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A l’Opéra de Paris, genèse d’un somptueux ballet en ces temps troublés

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A l’Opéra de Paris, genèse d’un somptueux ballet en ces temps troublés

Créer un grand ballet narratif n’est pas monnaie courante de nos jours, mais en pleine pandémie, cela relève de la gageure. Pas de quoi cependant effrayer l’éminent chorégraphe Pierre Lacotte, qui adapte le monumental “Le Rouge et le Noir” pour l’Opéra de Paris.

Cette création mondiale, prévue en octobre au Palais Garnier, sera l’une des plus grandes productions du répertoire du Ballet de l’Opéra –près de 400 costumes– et l’oeuvre chorégraphique la plus attendue de la rentrée, après deux saisons laminées par une grève historique et le Covid.

Elle marquera le retour, à 89 ans, de Pierre Lacotte qui signe chorégraphie, décors et costumes de cette adaptation du chef-d’oeuvre de Stendhal.

L’ex-premier danseur de l’Opéra, connu surtout pour être un “archéologue des ballets” du XIXe siècle, ne cache pas sa joie.

“C’est un rêve qui devient réalité chaque jour. Cela fait quatre ans qu’on est sur ce projet, et Aurélie Dupont (directrice de la danse, ndlr) m’a permis d’avancer dans ce projet malgré les difficultés actuelles”, précise à l’AFP Pierre Lacotte, lors d’une visite à l’atelier de couture à Garnier.

“C’est un cadeau du ciel de pouvoir refaire, à 89 ans, une création dans mon théâtre chéri”, ajoute le chorégraphe qui avait recréé pour l’Opéra “Paquita”, “Coppélia” et “La Sylphide”.

– 39 toiles, une dizaine d’étoiles –

Créateur de ballets au Bolchoï de Moscou, au Mariinsky de Saint-Pétersbourg, à la Scala de Milan, au Teatro Colon de Buenos Aires et jusqu’en Chine et au Japon, il dit renouer avec sa “famille”.

A l’atelier de couture, entre le “flou” (costumes femmes) et le “tailleur” (costumes hommes), se dresse une haie de robes corsetées et de jupes aux couleurs chatoyantes, pour les paysannes, les bourgeoises ou les invitées du bal. Et pour Madame de Rênal et Mathilde de La Mole, les amours du héros Julien Sorel.

Des mannequins revêtus des costumes de hussards et de valets en rouge ou bleu vifs trônent près de grandes tables, où les costumières s’affairent à découper des plastrons, coudre des manches bouffantes ou ajuster des corselets.

“Cet atelier de couture, c’est Dior!”, s’exclame M. Lacotte, en s’émerveillant devant une robe bleue délicatement brodée de dentelle.

“C’est une oeuvre monumentale”, ajoute-t-il. Trois actes, près de 400 costumes (dépassant les 350 costumes de “La Belle au Bois Dormant”) et 39 toiles de décor.

Mme de Rênal, dansée selon les distributions par trois Etoiles, “a à elle seule cinq ou six robes”, relève Xavier Ronze, adjoint à la directrice de la couture. “Nous avons dû réviser nos classiques”, rit-il. “Ce n’est pas une reconstruction historique des costumes comme on fait au cinéma. On s’inspire de l’époque mais on l’adapte à la danse”.

– “Les personnages s’échappent” –

Pourquoi autant de moyens alors qu’à l’Opéra, la dernière création d’un grand ballet classique remonte à dix ans?

“Il ne faut pas oublier les racines qui sont les nôtres. C’est Louis XIV qui a lancé le classique en créant l’Académie de danse”, souligne Pierre Lacotte. Le vocabulaire du ballet est en français et le père des plus célèbres ballets est un Français de Marseille, Marius Petipa, rappelle-t-il.

D’ailleurs, “tout est français” dans ce ballet, du livret au chorégraphe, en passant par la musique (des morceaux choisis de Massenet).

Mais c’est important aussi, précise le chorégraphe, “parce qu’on a toujours besoin de rêver. C’est très bien de faire du contemporain, mais on garde notre passé”.

Durant ses recherches, il a passé un temps fou dans plusieurs bibliothèques, comme celle du Musée des arts décoratifs ou en région, pour s’inspirer des gravures d’époque.

Dans les immenses ateliers de l’Opéra Bastille, on peint de grandes toiles en trompe-l’oeil, un décor en noir et blanc qui va contraster avec les costumes.

“C’est comme un livre que l’on ouvre. Et les personnages s’en échappent pour vivre leur drame”, raconte M. Lacotte.

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