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Adèle Haenel victime de harcèlement sexuel : “Il m’a surtout détruite”

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Adèle Haenel victime de harcèlement sexuel : “Il m’a surtout détruite”

Après la longue enquête de Marine Turchi (sept mois !) parue sur le site de Mediapart dimanche 3 novembre 2019, le média a donné la parole pendant plus d’une heure à Adèle Haenel, au côté de la journaliste qui a recueilli son témoignage, mais aussi ceux de plusieurs proches et témoins.

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Il va sans dire qu’il y aura un avant et un après Adèle Haenel. Deux ans après le début du mouvement #MeToo aux États-Unis et, dans une moindre mesure #BalanceTonPorc en France, l’actrice de 30 ans vient briser avec pertes et fracas le tabou des agressions et violences sexuelles dans le septième art.

Retour sur les faits : Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia – qui lui avait fait tourner son tout premier film intitulé Les Diables en 2002 – “d’attouchements” et de “harcèlement sexuel“. Elle était alors adolescente et avait entre 12 et 15 ans au moment des faits supposés lorsqu’elle incarnait pour le film le personnage de Chloé.

Dans l’interview filmée, on ressent une rage bouleversante, bouillonnante, de celles qu’on a contenues pendant dix-sept ans. Car l’actrice a attendu avant de témoigner, mais pas pour elle, pour les autres : “Je n’ai rien à gagner, là, ce soir en fait, si ce n’est le fait de dire que je crois dans les humains, a expliqué Adèle Haenel à Edwyn Penel, rédacteur en chef de Mediapart, qui a mené l’entretien avec pudeur. C’est aussi con que ça, je crois dans l’humanité, dans le réveil possible. C’est pour ça que je parle.”

Le déclic, c’est le documentaire Leaving Neverland qui incrimine Mickael Jackson pour des faits de pédophilie. Elle y découvre les mécanismes “d’emprise” dont elle estime avoir été également victime. Pendant plus de deux heures, elle tire à vue. Avec un calme olympien déstabilisant, elle instruit, elle déconstruit, elle rassemble les victimes, elle donne une voix. Sans s’excuser, elle explique pourquoi elle n’a pas fait appel à la justice. “Je n’ai jamais pensé à la justice, car il y a une violence systémique qui est faite aux femmes dans le système judiciaire. C’est aussi ça dont il faut parler. Je crois en la justice, mais elle doit se remettre en question pour être représentative de la société.”