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A Caracas, Guaido jure de “sortir le Venezuela de la pénombre”

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A Caracas, Guaido jure de “sortir le Venezuela de la pénombre”

Oubliés un instant la faim, la soif et le courant coupé au sixième jour de la crise qui prive le Venezuela des services de base : devant une foule compacte, Juan Guaido a promis mardi à Caracas de “sortir le Venezuela de la pénombre, très vite”.

C’était la deuxième fois depuis le début, jeudi, de la panne d’électricité géante que le chef de l’opposition, qui s’est proclamé président par intérim le 23 janvier, convoquait la population dans les rues du pays.

Tandis que les communications revenaient dans la métropole, le gouvernement a affirmé que le courant était rétabli dans la plupart des Etats, à l’exception du grand ouest et de certains Etats du centre.

Mais il reste difficile de joindre les autres villes. Et la population est éreintée par la course aux vivres frais et surtout à l’eau, sommée de payer le moindre achat en dollars.

Dans la capitale, Juan Guaido a marqué plusieurs étapes, sans incident, jusqu’au final dans le plus grand quartier populaire de Caracas, Petare. Au premier arrêt, Santa Monica, où réside la classe moyenne, il a juré de s’occuper bientôt du pays : “J’ai besoin d’un bureau pour ça, il se trouve à Miraflores !” – le palais présidentiel.

“Si se puede! Oui c’est possible!”, “Nous sommes là ! nous n’avons pas peur !”, a scandé la foule, plusieurs milliers de personnes rassemblées sur le parcours entamé au son des sifflets et des casseroles, les “cazerolas” de protestation contre le régime.

Lundi soir, le chef de l’Etat Nicolas Maduro avait lancé un appel à la “résistance active” de ses partisans face à une crise énergétique dont il accuse les Etats-Unis. Il avait nommément cité les “colectivos”, des groupes citoyens dont certains, de sinistre réputation, agissent en véritables milices, circulant par paires, à moto.

“Il nous menace! C’est tout ce qui lui reste” lui a lancé Guaido.

Le face-à-face entre les deux “présidents” du pays s’est encore durci mardi avec une enquête ouverte par le procureur du Venezuela contre l’opposant “pour son implication présumée dans le sabotage du système électrique”.

– Journée chômée –

Pour M. Maduro, les attaques “cybernétique” et “électromagnétique” contre la centrale de Gurri, dans le sud, sont organisées par les Etats-Unis pour “désespérer” la population, afin de justifier une intervention militaire.

“Le désespoir et l’obscurité, c’est la dictature qui les provoque!” a répété Guaido au cours de sa tournée dans Caracas.

Face à la gravité de la situation, Juan Guaido avait fait voter lundi par les députés l’état d’alerte – un prélude à l’état d’urgence – et convoqué les Vénézuéliens “dans les rues” pour protester contre cette gigantesque panne.

Signe de fébrilité du pouvoir, un journaliste et défenseur des droits humains, Luis Carlos Diaz, a été arrêté pendant plus de 24 heures avant d’être libéré mardi soir. Entre-temps son domicile a été perquisitionné. Emmené par les services de renseignement, il est accusé d’être lié aux attentats contre le système électrique, selon sa famille et le Syndicat national des membres de la presse (SNTP) qui ont organisé une manifestation de soutien.

– journaliste arrêté –

Mais aucune charge n’a été publiquement reconnue contre lui.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, dont une mission technique se trouve actuellement à Caracas, avait réclamé “l’accès immédiat” au journaliste, via sa responsable, l’ex-présidente chilienne Michelle Bachelet.

La semaine dernière, un journaliste américain, Cody Weddle, installé de longue date dans la capitale vénézuélienne, avait été arrêté et expulsé le soir même.

Quant au quotidien, il reste difficile pour la population.

“On en a marre de cette tragédie: pas de lumière, maintenant pas d’eau”, rageait mardi Emeralda Sanchez qui a “perdu un poulet entier, de la viande et des légumes”, faute de froid.

“Je n’ai plus rien à donner à manger à mes enfants”, sanglote Yulimar, mère de trois enfants, dont les réserves sont épuisées et qui tente de recueillir de l’eau au pied des pentes boisées de l’Avila, qui surplombe Caracas.

Les gens se ravitaillent comme ils le peuvent et se lavent dans les fontaines des parcs. Le régime a commencé la distribution d’aide mais, dans les quartiers populaires, beaucoup se plaignent de n’avoir rien reçu.

Des pillages de supermarchés et de marchés ont été signalés au moins à Maracaïbo, la grande ville pétrolière de l’ouest, où l’essence reste cependant introuvable.

“Ils ont dévasté notre boulangerie (…) J’ai vu des gens faire la queue pour un kilo de riz : il a fallu tirer en l’air pour organiser la distribution. Il y a beaucoup de tension”, a confié Alberto Barboza, 26 ans, joint sur place par l’AFP.

Les Etats-Unis, très engagés derrière M. Guaido, ont annoncé des “sanctions supplémentaires très importantes” : elles pourraient intervenir dès mardi, a précisé Elliott Abrams, le représentant spécial pour la crise au Venezuela.