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Allemagne: le chef des libéraux cloué au pilori pour son jeu risqué

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Allemagne: le chef des libéraux cloué au pilori pour son jeu risqué

Calcul politicien et dérive droitière: l?opprobre s’est abattu lundi sur le chef des libéraux allemands pour avoir fait échouer la formation d’un gouvernement, plongeant le pays, en pleine recomposition politique, dans une période d’incertitude.

Le jeune et photogénique Christian Lindner, 38 ans, “a infligé un camouflet aux partis de l’Union et aux Verts avec son retrait brutal” des négociations, déplore le quotidien Der Spiegel.

“On n’est pas loin de penser qu’il n’a jamais sérieusement voulu d’un gouvernement”, ajoute le magazine.

Dans la nuit de dimanche à lundi, celui que les médias présentaient déjà comme un possible futur ministre des Finances et vice-chancelier d’un quatrième gouvernement Merkel, était apparu devant la presse, seul, pour mettre un terme au suspense.

“Mieux vaut ne pas gouverner que de mal gouverner”, a-t-il lancé, mettant en avant une profonde incompatibilité avec les écologistes.

Depuis un mois, conservateurs d’Angela Merkel, libéraux et Verts tentaient, faute d’alternative, de trouver un terrain d’entente pour former une alliance gouvernementale hétéroclite et inédite dans la première économie européenne.

Les sociaux-démocrates, qui ont essuyé leur plus mauvais score aux élections législatives du 24 septembre, ont jusqu’ici exclu de gouverner de nouveau avec Angela Merkel, sortie victorieuse mais affaiblie du scrutin.

Et personne ne veut travailler avec l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD).

– ‘Irresponsable’ –

Depuis le début, Christian Lindner a paru aller à reculons dans les négociations de coalition, répétant ne pas craindre des élections anticipées.

Qu’il choisisse la rupture a néanmoins suscité un choc dans un pays où la recherche du consensus est viscéralement ancrée dans la culture politique.

“Les Libéraux jouent là un jeu risqué”, s’ils pensent atteindre un meilleur score lors de nouvelles élections qui leur permettraient de gouverner avec les seuls conservateurs, estime le journal populaire Bild.

Au contraire, les électeurs risquent d’exprimer “leur colère justifiée” en sanctionnant lourdement les partis établis. C’est surtout l’AfD qui est susceptible d’en profiter, après avoir obtenu près de 13% des voix au scrutin de septembre.

Pour Heiko Maas, ministre de la Justice social-démocrate, les libéraux ont fait montre d’un “égoïsme de parti qui porte atteinte à notre démocratie”.

Le FDP a aiguisé son profil ces dernières années. Il n’est plus ce parti charnière et modéré, “faiseur de coalition”, qui a donné à l’Allemagne l’un de ses chefs de la diplomatie les plus réputés, Hans Dietrich Genscher. Depuis la création de la RFA en 1949, cette formation avait été, à l’exception d’une vingtaine d’années, de toutes les coalitions du pays. La dernière entre 2009 et 2013, déjà sous Angela Merkel.

– Le regard vers l’Autriche –

Son expulsion du Bundestag après les élections de 2013 a complètement changé la donne. Il s’est transformé d’un mouvement autrefois centriste et pro-européen en une formation penchant désormais clairement à droite, souvent eurosceptique, chassant sur les terre de l’AfD en matière d’immigration. Ce qui lui a électoralement réussi puisqu’il a fait un spectaculaire retour au Bundestag en septembre.

Un des dirigeants de l’extrême droite, Alexander Gauland, a reconnu cette proximité avec le FDP sur certains sujets. Mais “nous sommes les originaux”, a-t-il ajouté.

Les Libéraux ont aussi profité du déplacement vers le centre du parti conservateur CDU sous la houlette d’Angela Merkel pour le déborder sur sa droite, dans un espace politique redevenu libre.

“Peut-être que Lindner pense avoir ainsi beaucoup de succès, comme un Sébastien Kurz en Autriche”, juge le quotidien Süddeutsche Zeitung. Le chef des libéraux a “un peu trop regardé vers l’Autriche ces derniers temps”, a également estimé le co-dirigeant des Verts Cem Özdemir.

Le jeune leader conservateur autrichien, appelé à devenir le prochain chancelier, a récemment remporté les législatives en radicalisant son programme et en adoptant plusieurs thèmes du parti d’extrême-droite FPÖ avec qui il va former un gouvernement de coalition.

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