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Après avoir fui leur pays, une centaine d’Afghans arrivent à Strasbourg

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Après avoir fui leur pays, une centaine d’Afghans arrivent à Strasbourg
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Ils ont tout abandonné derrière eux et se retrouvent en France, avec, au mieux, une valise. Une centaine de réfugiés afghans sont arrivés jeudi à Strasbourg où il sont désormais hébergés dans un hôtel.

Peu après 15H00, la pluie avait cédé la place au soleil quand est arrivé un premier autocar avec cinquante personnes à bord, essentiellement des femmes et des enfants, devant le vaste hôtel Mercure réquisitionné par l’Etat pour un mois.

Dès l’arrêt du bus, un petit garçon en a bondi avant d’être promptement ramené à l’intérieur de l’hôtel, à l’instar des autres réfugiés, tenus à distance des micros et des caméras.

Deux autres cars, partis de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle où les réfugiés avaient atterri dans la nuit en provenance d’Abou Dhabi, ont rejoint Strasbourg en fin d’après-midi, avec soixante autres réfugiés à leur bord au total.

Il s’agit “principalement de familles, plutôt des personnes nées entre 1980 et 2000, peu de personnes de plus de 50 ans et beaucoup d’enfants en bas âge”, a indiqué Arnaud Fritsch, directeur général de l’association d’aide aux réfugiés Foyer Notre Dame, mandatée par la préfecture pour les prendre en charge.

– Dispositif temporaire –

La préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier avait annoncé mercredi que Strasbourg allait accueillir 150 Afghans sur les quelque 2.000 évacués d’Afghanistan vers la France après la prise du pouvoir par les talibans à Kaboul.

La capitale alsacienne en reçoit donc 110 finalement, quarante autres ayant décliné la prise en charge par l’Etat à leur arrivée à Paris, bénéficiant d’autres possibilités d’hébergement, selon M. Fritsch.

Si ce dispositif est financé par l’Etat, la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, avait affirmé à la mi-août que la ville était prête à accueillir des réfugiés afghans. Elle a précisé mercredi qu’un accompagnement serait proposé à ceux qui souhaiteraient s’installer dans la ville.

L’extrême droite a protesté contre cet accueil, l’élu RN régional, Laurent Jacobelli, estimant que “la protection des Français doit passer avant”, tandis qu’un tag raciste, hostile aux réfugiés à la préfète et à la maire, a été découvert jeudi matin dans le village d’Ohnenheim, à une soixantaine de kilomètres au sud de Strasbourg, selon les Dernières Nouvelles d’Alsace.

– Stressés et épuisés –

Pour l’heure, “on est vraiment sur un dispositif d’accueil d’urgence, temporaire et transitoire”, a indiqué Arnaud Fritsch. Un visa de quinze jours a été accordé aux réfugiés, le temps d’entamer d’éventuelles démarches de demande d’asile.

Devant l’hôtel Mercure, fermé depuis le premier confinement et proche du parc des expositions de Strasbourg, se sont succédées dans la matinée des livraisons de boissons, de produits hygiéniques et de matériel.

“Ici, ce sont de bonnes conditions, l’hôtel est confortable”, a estimé Philippe Breton, vice-président de la Croix-Rouge du Bas-Rhin qui a fourni des stocks de jouets et de vêtements et a monté une nurserie dans l’établissement.

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“Ils sont venus avec très peu de choses donc ils ont besoin de reconstituer un minimum d’environnement confortable”, a-t-il relevé.

Selon Arnaud Fritsch, les réfugiés ont “emporté au mieux un bagage par personne, au pire rien du tout”, seuls quelques sacs à dos et petites valises étant effectivement récupérés dans la soute du car.

Après avoir subi des tests Covid-19, les réfugiés doivent désormais observer une quarantaine de dix jours à l’hôtel.

Un diagnostic de leurs besoins médico-psychologiques sera également établi.

Ayant voyagé de Kaboul à Abou Dhabi à bord d’avions militaires dénués de sièges, puis jusqu’à Roissy-Charles-de-Gaulle, “ces réfugiés ont été soumis à un stress intense, ils vont être épuisés”, a souligné le Dr Dominique Mastelli, médecin psychiatre et responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique du Bas-Rhin et du Grand Est.

Dans cette population “qui a été malmenée (…) il peut y avoir une réaction immédiate où les gens craquent, mais il y a surtout des réactions psychologiques qui peuvent apparaître quand la pression retombe”, a expliqué le médecin.

“Il y a besoin de les rassurer dans ce sas d’accueil”, a insisté Philippe Breton de la Croix-Rouge.