Home Pure Info Abbas défend à l’ONU la création d’un Etat palestinien

Abbas défend à l’ONU la création d’un Etat palestinien

0
Abbas défend à l’ONU la création d’un Etat palestinien

Le président palestinien Mahmoud Abbas prononce mardi une rare allocution devant le Conseil de sécurité pour rejeter une médiation unique des Etats-Unis dans le processus de paix et appeler à une reconnaissance de la Palestine comme Etat membre de l’ONU.

Son “face-à-face” avec l’ambassadrice américaine Nikki Haley sera “intéressant”, notent des diplomates. Pour l’occasion, Jared Kushner, gendre du président Donald Trump et au rôle d’intermédiaire au Moyen-Orient, a fait le déplacement à New York pour assister à la réunion du Conseil de sécurité qui a débuté peu après 15H00 GMT.

Fin janvier, Nikki Haley avait accusé Mahmoud Abbas de manquer de courage: “Nous n’allons pas courir après une gouvernance palestinienne qui n’a pas ce qu’il faut pour parvenir à la paix”. “Pour obtenir des résultats historiques, nous avons besoin de dirigeants courageux”, avait-elle ajouté.

Le président palestinien est déjà intervenu au Conseil de sécurité en 2008 et 2009.

Il mentionnera “sans doute” son souhait d’une reconnaissance de la Palestine à l’ONU, selon des diplomates. Mais il devrait surtout réclamer “une démarche collective du Conseil de sécurité”.

Selon des responsables palestiniens, Mahmoud Abbas devait appeler à des négociations avec Israël dans un cadre élargi et pas sous l’égide principale des Etats-Unis. Et dénoncer à nouveau la décision américaine de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël.

“Nous pourrons accepter différents formats” pour ces négociations, a affirmé Nasser al-Qudwa, l’un de ces responsables. Elles pourraient avoir lieu sous l’égide du groupe dit des P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni), ou bien du P5+1 (les mêmes, plus l’Allemagne), ou bien un “Quartette élargi”, ou encore une conférence internationale de paix”, a-t-il détaillé.

– Ire américaine –

La Palestine est depuis 2012 “Etat observateur non membre” de l’ONU, ce qui lui a permis d’intégrer des agences onusiennes et de rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). Mais elle n’est toujours pas un membre à part entière des Nations unies, même si elle est reconnue par plus de 130 pays.

Un statut de membre passe par une recommandation du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale de l’ONU, sans veto des Etats-Unis, premier soutien d’Israël.

M. Abbas rejette une médiation unique de l’administration américaine depuis la reconnaissance par le président Donald Trump fin 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël.

En décembre, les Palestiniens ont bénéficié de l’unanimité du Conseil de sécurité moins une voix – un veto de Washington – pour condamner cette décision. Cette condamnation a ensuite été approuvée majoritairement par l’Assemblée générale de l’ONU, suscitant l’ire de Washington et de Nikki Haley.

Mardi, l’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon devait répondre au président palestinien devant le Conseil de sécurité, en présence du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a prévu un entretien bilatéral avec Mahmoud Abbas.

Avant le début de la réunion du Conseil de sécurité, la télévision interne de l’ONU a montré un échange entre Mme Haley, MM. Kushner et Danon.

Israël rejette tout cadre multilatéral pour le processus de paix, ne faisant confiance ni à l’ONU ni à l’Union européenne.

– Limbes –

Le président palestinien a déjà exhorté les Européens à reconnaître la Palestine, le 22 janvier à Bruxelles, avant de faire de même avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 12 février.

“C’est bien joué de sa part. Le simple fait qu’il vienne s’exprimer devant le Conseil de sécurité est une formidable forme de reconnaissance et de démenti à la stigmatisation américaine”, note un diplomate.

Le processus de paix au Proche-Orient est depuis plusieurs années dans l’impasse.

L’administration Trump a indiqué travailler sur un plan de paix mais ce dernier semble toujours dans les limbes, selon des diplomates. “Ils sont en pleine discussion interne”, selon un diplomate, qui doute que Washington sache déjà où en venir.

Début février, M. Guterres a mis en garde contre la création d’une “réalité irréversible à un Etat” au lieu de la solution préconisée jusqu’à présent de deux Etats vivant côte à côte, Israël et la Palestine, en dénonçant la poursuite de la colonisation “en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est”. “Il s’agit d’un obstacle majeur à la paix, qui doit cesser avec un retour en arrière”, a-t-il asséné.

Sur fond de dissensions inter-palestiniennes Fatah-Hamas et de réduction d’aide financière américaine à des programmes de l’ONU destinés aux Palestiniens, le conflit au Proche-Orient doit de nouveau être abordé jeudi à New York, lors d’une réunion informelle.

© 2018 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.