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A Lagos, le ballet se danse sans musique, mais avec beaucoup de joie et d’ambition

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A Lagos, le ballet se danse sans musique, mais avec beaucoup de joie et d’ambition

Ce matin, dans un quartier populaire au coeur de la tentaculaire Lagos, un groupe d’une douzaine de garçons et de filles ont enfilé leur collants et leur justaucorps pour s’entraîner aux pointes, aux pirouettes et aux arabesques.

Mais ils devront le faire sans musique. Il n’y a pas d’électricité dans le quartier et pas assez d’argent pour mettre en route le générateur à diesel.

La Leap of Dance Academy (“L’académie du saut de danse”) a ouvert ses portes en 2017 dans le quartier populaire d’Ajangbadi, au coeur de Lagos, la capitale économique du Nigeria de 20 millions d’habitants.

Elle accueille gratuitement une douzaine d’enfants de 6 à 15 ans. Des enfants, qui n’avaient bien souvent jamais entendu parlé de danse classique avant leur arrivée dans cette académie.

Daniel Ajala, son fondateur, a appris la danse sur des tutoriels internet et grâce à des stages. Mais les techniques sont dignes de celles des pro.

“D’habitude le ballet est associé aux gens qui ont de l’argent, dans les classes très privilégiées”, explique Daniel Ajala à l’AFP. Il a financé sa passion et l’école grâce à ses seules économies.

“Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir les équipements de luxe, mais au moins, on peut faire connaître cet art à la nouvelle génération”, sourit-il.

Au début, les voisins étaient plutôt sceptiques de voir du ballet dans les rues de …. “C’est une danse indécente! Ce n’est pas une danse pour les bons chrétiens!”, cancanait-on.

“Mais nous voulons leur montrer que la danse classique est forgée sur la disciple, et c’est important pour le développement de l’enfant”, assure le professeur.

Après plusieurs années, même si les regards sont encore curieux et surpris lorsque les élèves pratiquent les grand-jetés ou les demi-pliés dans les rues, la pratique a désormais ses admirateurs.

Et c’est une formidable opportunité et fenêtre sur le monde. La jeune Olamide Olawole, 15 ans, veut d’ailleurs en faire son métier et devenir instructrice à son tour.

“Je voudrais que les enfants, partout dans le monde, puisse connaître cette expérience”, confie la jeune adolescente en enfilant ses chaussons abîmés par l’effort et l’humidité ambiante.

“Je veux qu’ils puissent eux-aussi exprimer ce qu’ils ressentent à travers la danse”.

Ifoma Madu, la maman d’Anthony, le seul garçon de la troupe, regarde son fils mener la danse avec une immense fierté. “C’est formidable, c’est extraordinaire. Lorsque je le vois danser ça m’apporte beaucoup de joie”.

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