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Allégations non vérifiées sur Trump: BuzzFeed violemment critiqué

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Allégations non vérifiées sur Trump: BuzzFeed violemment critiqué

Pour avoir publié la totalité d’un rapport contenant des allégations non vérifiées sur Donald Trump, le site d’information BuzzFeed a été mercredi la cible de violentes critiques de nombreux médias, analystes et du président élu qui a dénoncé un «tas d’ordures».

Mardi, BuzzFeed a mis en ligne ce dossier de 35 pages, rédigée par un ancien officier du renseignement britannique, jugé crédible par le renseignement américain, sur commande d’opposants politiques de Donald Trump.

Ces notes évoquent notamment des échanges supposés de renseignements pendant plusieurs années entre Donald Trump, ses proches et le Kremlin.

Le document fait aussi état d’une vidéo à caractère sexuel montrant Donald Trump avec des prostituées, filmée clandestinement lors d’une visite à Moscou en 2013 par les services russes dans le but d’en faire un moyen de chantage.

BuzzFeed est «un tas d’ordures sur le déclin» a réagi Donald Trump au cours de son conférence de presse, mercredi.

«Ce sont des fausses informations. C’est bidon. Ces choses ne se sont jamais passées. Et cela a été obtenu par nos adversaires», a-t-il ajouté. «Publier ce dossier reflète la façon dont nous voyons le travail de reporters en 2017», a justifié, dans un message à la rédaction, le rédacteur en chef de BuzzFeed, Ben Smith, tout en assurant qu’il ne s’agissait pas «d’une décision facile ou simple».

«C’était incroyablement irresponsable», a estimé Dan Kennedy, professeur de journalisme à l’Université Northeastern, soulignant que «ces allégations ne sont absolument pas vérifiées et, comme l’a reconnu BuzzFeed, certaines sont invérifiables».

Pour l’enseignant, ce choix pourrait saper encore davantage la confiance du public dans les médias, déjà attaqués très régulièrement par Donald Trump durant sa campagne.

«Logique ridicule»

Beaucoup d’éditorialistes et d’analystes des médias se montraient également critiques à l’égard de la décision de BuzzFeed mercredi.

La décision de BuzzFeed et la réaction du président élu contribuent à brouiller un peu plus les contours de la vaste nébuleuse des fausses informations ou «fake news», qui correspondaient initialement à des informations fabriquées avec l’intention de tromper les lecteurs.

«C’est dommage car ce ne sont pas de fausses informations, ce sont de vrais documents», regrette Dan Kennedy. «Et ce ne sont pas “les médias”, c’est BuzzFeed».

Créé en 2006, BuzzFeed est devenu un acteur d’importance dans le monde de l’information en ligne grâce notamment à certains contenus devenus viraux et créant le «buzz» ainsi qu’à sa capacité à générer du trafic via les réseaux sociaux.

Selon le site spécialisé SimilarWeb, il serait devenu le premier site au monde dans la catégorie magazines et e-magazines. Le site spécialisé Quantcast évalue à 185 millions le nombre de visiteurs uniques de BuzzFeed lors des 30 derniers jours.

Pour Kelly McBride, spécialiste d’éthique des médias au sein de l’organisation indépendante Poynter Institute, «publier dans son intégralité un document non vérifié constitue une rupture par rapport à la façon dont les responsables éditoriaux des principales publications définissent le rôle du journalisme», a-t-elle expliqué sur son blog.

Pour le spécialiste des médias du Washington Post, Erik Wemple, BuzzFeed a fait preuve d’une «logique ridicule» en choisissant de publier la note.

«Ce n’est pas vérifié, ce qui veut dire que cela nécessite un travail d’enquête complémentaire», a-t-il écrit mercredi. «BuzzFeed a commencé ce travail et s’est engagé à le poursuivre. Donc pourquoi publier le document maintenant?»

Pour David Graham, de la revue The Atlantic, BuzzFeed «a tourné le dos à un principe de base du journalisme». Cela «contraint un personnage public, Trump en l’occurrence, à répondre à des allégations qui pourrait s’avérer, ou pas, totalement fallacieuses», selon lui. «Transmettre de la désinformation n’est pas plus utile ou éclairant que de ne pas publier d’information du tout», estime David Graham.

Michael Tracey, du site Vice News, l’un des grands concurrents de BuzzFeed sur son segment, a lui été plus loin: «BuzzFeed fait la promotion d’un “dossier” dont il admet qu’il n’est pas vérifié, et en tire profit à travers la fréquentation (de son site). C’est du gagnant-gagnant.»

Source : AFP

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