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Andy Warhol: les secrets du roi du pop art racontés en BD

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Andy Warhol: les secrets du roi du pop art racontés en BD

Qui était Andy Warhol? Pour répondre à cette question, l’artiste hollandais Typex a travaillé cinq ans sur Andy, un conte de faits, une biographie dessinée du pape du pop art sortie mi-octobre simultanément dans cinq langues.

Pour raconter la vie d’Andy Warhol en BD, Typex a divisé son récit en dix parties, toutes illustrées dans un style graphique différent et caractéristique de l’époque où se déroule l’intrigue. Pour s’en imprégner, il s’est rendu en Amérique, sur les lieux foulés par Andy Warhol. Si à New York, les lieux n’existent plus, Pittsburgh, où il est né, n’a pas changé. Pendant la préparation de son album, Typex a aussi pu rencontrer le neveu d’Andy Warhol, âgé aujourd’hui d’une cinquantaine d’années:

“Il était très fier et parlait de lui d’une manière très tendre. Andy est souvent présenté comme un être froid, un profiteur. Quand j’ai interrogé son neveu là-dessus, il m’a répondu les larmes aux yeux: ‘Mon Oncle Andy est un homme bon’. Cette rencontre a un peu changé mon point de vue sur Andy: il compte encore beaucoup pour ces gens.”

Dans sa BD, pourtant, Typex évoque les rencontres souvent ratées de Warhol avec les grands artistes de son temps: David Bowie, Bob Dylan, le Velvet Underground. Il retrace aussi avec détails un des moments les plus marquants de sa vie: sa tentative d’assassinat en 1968 par la militante féministe Valerie Solanas. Autant d’événements que Typex reconstitue et commente aujourd’hui pour BFMTV.com.

Marilyn Monroe

Marilyn Monroe

“Chaque page du livre est divisée en une ou neuf cases, car Andy adore travailler sur les répétitions. Comme c’est un gros livre, ça permet aussi au lecteur de trouver un rythme régulier, même si le style varie. Cette page parle de la période pop art, celle où il rencontre le plus grand succès. On est dans les années 1960, il y a cette explosion de couleurs. Il y en avait partout à cette époque. Je raconte ici comme il a créé cette fameuse image de Marilyn Monroe. Il n’a pas utilisé de pinceau. C’est très anonyme. Il le fait avec une autre personne, mais s’il s’en va, l’autre peut continuer sans lui. Andy a détruit l’idée un peu romantique de l’artiste seul dans son studio, qui tire le diable par la queue, peint sur ses habits.”

Dylan et Warhol

Bob Dylan

“Je ne sais pas si cette scène a vraiment existé, mais elle aurait pu se dérouler de cette manière. Dylan était alors un connard arrogant. Andy n’était pas bien traité à cette époque. Ils étaient sans doute les personnalités les plus importantes de la pop culture à ce moment. Aucun des deux n’allait se prosterner devant l’autre. Dylan accepte donc de poser pour Andy, mais il refuse de faire plus. Et il décide de lui voler une toile. C’est très enfantin. Je sais que Dylan n’est pas très grand dans la réalité, mais j’ai décidé de le dessiner très grand, car c’est ainsi qu’il se voyait. Dans mon livre, ils se rencontrent à trois reprises: dans une autre scène, Dylan pique à Andy sa copine Edie Sedgwick. À la fin, c’est l’inverse qui se produit: Dylan se rend compte qu’il s’est débarrassé de la toile qu’il avait piquée à Andy et que celle-ci coûte désormais des millions.”

Le Velvet Underground

Le Velvet Underground

“J’ai été influencé dans cette séquence par le style de l’artiste belge Guy Peelleart, qui a notamment dessiné en 1966 Les Aventures de Jodelle. Peeleart est plus pop art que le pop art! C’est un style très amusant à dessiner. Le Velvet Undergound est un groupe punk dans une époque hippie. C’est un contraste intéressant: l’histoire est racontée avec ce style très coloré, on voit des hippies, ils sont joyeux, ils prennent de la drogue, et il y a le Velvet, dont les membres sont très sombres, très durs. Ils sont toujours dessinés en noir et blanc – ainsi ils ressortent.

Je n’ai utilisé la couleur pour eux que dans cette page, qui évoque cette chanson d’amour, qui révèle un côté doux du Velvet. Leur relation avec Andy était étrange, mais le groupe n’aurait jamais existé sans lui. Ils n’auraient par exemple jamais choisi [la chanteuse] Nico, qui leur a été imposé par Andy. La couverture avec la banane, les concerts multimédias… Ce contraste avec la musique sombre du Velvet a créé la magie. Certains disent qu’il n’a rien fait. S’il ne les a pas vraiment produits, mais les a coachés. Il les a encouragés.”

Andy Warhol

La tentative d’assassinat

“C’est le moment où l’euphorie des année 1960 laisse place à l’amertume. En 1968, la guerre du Vietnam bat son plein, Martin Luther King et Robert Kennedy sont assassinés. Les hippies se dirigent vers l’héroïne et deviennent des junkies. C’est rapidement devenu sinistre. A la Factory, l’atmosphère changeait aussi. La militante féministe Valerie Solanas a tenté d’assassiner Andy. Cette scène est donc en noir et blanc, mais avec une couleur en plus: le rouge, comme les pamphlets de ces groupes radicaux qui n’avaient qu’une seule couleur.

Le style graphique est plus dur, plus proche de la scène Underground. Il y a quelques scènes amusantes dans cette histoire, mais l’ambiance est surtout inquiétante. On sent que quelque chose de tragique se trame. Valerie Solanas voulait tuer quelqu’un ce jour-là, mais elle n’avait pas de véritable plan. J’ai lu qu’elle voulait s’en prendre à son éditeur, mais comme il n’était pas chez lui, elle s’est rendue chez Andy pour le tuer. Elle a fait un bon boulot: elle a touché ses cinq organes vitaux et il a été déclaré mort… Il a porté des séquelles de cet drame toute sa vie.”

Quand Bowie rencontre Warhol

David Bowie

“Il y a un film d’Andy qui raconte cette rencontre. David était un grand fan du Velvet – il a produit plus tard Transformers de Lou Reed, son plus grand succès. David était peut-être un peu trop fan. Ils ne se sont pas très bien entendus avec Andy. À la fin de leur rencontre, il a voulu interpréter la chanson qu’il a écrite sur Andy. Et avant de chanter, il a commencé par une pantomime. C’était la pire décision de sa vie. Andy était très sensible et n’a pas aimé non plus les paroles. Bowie joue Andy dans Basquiat. J’ai beaucoup rigolé en voyant ce film. C’est juste David Bowie avec une perruque! Personne ne se dit en le regardant que c’est Andy Warhol!”

Wahrol

Warhol et le fitness

“La vie d’Andy est ponctuée d’événements tragiques. J’ai donc injecté beaucoup d’humour dans le récit. Je savais qu’il était obsédé dans les années 1980 par sa santé – comme tout le monde à cette époque. Il faisait du fitness. Je l’ai donc imaginé avec cette tenue, son bandeau, en train de s’étirer sur Physical d’Olivia Newton-John. À cette époque, Andy était proche de Basquiat. Il se sentait responsable de lui. On a souvent accusé Andy de profiter et d’abuser des gens qui l’entouraient, mais il a vraiment pris soin de Basquiat. Il s’inquiétait beaucoup de lui. C’était plus une relation paternelle qu’érotique.”

Andy, un conte de faits, Typex, Casterman, 562 pages, 35 euros.

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