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Algérie: les manifestations se poursuivent malgré les promesses de Bouteflika

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Algérie: les manifestations se poursuivent malgré les promesses de Bouteflika

Plusieurs milliers d’étudiants défilent à nouveau mardi dans la capitale et dans plusieurs villes d’Algérie contre la 5e candidature du président Abdelaziz Bouteflika, repoussant les promesses du chef de l’Etat de réformer et de ne pas aller au bout de son éventuel nouveau mandat.

“Hé Bouteflika, il n’y aura pas de 5e mandat” ou “Ramenez les commandos de l’armée et la BRI (unité d’intervention de la police), il n’y aura pas de 5e mandat”, chantent les étudiants dans le centre d’Alger, largement applaudis par les badauds sur les trottoirs ou à coups de klaxons par les automobilistes.

Plusieurs milliers d’étudiants des diverses universités d’Oran, deuxième ville du pays, ont convergé vers le centre-ville, a rapporté à l’AFP un journaliste local sur place, évoquant une “mobilisation très forte”.

Des milliers d’étudiants, accompagnés par des professeurs manifestent également à Constantine, troisième ville du pays, selon un journaliste local sur place, et à Annaba, la quatrième, où un journaliste local a fait état d’un cortège “imposant” de plusieurs milliers de personnes.

Selon un habitant, contacté par l’AFP, des milliers d’étudiants manifestent également à Béjaïa (180 km à l’est d’Alger), en Kabylie.

Des étudiants manifestent en nombre également à Blida, Bouira ou Tizi-Ouzou, selon le site d’information TSA (Tout sur l’Algérie), ainsi qu’à Sétif et Tlemcen, selon le site du quotidien El Watan.

Dans la capitale, où les manifestations, supposées totalement interdites depuis 2001, sont désormais quasiment quotidiennes depuis dix jours, les étudiants des différentes universités d’Alger s’étaient donné rendez-vous via les réseaux sociaux devant la Grande-Poste, bâtiment emblématique du coeur de la ville.

Déployée en nombre dans le centre de la capitale, la police n’est pas intervenue, se contentant de cantonner, via des cordons d’agents en tenue anti-émeutes, les étudiants à l’intérieur d’un périmètre de quelques artères alentour.

Les manifestants se sont contentés de faire demi-tour à chaque fois qu’ils étaient bloqués, sans chercher à forcer les cordons et aucun incident n’a été signalé.

Le président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d’un AVC, est la cible d’une contestation jamais vue depuis qu’il a été élu à la tête de l’Etat il y a 20 ans, déclenchée par l’annonce de sa volonté de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril.

L’enregistrement de sa candidature dimanche au Conseil constitutionnel a été assortie d’engagements destinés à calmer la colère: ne pas aller au bout de son mandat et quitter le pouvoir après une série de réformes profondes notamment.

– “Non, c’est non !” –

Des promesses qui n’ont pas atteint leur but, ni chez les étudiants ni dans les autres secteurs de la société algérienne, alors que le camp présidentiel estimait la veille qu’elles répondaient “pleinement” aux revendications des manifestants.

“Non, c’est non! Il n’a pas compris le message du peuple? On va lui faire comprendre aujourd’hui et encore plus vendredi”, premier jour du weekend et journée de mobilisation massive ces deux dernières semaines, assure Selma, étudiante en mathématiques à Alger.

Pour Abderahmane, 21 ans, étudiant à l’Ecole supérieure d’informatique (ESI) M. Bouteflika “veut un an de plus, nous on ne veut pas une seule seconde, c’est déjà trop, qu’il dégage maintenant”.

Wassim, 22 ans, autre étudiant de l’ESI, compare le chef de l’Etat “à un mari qui bat sa femme et, alors qu’elle demande le divorce, lui demande de rester un an de plus, le temps qu’il lui trouve un nouvel époux”.

Au-delà du président Bouteflika, c’est l’ensemble de la caste dirigeante qui est également visée par les slogans: “Vous avez mangé le pays, hé voleurs!”, “Dites aux voleurs que nous n’allons pas nous taire”.

“Ni études ni enseignement jusqu’à la chute du système”, proclame également une pancarte, alors que les étudiants appellent à la grève.

L’immense campus de Bab Ezzouar, à 8 km du centre-ville est totalement désert mardi, a indiqué un enseignant à l’AFP, “Il y a une grève massive des étudiants. Je n’avais jamais vu cela”.

Des enseignants universitaires devraient se prononcer dans les jours prochains sur une possible grève.

A Béjaïa, l’ordre des avocats a appelé ses membres à ne plus assurer de défense à partir de mercredi, à l’instar de leurs collègues de Constantine.

“Votre crédit santé est insuffisant pour effectuer ce mandat”, indique une pancarte d’un manifestant à Alger-centre, à l’adresse du président Bouteflika, hospitalisé en Suisse il y a près de dix jours pour, officiellement, des “examens médicaux périodiques”, son retour n’a toujours pas été annoncé.

Sur un trottoir d’Alger, deux femmes âgées conversent en regardant d’un oeil bienveillant passer les étudiants: “j’espère que tout cela portera ses fruits”, dit l’une.