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Afghanistan: un médecin japonais chef d’une ONG tué avec cinq Afghans

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Afghanistan: un médecin japonais chef d’une ONG tué avec cinq Afghans

Un médecin japonais septuagénaire, en Afghanistan depuis des décennies pour y aider la population avec son ONG, a été tué mercredi avec cinq accompagnants afghans lors d’une attaque à l’arme automatique à Jalalabad.

Le meurtre du docteur Tetsu Nakamura, intervenu dans la province de Nangarhar (est), est le deuxième incident visant un travailleur humanitaire en moins d’un mois. Il a attiré des condamnations unanimes en Afghanistan et depuis l’étranger.

Le docteur Nakamura, 73 ans, avait fondé Peace Medical Services (PMS), qui après l’aide médicale s’était spécialisée dans l’irrigation. Il avait commencé à travailler dans la région en 1984 en traitant des réfugiés afghans et des Pakistanais atteints de la lèpre.

Le pick-up dans lequel il circulait mercredi matin a été attaqué par des hommes avec des armes automatiques. L’assaut a tué sur le coup ses trois gardes du corps, le chauffeur et un collaborateur, selon le porte-parole du gouverneur de la province Attaullah Khogyani.

Blessé au torse, le médecin est mort à l’aéroport de Jalalabad avant de pouvoir être évacué vers la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, qui est tenue par l’armée américaine.

Les talibans ont démenti toute implication. “L’attaque visant le directeur de l’organisation japonaise PMS à Jalalabad n’est pas liée aux moujahidines de l’Emirat islamique”, a dit un de leurs porte-parole, Zabihullah Mujahid.

La province de Nangarhar, frontalière du Pakistan, abrite un grand nombre de combattants talibans mais aussi des éléments du groupe jihadiste Etat islamique.

Le président afghan Ashraf Ghani, qui avait octroyé en personne au médecin le titre de citoyen d’honneur en octobre, l’a salué comme l'”un des plus proches amis de l’Afghanistan”.

Cette attaque fait suite à celle ayant visé une voiture des Nations unies à Kaboul le 24 novembre, qui avait tué un Américain travaillant pour le Programme de Développement des Nations unies (PNUD), Anil Raj.

Mercredi, la Mission de l’ONU pour l’Afghanistan (Minua) a exprimé sa “révulsion” face au meurtre de M. Nakamura.

Elle a dénoncé “un acte insensé de violence contre un homme qui avait dédié une grande partie de son existence à aider” les plus vulnérables.

– Faim et sécheresse –

Après avoir ouvert une clinique dans l’est de l’Afghanistan en 1991, M. Nakamura avait réorienté l’activité de son ONG vers l’irrigation, pour lutter contre les causes de mauvaise santé comme les eaux insalubres et la malnutrition.

“La faim, la sécheresse… la médecine ne peut pas traiter ces problèmes. Nous avons réalisé que nous devions aller au-delà du champ étroit de la médecine”, avait-il expliqué à la chaîne de télévision japonaise NHK.

Son organisation travaillait étroitement avec la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, sur des projets d’irrigation et de formation à la gestion de l’eau.

Il était aussi un adversaire déclaré de l’invasion américaine de 2001 pour chasser les talibans. “Je ne suis pas dupe de la justification de la violence au nom de la démocratie et de la modernisation”, écrivait-il peu après. “Le véritable bonheur de l’humanité ne devrait pas être atteint par la violence ou l’argent mais de façon humaine”.

En démentant toute participation à l’attaque, le porte-parole des talibans a affirmé que “les organisations qui contribuent à la reconstruction de l’Afghanistan ont de bonnes relations avec l’Emirat islamique (les talibans, ndlr) et ne sont pas considérées comme des cibles par les moujahidines”.

Cependant les talibans ont revendiqué en mai une attaque à Kaboul contre l’ONG Counterpart International, financée par l’Etat américain, qui a fait neuf morts.

Le docteur Nakamura et ses collègues ont semble-t-il fait l’objet d’une attaque ciblée. Auzubillah, un témoin de la scène, a dit à l’AFP avoir “entendu une fusillade et vu des tireurs attaquer le Japonais et ses gardes, et puis les tireurs ont quitté l’endroit par une petite rue”.

Des photos montrent un pick-up, apparemment non blindé, au milieu d’une rue avec les vitres latérales brisées et trois impacts sur le pare-brise.

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