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A Valparaiso, après la crise sociale, les conséquences funestes de la pandémie

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A Valparaiso, après la crise sociale, les conséquences funestes de la pandémie

L’épidémie de coronavirus progresse dans les collines de Valparaiso, où les emblématiques funiculaires sont à l’arrêt et les touristes absents. Après des mois de fronde sociale, dont les stigmates sont encore visibles, la pandémie vient fragiliser un peu plus cette ville du Chili.

Ce port mythique du Pacifique, à 150 km à l’ouest de Santiago, où vivent 300.000 personnes pour la plupart très modestement, est le deuxième foyer de contamination dans le pays de 18 millions d’habitants, après la capitale.

Face à l’accélération de la contagion et à la difficulté de faire respecter les restrictions, le gouvernement s’est résolu mercredi à décréter des mesures de confinement obligatoire pour l’ensemble de la ville, ainsi que pour le port de San Antonio et sa voisine Viña del Mar, station balnéaire réputée.

La région, qui compte 1,8 million d’habitants, a enregistré 1.801 nouvelles contaminations en une semaine.

“A Valparaiso, la situation est critique. Il est nécessaire de décréter le confinement. Une occasion est en train d’être perdue pour agir, comme cela a été le cas à Santiago”, avait mis en garde dès lundi le Dr Juan Carlos Said, une référence en matière de santé publique.

Un coup dur pour la ville aux quarante collines, alors que les habitants tentaient jusque-là tant bien que mal de faire face à la pandémie tout en continuant à survivre.

“Il n’y a pas de touristes mais nous ne pouvons pas nous permettre de fermer”, affirmait quelques heures avant l’annonce gouvernementale, Gonzalo Correa, propriétaire d’une boulangerie sur la colline de l’Artilleria.

Les quatorze funiculaires de la ville sont fermés depuis mars, forçant les habitants à gravir les collines péniblement avec leurs sacs de provisions.

“Un funiculaire est un mode de transport qui permet aux gens d’aller de la partie basse à la partie haute de la ville (…) ce sont, comme nous le savons, des lieux à haut risque de contagion”, rappelle Rodrigo Ruiz, un responsable de la municipalité.

Ces transports emblématiques de la ville n’avaient jamais été fermés aussi longtemps.

– Ville blessée –

En 2003, le centre historique de Valparaiso a été classé au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Mais la ville légendaire semble aujourd’hui à terre.

“Le Covid nous a donné raison, une santé de qualité pour tous!”, proclame une des nombreuses banderoles qui témoignent, à l’image des édifices publics vandalisés, de la profonde crise sociale qui a secoué le Chili depuis octobre.

A côté de Santiago, le grand port du centre du pays a été au coeur de la mobilisation, souvent violente, pour dénoncer les inégalités économiques et la déconnexion de l’élite politique de la réalité quotidienne de nombreux Chiliens.

“La fronde sociale nous a donné un coup d’arrêt en freinant la venue des touristes. Et maintenant, on est dans une situation désespérée”, constate Daniela Olivares, une habitante de la colline Alegre.

Les petits restaurants de poissons qui donnent son charme à la ville avec leurs quelques tables sur des balcons ouvrant sur la mer, ne font plus que de la vente à emporter.

Andrés, 36 ans, réajuste ses sacs de provisions en haut d’une côte, non loin des rails d’un funiculaire à l’arrêt.

“Ce qui touche le plus Valparaiso, c’est l’absence de touristes”, constate-t-il, dans un quartier où le salaire minimum d’environ 470 dollars est souvent la norme.

Dans le centre, les places Victoria ou Sotomayor ainsi que les principales artères commerciales sont restées actives malgré l’arrivée du virus avec de nombreux vendeurs ambulants, tout comme les marchés où se vendent les traditionnelles fritures de poisson.

“Pour la grande majorité de la population, ne pas sortir, c’est ne pas manger”, reconnaissait mardi Jorge Sharp, le maire de la ville.

Le gouvernement du président Sebastian Piñera a annoncé des aides et des paniers alimentaires pour les plus pauvres. Mais pour beaucoup, l’initiative est tardive et insuffisante.

Aux premiers jours du confinement rendu obligatoire mi-mai pour les sept millions d’habitants de Santiago, des émeutes de la faim avaient secoué les quartiers les plus pauvres.

Quatrième pays le plus touché d’Amérique latine, le Chili a enregistré plus de 150.000 contaminations et près de 2.500 décès dus au coronavirus.

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