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A Madrid, la crainte d’une poussée de Vox près d’un centre accueillant des migrants

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A Madrid, la crainte d’une poussée de Vox près d’un centre accueillant des migrants

Dans le quartier d’Hortaleza à Madrid, “le vote pour Vox va être très élevé” dimanche, craint Lidia Lopez, qui reproche à ce parti d’extrême droite d’y avoir instrumentalisé le rejet d’un centre accueillant de jeunes migrants par une partie de la population.

Dans ce vaste district du nord-est de Madrid mélangeant grands ensembles et zones chic, Vox est dans toutes les têtes depuis que son chef Santiago Abascal, qui vit à Hortaleza, l’a présenté devant des millions de téléspectateurs comme un secteur miné par la délinquance en raison de la présence de ces jeunes migrants.

Le vent en poupe dans les sondages, Vox a marqué la campagne des élections législatives par sa rhétorique anti-immigrés, allant jusqu’à réclamer l’expulsion de tous les mineurs étrangers isolés, en violation de la Convention internationale des droits de l’enfant.

Ses mensonges et inexactitudes sur l’immigration, associés systématiquement à la criminalité, ont suscité l’indignation et amené le Défenseur des droits espagnol à dénoncer une multiplication de “messages racistes” justifiant les attaques contre de jeunes migrants.

Plusieurs jeunes mineurs non accompagnés ont été battus dimanche dernier à Madrid, selon des élus locaux du parti de gauche Mas Pais.

“Nous avons beaucoup de problèmes avec ces jeunes, ils volent chaque jour”, affirme Jose Morales, 79 ans, dans un bar du quartier.

“Nous autres, nous votons Vox”, annonce l’ancien concierge, assis au comptoir avec deux amis, devant des verres de vin rouge et un plat de paella. Tous les trois sont d’anciens électeurs du Parti populaire (PP, conservateur), qui a perdu le pouvoir l’an dernier après un retentissant procès pour corruption.

Dans le bureau de vote où les électeurs, majoritairement âgés, font la queue, beaucoup assurent avoir voté “pour la droite”, mais sans vouloir préciser pour quel parti.

“J’ai voté pour la droite parce que la chose la plus importante, c’est l’unité de l’Espagne et les retraites,” dit ainsi Rafael Garcia, 84 ans. Il s’agit d’un autre thème central pour le parti d’extrême droite, qui a appelé à interdire purement et simplement les partis indépendantistes et a progressé dans les sondages à la faveur des troubles du mois d’octobre en Catalogne (nord-est).

– “Pas peur de Vox” –

“Beaucoup de gens ont des problèmes avec l’immigration et ont utilisé ça pour voter Vox”, déplore Lidia Lopez, journaliste stagiaire de 21 ans qui a voté pour le parti radical de gauche Podemos.

“Nous sommes dans un quartier ouvrier où les gens ont du mal à trouver du boulot, alors Vox dit juste ce que les gens ont envie d’entendre, en utilisant des données fausses”, juge aussi David Barcelo, un ingénieur de 25 ans, pour qui “Abascal dit +Je vais vous aider à trouver du travail en expulsant ces gens+ alors que ce n’est clairement pas la solution”.

Autre habitante du quartier, Eva Millan Martin rejette les arguments de Vox vis-à-vis du centre d’accueil: “Je n’ai jamais eu peur de passer devant et je n’ai jamais entendu parler de problèmes le concernant”, dit cette informaticienne de 33 ans, électrice de Podemos, pour qui Vox “mène tout simplement une campagne raciste”.

La crainte d’une poussée de l’extrême droite a poussé certains à aller voter, en dépit de la désillusion générale face au blocage politique qui mine l’Espagne depuis quatre ans.

“Je pensais que ma soeur n’allait pas voter pour ce scrutin, mais comme Vox est de plus en plus fort, elle va finalement voter pour la gauche afin de les freiner,” relève Eleuterio Risoto Roldan, un technicien informatique de 27 ans, électeur du nouveau parti de gauche Mas Pais.

En compagnie d’un groupe de militants socialistes du quartier, Pilar Rodriguez, 73 ans, assure elle ne pas craindre Vox.

“Vox menace de jeter tout le monde dehors, y compris les mineurs non accompagnés, mais il ne peut pas parce que l’Union européenne les protège”, dit-elle, en rappelant que pendant les décennies de dictature de Franco (1939-1975), l’Espagne ne faisait pas partie de l’Europe.

“Je n’ai pas peur de Vox parce que nous sommes en Europe”, conclut-elle. “Si nous ne l’étions pas, nous aurions vraiment peur”.

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