A Bruxelles, les indépendantistes catalans célèbrent une “victoire amère”

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“On a bien résisté” mais “c’est une victoire amère”. A Bruxelles, les partisans de l’indépendance de la Catalogne venus suivre les résultats avec leur dirigeant en exil Carles Puigdemont se gardaient de tout triomphalisme même si leur camp a gardé la majorité absolue.

“Nous avons gagné cette nuit le droit d’être écoutés!”, a exulté M. Puigdemont, acclamé par plusieurs dizaines de partisans réunis dans une salle du centre-ville de Bruxelles, à plus de mille kilomètres de Barcelone.

Après dépouillement de près de 99% des bulletins, les trois formations séparatistes disposent, avec 70 sièges sur 135 au parlement régional, de la majorité absolue comme avant le référendum d’indépendance interdit du 1er octobre.

Mais la dureté de la campagne électorale et le risque que le bras de fer entre indépendantistes et gouvernement espagnol perdure “nous empêchent de sabrer le +cava+”, a aussitôt ajouté M. Puigdemont, en référence au vin pétillant espagnol, l’un des produits phares de la Catalogne.

Un sentiment partagé par les militants séparatistes venus l’acclamer aux cris de “Président, président !”.

Ils n’étaient que quelques dizaines à avoir bravé la bruine et l’intense brouillard bruxellois pour venir suivre la soirée électorale avec le président catalan destitué et les quatre membres de son gouvernement qui ont fui avec lui en Belgique fin octobre.

A leurs côtés, une trentaine de militants et élus du parti nationaliste flamand N-VA ont voulu dire leur “sympathie”, en scandant “Independencia”.

-‘Ca ne va rien changer’-

“On est contents parce qu’on a la majorité”, souligne Maria Arbos, une retraitée de 57 ans habitant dans la région de Bruxelles.

Mais, craint-elle, “ça ne va rien changer!” car “on est là où on était avant” le référendum, suivi par les destitution fin octobre des autorités sécessionnistes par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.

“C’est une victoire amère”, arrachée “dans des conditions (…) non démocratiques”, commente pour sa part Michel Vila, un ingénieur à la retraite de 70 ans vivant en Belgique.

“Les deux candidats des principaux partis indépendantistes (M. Puigdemont et le leader du Parti de la gauche républicaine ERC, Oriol Junqueras, NDLR) sont l’un en exil l’autre en prison!”, rappelle-t-il. “Donc franchement, moi en tant qu’indépendantiste, je dis qu’on a bien résisté!”.

Egalement présents, une centaine de journalistes se pressaient pour entendre le président déchu qui continue de se dire “légitime”. M. Puigdemont, poursuivi en Espagne pour “sédition” notamment, risque d’être arrêté s’il rentre dans son pays.

“La situation est bloquée, c’est un fait”, reconnaît M. Vila, en estimant difficile d’imaginer comment M. Puigdemont — à la tête du premier parti indépendantiste de l’assemblée — pourrait être réélu président de l’exécutif régional sans rentrer en Catalogne.

– L’UE ‘ne changera pas’-

L’intéressé — qui doit donner une conférence de presse vendredi à la mi-journée à Bruxelles — n’a pas révélé ses intentions sur un éventuel retour.

“Je veux féliciter le peuple catalan parce qu’il a donné une leçon au monde”, a-t-il lancé un grand sourire aux lèvres. “L’Europe doit en prendre bonne note, la recette de Rajoy ne fonctionne pas” en Catalogne, a aussi martelé M. Puigdemont.

Interrogée par l’AFP jeudi soir, la Commission européenne a prévenu qu’elle “ne changera pas” de position sur la crise catalane après le vote de jeudi.

“Notre position sur la question de la Catalogne est bien connue et a été réitérée régulièrement, et à tous les niveaux. Elle ne changera pas. S’agissant d’une élection régionale, nous n’avons pas de commentaire à faire”, a indiqué un porte-parole à Bruxelles, Alexandre Winterstein.

Depuis le début de la crise, l’UE s’est refusée à reconnaître l’indépendance unilatéralement proclamée par le Parlement de Catalogne, considérant qu’il s’agissait d’une “affaire intérieure” espagnole et appelant au “respect de la Constitution espagnole” que Madrid affirme défendre.

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