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Après deux ans de froid, Macron veut un “tournant” avec la Pologne

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Après deux ans de froid, Macron veut un “tournant” avec la Pologne

Pour sa première visite officielle à Varsovie, Emmanuel Macron a souhaité lundi amorcer un “tournant” dans les relations avec la Pologne, après deux ans d’antagonisme sur le climat, l’Etat de droit ou la politique migratoire.

Visiblement désireux de trouver un nouvel allié dans l’Europe post-Brexit, en particulier sur la défense, le président français s’est montré très conciliant envers un pays qu’il avait jusqu’ici souvent critiqué.

Et qu’il a voulu rassurer sur son pari d’un rapprochement avec Vladimir Poutine, en lançant : “la France “n’est pas devenue pro-russe”.

“Je souhaite que cette visite marque un véritable tournant dans le rôle qu’ensemble nous pouvons jouer pour l’Europe de demain”, a-t-il dit, aux côtés de son homologue polonais Andrzej Duda.

M. Duda s’est également félicité d’une “percée”, illustrée par la signature du programme du “partenariat stratégique” franco-polonais.

Après le Brexit, “l’UE devrait en quelque sorte épouser une nouvelle forme (…) avec une nouvelle distribution de cartes et une nouvelle ouverture. Les différents rôles au sein de l’UE devront être reconfigurés”, a averti le président polonais.

– Le défi climatique –

Alors qu’il avait accusé Varsovie de “bloquer” l’agenda européen pour une neutralité carbone en 2050, le président français a dit vouloir coopérer avec Varsovie pour l’aider à “relever le défi climatique et accompagner la Pologne qui a devant elle un défi que je ne sous-estime pas”, allusion à la dépendance polonaise au charbon.

Il a surtout souhaité que la France et la Pologne développent leur coopération dans l’énergie et la défense, notamment dans le char européen du futur.

Les deux pays ont des relations tendues depuis l’arrivée au pouvoir en 2015 du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS).

Depuis son élection, Emmanuel Macron a aussi critiqué Varsovie pour ses réformes controversées de la justice — encore durcies par une loi du 23 janvier et destinée, selon l’opposition, à punir les juges récalcitrants.

Emmanuel Macron a expliqué lundi avoir “évoqué” le sujet avec M. Duda mais s’est borné à souhaiter que “le dialogue avec la Commission européenne s’intensifie”, affirmant qu'”en Pologne sont ancrées les valeurs de liberté et justice”.

Il a tenté de répondre aux inquiétudes des Polonais sur son rapprochement avec Moscou et ses critiques de l’Otan, autant de “malentendus ou mauvaise compréhension” selon lui.

“La France est totalement engagée au sein de l’Alliance atlantique et pour la sécurité de son flanc est” à laquelle participent “4.000 soldats français”, a-t-il insisté.

“Je serai heureux le jour où les Polonais et Polonaises se diront, +le jour où je suis attaqué je sais que l’Europe me protège+. Ce jour-là le sentiment européen sera indestructible”, a-t-il déclaré.

– “Ni prorusse ni antirusse” –

“La France n’est ni prorusse ni antirusse, elle est proeuropéenne”, a-t-il poursuivi, avant de prôner un “dialogue politique exigeant” avec la Russie.

Par ailleurs, il a souhaité tenir dans les prochains mois un sommet franco-germano-polonais du “triangle de Weimar”, un format laissé à l’abandon ces dernières années.

Avec le départ du Royaume-Uni, la Pologne renforce son poids dans l’UE en devenant le cinquième pays par la population et le sixième par le PIB.

Pour préparer cette opération séduction, l’Elysée a martelé la semaine dernière que “sur aucun grand sujet européen on ne peut avancer sans la Pologne”.

France et Pologne se retrouvent aussi alliées pour demander le maintien des importants financements de la Politique agricole commune (PAC) dans le nouveau budget européen pour 2021-2027, dont les négociations viennent de commencer.

“Après une période d’enthousiasme et d’optimisme pour la politique européenne d’Emmanuel Macron, le temps du réalisme est venu”, notamment dans le contexte du Brexit et d’un certain repli de l’Allemagne, résume le politologue Alexander Smolar, “d’où l’idée d’ententes moins profondes mais plus rapides”.

Paris espère aussi mettre en avant ses industriels dans la défense et le nucléaire. Pour réduire ses émissions, la Pologne, pays encore très largement dépendant du charbon, aura besoin du nucléaire, estime Paris.

Emmanuel Macron devait évoquer ces questions avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qu’il rencontrait lundi après-midi.

Mardi, il se rendra à Cracovie, l’ancienne capitale royale de la Pologne, et “s’adressera à la jeunesse polonaise” lors d’une conférence avec les étudiants de l’université Jagellonne, pour “lancer un appel à l’engagement européen”.

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