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Allemagne: la “dauphine” de Merkel menace de démissionner

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Allemagne: la “dauphine” de Merkel menace de démissionner

La présidente des conservateurs allemands Annegret Kramp-Karrenbauer, considérée comme une dauphine d’Angela Merkel, a tenté vendredi de faire taire les critiques croissantes à son égard en menaçant de démissionner faute de soutien suffisant de la part du mouvement.

Cette “question de confiance” posée dès l’ouverture d’un congrès du Parti démocrate-chrétien (CDU) par celle que l’on désigne souvent sous ses initiales AKK, s’inscrit dans le cadre d’une contre-attaque lancée face à ses détracteurs, qui doutent de sa capacité à succéder au plus tard fin 2021 à la chancelière.

Elle illustre aussi plus généralement les difficultés qu’éprouve le premier parti d’Allemagne à gérer “l’après-Merkel”, dans un contexte de recul électoral continu, notamment au profit de l’extrême droite dans le pays.

Si le parti ne partage pas sa vision de l’Allemagne et son cap politique, “alors arrêtons dès aujourd’hui, ici et maintenant”, a lancé la présidente dès l’ouverture d’un congrès du parti à Leipzig (est de l’Allemagne).

Les délégués ont répondu par un tonnerre d’applaudissements, signifiant qu’il n’était pas question à ce stade de la voir partir, un an seulement après sa prise de fonction à la tête des démocrates-chrétiens en remplacement d’Angela Merkel.

– Bilan de Merkel –

Face à la nervosité croissante en interne, “AKK” a défendu l’héritage d’Angela Merkel au pouvoir depuis 14 ans, jour pour jour. Désavouer ce bilan revient à “dire aux citoyens que tout était négatif ces 14 dernières années”, a-t-elle argué.

“Ce n’est pas une stratégie électorale à succès”, a-t-elle prévenu en ouverture d’un congrès à Leipzig.

Cette proche de la chancelière, également ministre de la Défense, est sous pression suite à des claques électorales ces derniers mois au profit des Verts lors des européennes, puis de l’extrême droite lors de scrutins régionaux dans l’ex-RDA. Elle est au plus bas dans les sondages de popularité.

Lors du congrès, la chancelière lui a néanmoins discrètement apporté son soutien, en engageant chacun à se reconnaître dans la nécessité de “diriger ensemble”.

Signe des tensions au sein du parti, six motions réclamant l’organisation de primaires pour désigner le candidat à la chancellerie lors des prochaines élections ont été déposées.

Il s’agit d’un tabou à la CDU, où cette question a toujours été réglée entre son plus haut dirigeant et celui de son allié bavarois, la CSU. Et d’un affront pour AKK, qui en tant que présidente peut logiquement prétendre à la chancellerie.

AKK a aussi perdu en crédibilité après plusieurs dérapages, parmi lesquels une attaque contre la liberté d’expression sur internet.

Pour beaucoup en interne, la solution passe par un état des lieux sans état d’âmes avec le gouvernement actuel de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates, très impopulaire.

– Rival en embuscade –

C’est en tous les cas le calcul de Friedrich Merz, avocat de 64 ans et vieil ennemi de la chancelière. Il fut battu de justesse il y a un an par AKK pour la présidence du parti mais n’a pas renoncé à ses ambitions et attend son heure.

Ce partisan d’un net virage à droite, pour récupérer les électeurs conservateurs votant désormais pour l’extrême droite, a jugé récemment “nullissime” l’image donnée par l’exécutif et reproché à Angela Merkel un “leadership défaillant”.

Friedrich Merz, considéré dans les sondages comme le meilleur candidat conservateur à la chancellerie, doit prononcer un discours plus tard dans la journée.

Il a assuré ne pas fomenter de putsch contre la présidente, élue pour deux ans et qui souhaite régler la question l’an prochain.

Dans ce contexte, une fin prématurée du gouvernement actuel de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates paraît aujourd’hui improbable.

Car ni les conservateurs(CDU et CSU) ni le SPD en pleine crise n’ont intérêt à des élections anticipées qui les sanctionneraient, au vu des sondages, de nouveau au profit de l’extrême droite et des Verts.

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