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A Mont-de-Marsan, une marée orange pour défendre la chasse et la ruralité

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A Mont-de-Marsan, une marée orange pour défendre la chasse et la ruralité
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Au moins 13.000 personnes ont participé samedi matin à Mont-de-Marsan (Landes) à une manifestation pour défendre les chasses traditionnelles d’oiseaux, jugées illégales par le Conseil d’Etat, un “monde rural menacé” et des “traditions en danger”.

D’autres rassemblements sont prévus samedi à Caen (Calvados), Orléans (Loiret), Charleville-Mézières (Ardennes), Redon (Ille-et-Vilaine), Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) et Amiens, fief électoral de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili où Xavier Bertrand, qui espère représenter la droite à l’élection présidentielle, est attendu.

A Mont-de-Marsan, au son des bandas, cors de chasse et autres pétards, une marée orange fluo -la couleur des vestes des chasseurs- et une armée de parapluies se sont lentement élancées des Arènes du Plumaçon, haut lieu de la corrida, pour une boucle autour du centre-ville devant notamment passer devant la préfecture des Landes.

Selon les organisateurs, qui attendaient près de 200 bus venus principalement du grand Sud-Ouest, environ 20.000 personnes ont pris part au “grand rassemblement pacifique” de ceux -chasseurs, pêcheurs, syndicats agricoles, associations culturelles etc- “qui partagent les valeurs de la culture rurale”.

D’après la préfecture, 13.000 personnes étaient présentes au départ de la manifestation, sous une pluie battante.

“J’en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux. On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses traditionnelles, à l’alouette, la palombe…”, déplore Eric, 47 ans, “un peu chasseur et un peu pêcheur”, venu de Grenade (Landes) et qui en a assez des “talibans du Paristan”, en référence aux “idéologues de la capitale”.

Descendu de Charente-Maritime, Xavier, président d’une association de chasse, est venu défendre “le monde de la ruralité” et “tous les modes de chasses”, même si lui ne pratique pas de chasses traditionnelles d’oiseaux.

– “Un art de vivre” –

Dans ce cortège coloré, où très peu de personnes étaient masquées, quelques bergers landais en échasse et des jeunes habillés en torero, ainsi que nombre de pancartes hostiles à Barbara Pompili, accusée d’être “anti-chasse”.

Myriam, une Landaise, épouse de chasseur et de gaveur (de palmipèdes, ndlr) et amatrice de corrida, veut pouvoir “transmettre ces traditions” aux jeunes générations. “Ce n’est pas que la chasse, c’est tout un art de vivre”, glisse-t-elle. “Que les urbains nous foutent la paix!”, dit un homme à côté d’elle.

Non loin, Claude, adepte de “chasse en famille”, est venu avec sa petite-fille Noéllie, 10 ans, munie d’une pancarte “Papi chasse, mami chasse, papa chasse, je veux continuer à chasser” à laquelle est attachée une palombe en plastique. “Les anti-chasse veulent nous supprimer nos traditions”, affirme-t-il.

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Directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues juge la mobilisation “fantastique” étant donné le temps exécrable. “Il y a des enfants, des femmes, toutes les générations… Les chasseurs ont été le détonateur mais toute la ruralité est là”, se félicite-t-il, avant d’ajouter: “On n’en peut plus de cet empire du bien qui vient nous dire comment gérer notre environnement!”.

En août, le Conseil d’Etat a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne “oiseaux” de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction des espèces capturées.

Dans la semaine, le gouvernement a toutefois mis en consultation plusieurs arrêtés pour ré-autoriser certaines de ces chasses, au grand dam des défenseurs de l’environnement. Une mesure interprétée comme un geste envers cet électorat très courtisé.

La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle, mais qui conduit à capturer aussi d’autres espèces d’oiseaux.