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Allemagne: marche contre l’extrême droite à Dresde avant des élections clés

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Allemagne: marche contre l’extrême droite à Dresde avant des élections clés

Des milliers de militants de la société civile doivent protester contre le racisme samedi à Dresde, en Saxe, bastion de l’extrême droite allemande, à une semaine d’élections très attendues dans cette région d’ex-RDA.

Sous le mot d’ordre “Solidarité au lieu de rejet: pour une société ouverte et libre”, un grand melting-pot de manifestants de tous bords, ONG, artistes, syndicalistes, responsables politiques unis dans l’alliance #Unteilbar (indivisible en français) va défiler à partir de 12h00 GMT au coeur de cette ville baroque, l’une des plus touristiques de l’est.

Les organisateurs attendent au moins 10.000 participants pour la manifestation qui doit marquer l’apogée d’une série d’actions contre le racisme et l’exclusion véhiculés selon eux par l’extrême droite.

Le contexte est tendu, alors que les sondages prévoient un nouveau succès électoral pour le parti anti-migrants Alternative pour l’Allemagne (AfD) aux scrutins du 1er septembre, en Saxe et dans le Land voisin du Brandebourg.

Selon les dernières enquêtes, il pointe en deuxième position dans son bastion saxon, derrière les conservateurs d’Angela Merkel au pouvoir dans ce Land depuis 1990. Mais avec un score autour de 24%, plus que doublé par rapport à 2014 quand il a fait son entrée au Parlement régional.

En parallèle à la manifestation de Dresde, le président du parti, Alexander Gauland, doit s’exprimer le même jour à Chemnitz lors de la principale réunion électorale de son parti avant le scrutin.

Dans le Brandebourg, l’AfD fait jeu égal avec les sociaux-démocrates, au pouvoir eux aussi depuis la réunification.

Une victoire dans l’une ou l’autre région serait une première pour ce parti, né en 2013.

– “L’heure de vérité” –

Ces élections, auxquelles s’ajoutera celle de Thuringe fin octobre, seront “l’heure de vérité pour la démocratie”, estiment les organisateurs, brandissant le spectre d’une participation de l’AfD à un gouvernement régional, qui devra être formé par une coalition.

Cette perspective est rejetée toutefois catégoriquement par tous les autres partis.

A Dresde, berceau du mouvement islamophobe Pegida, “nous voulons montrer qu’il y a plus de gens du côté de la solidarité que du côté de la haine”, lancent les organisateurs.

En octobre 2018, le collectif #Unteilbar avait fait sensation en rassemblant près d’un quart de million de personnes à Berlin pour défendre une société solidaire, quelques mois après les dérapages xénophobes consécutifs au meurtre présumé d’un Allemand par des migrants à Chemnitz, là aussi en Saxe.

Entrée à la chambre des députés après les élections législatives de 2017, l’AfD a bâti son succès en surfant sur les inquiétudes des Allemands après l’afflux de plus d’un million de réfugiés venant essentiellement de Syrie ou d’Afghanistan en 2015 et 2016.

Depuis, le moindre fait divers impliquant un migrant est prétexte à critiquer la politique migratoire d’Angela Merkel.

– Casse-tête –

Sa rhétorique passe particulièrement bien dans l’ex-RDA communiste, délaissée par une grande partie de sa jeunesse et économiquement plus pauvre.

Dans certains endroits de Saxe, comme dans la Suisse saxonne, un paradis des randonneurs où pourtant les étrangers sont essentiellement des touristes, plus de 35% des électeurs ont plébiscité ce parti.

Une victoire de l’AfD est susceptible d’échauder les investisseurs, mettant en péril son expansion économique en cours, a récemment estimé le chef du gouvernement de Saxe Michael Kretschmer.

Au niveau régional, un vrai casse-tête s’annonce en tous les cas pour la formation des coalitions gouvernementales, d’autant plus que la vague verte semble aussi atteindre l’est: le parti écologiste, traditionnellement faible, est crédité d’un résultat autour de 10%.

La nouvelle claque électorale qui menace les partis au pouvoir, après celle des élections européennes en mai, risque aussi de fragiliser un peu plus la grande coalition de la chancelière, qui gouverne avec un SPD en pleine déroute et au sein duquel les appels à quitter le gouvernement se multiplient.