamais car toutes mes pensées sont pour elle”: au bas de la photographie d’une fillette, enlevée par son père en 1958, cette promesse, inscrite là il y a quarante ans, n’avait jamais trouvé de réponse. Jusqu’en août dernier, le cliché était l’un des rares vestiges de l’enfance commune d’André et Michèle, brisée il y a 59 ans par la séparation de leurs parents. Après de longues recherches, le frère a retrouvé son aînée grâce aux réseaux sociaux, comme le raconte Le Parisien.

Avis de recherche

Après son rapt en pleine rue à Perpignan, la trace de la fillette s’était perdue en Algérie, où son père l’avait emmenée en pleine guerre coloniale. André, lui-même placé en pension à Port-Vendres jusqu’à l’âge de 17 ans, s’est longtemps trouvé dans une impasse administrative. En Algérie, Michèle, laissée chez par son père chez une grand-mère, avait rapidement fugué. Elle avait finalement été rapatriée en France à dix ans, et placée à la Ddass en Bourgogne. 

“Je n’ai jamais renoncé. Je pensais qu’elle était encore vivante, quelque part”, explique pourtant André, aujourd’hui âgé de 64 ans.

La tragédie familiale s’est enfin dénouée grâce un appel lancé sur Facebook par l’une des quatre filles d’André, Sabrina. L’avis de recherche est ensuite relayé dans un article de L’Indépendant. Le 3 août dernier, elle reçoit plusieurs coups de téléphone anonymes. 

“Une dame m’a dit qu’elle l’avait localisée. Je l’ai prise pour un de ces médiums qui m’ont répété des tas de fois que ma tante était morte. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas me dire dans quoi elle travaillait, mais que la dame que je recherchais sous son nom de jeune fille s’appelait en fait Breuil, et résidait à Nuits-Saint-Georges”, raconte la jeune femme au quotidien régional. 

Retrouvailles

Un week-end de septembre, André et Michèle se sont enfin retrouvés. Aide-soignante et mère de six filles, Michèle a découvert qu’elle faisait partie d’une fratrie de douze frères et sœurs de différents lits.

“J’ai toujours ignoré que j’avais une famille, explique-t-elle. Cela fait bizarre. C’est bouleversant. J’ai découvert la vie de ma mère, celle de mon père, militaire de carrière mort de maladie à Marseille. Je ne me souvenais de rien de notre vie à Perpignan. Tout juste d’un homme me prenant par la main pour m’emmener en Algérie.”

André et Michèle ont convenu de réunir leurs familles à Perpignan. “Étrangement, j’avais toujours dit à mes filles qu’à la retraite, j’irai me retirer là-bas, sans savoir pourquoi”, confie Michèle.