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Afghanistan: les talibans ne relâchent pas leur étreinte sur le Nord

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Afghanistan: les talibans ne relâchent pas leur étreinte sur le Nord
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Les talibans maintenaient lundi la pression sur le nord de l’Afghanistan, après y avoir pris le contrôle la veille de trois capitales provinciales, pendant que l’armée affirmait connaître des succès dans le Sud.

En quelques heures dimanche, Kunduz, la grande ville du nord-est de l’Afghanistan, Taloqan, 50 km à l’est, et Sar-e-Pul, 400 km plus à l’ouest, sont tombées aux mains des insurgés.

Les talibans sont désormais en possession de cinq des 34 capitales provinciales, après avoir aussi saisi samedi Sheberghan, fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, à 50 km au nord de Sar-e-Pul, et vendredi Zaranj, capitale de la lointaine province de Nimroz (sud-ouest), à la frontière avec l’Iran.

Située à 300 km au nord de Kaboul, Kunduz, déjà conquise deux fois ces dernières années par les insurgés, en 2015 et 2016, est un carrefour stratégique entre l’Afghanistan et le Tadjikistan.

“Nous avons tous fui la ville de Kunduz (dimanche). La plupart des gens fuyaient leur maison, à pied, en voiture ou à tricycle, vers les provinces voisines, ou vers Kabul et Mazar-i-Sharif”, a déclaré Rahmatullah, 28 ans, un habitant de Kunduz qui a lui-même quitté précipitamment la ville avec sa femme et ses enfants.

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“La situation sécuritaire n’est pas bonne et nous avons fui pour sauver nos vies. C’est comme un film d’horreur. Ceux qui sont coincés dans la ville n’osent pas sortir de leur maison”, a-t-il ajouté.

Kunduz est la plus belle prise jusqu’ici des talibans, qui ont lancé une large offensive au début mai à la faveur du retrait des forces internationales, lequel doit être complètement achevé d’ici le 31 août.

L’armée a affirmé dimanche se battre pour reprendre des points stratégiques de Kunduz. Les autorités ont aussi annoncé avoir renvoyé des membres des forces spéciales en renfort à Sar-e-Pul et Sheberghan.

– ‘Jusqu’à la dernière goutte de sang’ –

Mais les talibans, loin de ralentir le rythme effréné de leur avancée dans le Nord, semblent avoir déjà fixé leur regard sur leurs prochains objectifs.

Ils approchaient lundi d’Aibak, capitale de la province de Samangan, à environ 100 km au sud-ouest de Kunduz. “Nous n’entendons aucun combat dans la ville, mais nous avons entendu dire que les talibans se massaient (à ses) portes”, a déclaré à l’AFP Mohammad Hashim Sarwary, le chef adjoint du Conseil provincial.

Les insurgés ont aussi annoncé avoir attaqué Mazar-i-Sharif, la principale ville du nord de l’Afghanistan. Mais des habitants et officiels ont indiqué qu’ils ne l’avaient pas encore atteinte.

La police de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale, a affirmé que les combats les plus proches en étaient distants d’au moins 30 km. Elle a accusé les talibans de vouloir “créer de l’angoisse dans la population civile avec leur propagande”.

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“L’ennemi fait maintenant mouvement vers Mazar-i-Sharif, mais heureusement les ceintures de sécurité (autour de la ville) sont solides et l’ennemi a été repoussé”, a affirmé Mirwais Stanikzai, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, dans un message aux médias.

Cité historique et carrefour commercial, Mazar-i-Sharif est le pilier sur lequel s’est toujours appuyé le gouvernement pour contrôler le nord du pays. Sa chute serait un coup extrêmement dur porté au pouvoir.

Mohammad Atta Noor, l’ex-gouverneur de la province de Balkh, homme fort depuis longtemps de Mazar-i-Sharif et du Nord, a promis de résister “jusqu’à la dernière goutte de sang”. “Je préfère mourir dans la dignité que mourir dans le désespoir”, a-t-il tweeté.

– Opération de nettoyage –

Le nord de l’Afghanistan a toujours été considéré comme très opposé aux talibans. C’est là qu’ils avaient rencontré la résistance la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990.

Les talibans ont dirigé le pays entre 1996 et 2001, imposant leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, avant d’être chassés du pouvoir par une coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Si l’armée s’est révélée incapable d’enrayer leur offensive dans le Nord, elle continuait à faire front dans les villes septentrionales de Kandahar et Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés, ainsi qu’à Hérat (ouest).

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“Heureusement, la situation sécuritaire s’est améliorée dans les provinces de Kandahar, Lashkar Gah et Hérat (…) Le plan (de l’ennemi) de prendre ces villes a été neutralisé”, a assuré M. Stanikzai.

A Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, dans laquelle les talibans avaient pénétré en début de semaine dernière, l’armée a lancé une contre-attaque mercredi, après avoir demandé aux 200.000 habitants, durement touchés par les combats, de fuir.

“De vastes zones de l’est et du nord-est de la ville ont été dégagées. L’opération de nettoyage continue avec succès mais est lente, car les talibans ont pris position dans les maisons des civils”, a assuré sur Twitter Fawad Aman, le porte-parole du ministère de la Défense.

Le gouvernement afghan s’est engagé à reprendre tous les territoires perdus depuis mai, mais sans résultat très tangible jusqu’à présent.