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Agression de Champigny: colère dans la police, l’enquête sera longue

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Agression de Champigny: colère dans la police, l’enquête sera longue

L’agression filmée, et largement diffusée sur les réseaux sociaux, de deux policiers le soir du Nouvel An à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) a déclenché mardi de la colère au sein de la police, alors que l’enquête s’annonce longue.

“C’est pas normal que des policiers se fassent passer à tabac comme ça”, a dénoncé Alain, 55 ans, devant le commissariat de Champigny, où une centaine de policiers se sont rassemblés à l’appel du syndicat Alliance.

Dans la soirée, quelque 70 personnes se sont retrouvées au Trocadéro, à Paris, cette fois à l’appel des “Femmes des forces de l’ordre en colère”. “On veut interpeller les politiques sur le mal grandissant de la police et cette haine de l’uniforme”, a déclaré à l’AFP Perrine Sallé, porte-parole de l’association.

Des rassemblements de quelques dizaines de policiers se sont aussi tenus à Lille, Saint-Etienne, Grenoble, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux.

“Cette société de la violence ne saurait continuer à exister”, a martelé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb sur Europe 1, appelant à briser “une mécanique infernale” dans certains quartiers populaires.

Le Directeur général de la police nationale, Eric Morvan, a condamné des “actes d’une incroyable lâcheté”.

Aucune arrestation en lien avec l’agression n’a été effectuée. L’enquête, menée par la Sûreté territoriale, nécessite un long travail d’analyse des vidéos, a prévenu le parquet de Créteil.

La scène, d’une violence inouïe et devenue virale sur les réseaux sociaux, s’est déroulée dans une salle de la zone industrielle de Champigny-sur-Marne.

Se voyant refuser l’entrée de la salle où se tenait une soirée privée, une foule y a fait irruption, cassant un muret et un rideau de fer.

“Les policiers sont appelés. Ils essaient de séparer les deux groupes et le groupe agresseur se retourne contre les policiers”, a raconté Gérard Collomb. Puis “deux sont séparés du reste de leurs collègues et sont frappés”.

– Peines planchers –

Le capitaine de police, qui a eu le nez cassé, et la gardienne de la paix, rouée de coups au sol et souffrant de contusions au visage, se sont vu prescrire dix et sept jours d’incapacité totale de travail (ITT).

Les policiers sont encore marqués par l’attaque aux cocktails Molotov de deux des leurs en octobre 2016 à Viry-Châtillon (Essonne), qui avait entraîné des manifestations inédites de “policiers en colère” et de leurs compagnes.

Après l’agression de Champigny, Alliance a exigé des peines planchers pour les agresseurs de forces de l’ordre.

“Nous souhaitons être reçus au plus haut niveau de l’Etat, comme l’avait fait le président François Hollande”, a réclamé de son côté Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie-Officiers, qui attend qu’Emmanuel Macron “prenne des mesures”.

Pour obtenir des “sanctions exemplaires” et “une prise de conscience générale”, SGP-FO a annoncé des rassemblements le 9 janvier devant tous les commissariats de France.

“Un de nos problèmes à Champigny, c’est que les effectifs ne sont pas toujours au rendez-vous”, a déploré de son côté le député (Les Républicains) du Val-de-Marne Gilles Carrez. A ses yeux, les peines planchers, supprimées sous le quinquennat précédent, “sont une bonne réponse à ce type de délinquance”.

Pour le Front national, le gouvernement est dans l'”incapacité totale de prendre la mesure du problème” face à “des phénomènes de guérilla urbaine”.

Lundi, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avait exigé “des actes fermes”.

Face à ce flot de réactions, le maire adjoint de Champigny-sur-Marne a jugé qu’il ne s’agissait “en aucun cas de violence urbaine ou d’affrontements entre bandes, mais (de) la conséquence d’une organisation déplorable”.

La soirée privée n’était autorisée ni par la mairie ni par la préfecture, qui n’en avaient pas eu connaissance.

Au total, huit policiers, trois militaires de l’opération Sentinelle et quatre gendarmes ont été blessés le soir de la Saint-Sylvestre. Parmi eux, un policier d’Argenteuil (Val-d’Oise), grièvement touché à une main. Eric Morvan s’est rendu mardi au commissariat d’Argenteuil pour exprimer son soutien.

Par ailleurs, un policier a été frappé lundi alors qu’il voulait contrôler un scooter à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cinq personnes étaient en garde à vue mardi dans cette enquête.

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