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Afghanistan: le mollah Omar aurait vécu à côté d’une base américaine

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Afghanistan: le mollah Omar aurait vécu à côté d’une base américaine

Le fondateur des talibans, le défunt mollah Omar, a vécu des années durant à côté d’une base américaine dans le sud de l’Afghanistan, alors qu’il était l’un des hommes les plus recherchés au monde par Washington, affirme un livre d’une journaliste néerlandaise longtemps basée dans le pays.

“A la recherche d’un ennemi”, de Bette Dam, une biographie en néerlandais encore non traduite du mollah borgne, affirme que celui-ci habitait à 5 km d’une base américaine dans la province de Zaboul.

Pendant des années, il a vécu en ermite, refusant de rencontrer sa famille et prenant des notes dans un langage imaginaire, soutient l’auteure qui, en cinq ans d’enquête, dit avoir interrogé des dizaines de chefs talibans, ainsi que le garde du corps du mollah Omar.

Cette découverte, “corroborée par des responsables talibans et afghans, suggère un échec ahurissant des services de renseignement américains”, observe Bette Dam dans une fiche de présentation de son livre.

Pour Washington, qui avait promis une récompense de 10 millions de dollars pour sa capture, le mollah Omar était réfugié au Pakistan voisin.

Mais il “est resté dans la province de Zaboul tout du long, et il y avait une base américaine à proximité (…) et c’est là qu’il est mort”, a commenté le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, interrogé par l’AFP. “Il n’y a aucun mensonge dans les mots” de Bette Dam, a-t-il ajouté.

“Il est mort d’une maladie qui aurait pu être traitée” s’il n’était pas demeuré à Zaboul, a ensuite précisé Zabihullah Mujahid sur Twitter.

D’après l’ouvrage, le mollah Omar, à la chute en 2001 du régime taliban après cinq années à la tête de l’Afghanistan, a transmis son pouvoir à un autre cadre du mouvement, pour devenir une sorte de chef spirituel.

Il s’est d’abord réfugié dans un petit complexe de Qalat, la capitale régionale de la province de Zaboul (sud). La famille avec laquelle il a vécu pendant trois ans ignorait qui il était.

– “Affirmations délirantes” –

Les forces américaines ont manqué de le capturer à deux reprises, affirme la journaliste indépendante. La première fois, le mollah Omar se serait caché derrière un tas de bois alors qu’une patrouille passait. La seconde, des troupes étrangères auraient fouillé tout le complexe, sauf la chambre dans laquelle il se trouvait.

Alors que la base Lagman était en construction en 2004, à quelques centaines de mètres de son refuge, il a changé de cache, toujours dans la province de Zaboul. Mais peu après, une seconde base, Wolverine, a été érigée à 5 km de son repaire.

Plus de 1.000 militaires américains, ainsi que des forces spéciales britanniques américaines, y étaient basés. Mais malgré sa terreur d’être attrapé, le mollah Omar n’a jamais bougé, s’aventurant rarement à l’extérieur et se cachant souvent dans des tunnels, lorsque les avions américains bombardaient, peut-on lire dans l’ouvrage.

Le fondateur des talibans y a passé des années d’isolement, à écouter les nouvelles sur la BBC en langue pachtou. Il est mort en 2013. Les talibans ont gardé son décès secret pendant deux ans.

La présidence afghane, via son porte-parole Haroon Chakhansuri, a “fermement rejeté” des “affirmations délirantes”, qui visent d’après elle à “créer et construire une identité pour les talibans et leurs soutiens étrangers”.

“Nous avons suffisamment de preuves qui montrent qu’il vivait et qu’il est mort au Pakistan. Point”, a-t-il tweeté.

L’ancien directeur de la CIA et ex-chef de l’armée américaine en Afghanistan, David Petraeus, s’est montré sceptique. “Nous avions accès à tout l’Afghanistan et je serais très surpris que le mollah Omar ait pris ce risque”, a-t-il déclaré au Wall Street Journal.

L’ex-ministre de l’Intérieur afghan Amrullah Saleh, chef des services de renseignement de 2004 à 2010, a de son côté indiqué avoir “des piles et des piles de preuves” attestant du passage et de la mort du dignitaire taliban au Pakistan.

Les autorités afghanes accusent régulièrement le Pakistan d’accorder refuge aux talibans.

La sortie de ce livre intervient alors qu’Américains et insurgés discutent depuis fin février à Doha d’une possible sortie de crise après plus de 17 années de guerre.