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Après la Coupe du monde, les clubs amateurs se préparent à une marée d’inscriptions

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Après la Coupe du monde, les clubs amateurs se préparent à une marée d’inscriptions

C’était une belle journée à prolonger la fête et à célébrer son héros. Mercredi, le Nordiste Benjamin Pavard était de retour à Jeumont, sa ville, pour y recevoir l’hommage vibrant de la population, quelques jours après avoir remporté la Coupe du monde avec l’équipe de France. Combien d’enfants, dans la foule, se sont décidés à prendre une licence dans le club local, après avoir vu la splendide demi-volée du défenseur des Bleus contre l’Argentine, en 8e de finale?

“Pour le moment, on est sur 20% ou 30% de licenciés en plus, et c’est surtout chez les jeunes, répond Hamza Farchich, président de l’US Jeumont. Pourtant, habituellement, on n’a pas de demande au mois de juillet. Donc je pense que cet effet Coupe du monde, on le ressentira encore plus en septembre. On avait plus de 200 licenciés l’année dernière, on devrait atteindre les 300, au moins”.

Comme il y a 20 ans, le nombre d’inscriptions dans les clubs amateurs devraient logiquement augmenter dans le sillage de l’effet Coupe du monde. Le nombre total de licenciés, tombé sous les deux millions après le désastre de Knysna en 2010, est petit à petit remonté pour atteindre un chiffre proche de 2,2 millions au 30 juin 2017, soit sensiblement la même chose qu’au moment de la période dorée 1998-2000. Le triomphe de l’équipe de Didier Deschamps devrait en toute logique permettre au foot de creuser l’écart avec le tennis, l’équitation, le judo et le basket. Avec quels moyens? C’est tout le dilemme de ces petits clubs, même quand un champion du monde est passé par chez eux.

Chez Florian Thauvin, “on ne pourra pas absorber une augmentation importante”

C’est le cas à Ingré dans le Loiret, qui a vu passer le Marseillais Florian Thauvin. Pour fêter le titre, certains enfants du club se sont même rendus à l’Elysée lundi soir en compagnie du président du club, Stéphane Chambrin.

“Cela va forcément demander des moyens humains et financiers. Bien entendu qu’il faudrait pouvoir accueillir toutes ces nouvelles demandes, mais il faut continuer à assurer la formation, la sécurité, le lien social, prévient le dirigeant. On ne pourra pas absorber une augmentation importante. Aujourd’hui, on peut accueillir une vingtaine d’enfants en plus sur l’école de foot, mais on n’ira jamais au-dessus. On est complet. Il y aura des déçus. Ce sera notre devoir de leur expliquer”.

Des déçus, Cédric Lemaire s’attend aussi à en rencontrer. Lui est à la tête de l’AS Hellemmes, dans la métropole lilloise, le club qui a vu passer Raphaël Varane. “Je pense qu’on pourrait potentiellement doubler le nombre d’inscrits dans notre école de foot. En 1998, on a refusé énormément de monde. Parce que la politique du club, ce n’est pas de prendre 350 gamins en école de foot pour n’en faire jouer que 75 le week-end. Vous imaginez payer le même prix pour la licence de votre enfant, mais il ne jouerait qu’un week-end toutes les 18 semaines? Donc l’enfant aura vécu toutes ses vacances dans l’euphorie de la Coupe du monde, et puis vous allez lui dire non. Certains vont pleurer. Les parents, j’espère qu’ils vont le comprendre aussi”.

Chez Raphaël Varane, “le monde de l’amateurisme n’est plus comme il y a 20 ans”

Chez lui, Cédric Lemaire a tenté d’anticiper la vague “dès la fin de la finale, qu’on regardait ensemble à la buvette du club”. Déjà, il imagine déployer les activités de son école de foot le mercredi matin, puisque sa commune a décidé de rebasculer sur la semaine de quatre jours à l’école. Mais ça ne se fera pas en un claquement de doigts, dans un contexte financier tendu, où “quand vous faites les bilans en fin d’année, ce n’est pas jojo”. Pour absorber la demande, il faudra d’abord recruter des éducateurs.

“Mais même si c’est un bénévole, il y a un petit défraiement à donner. Le monde de l’amateurisme n’est plus comme il y a 20 ans. Aujourd’hui, même avec un super projet, à la fin d’un entretien, on vous dit toujours ‘oui mais c’est combien?’. Avant, le petit retraité de la commune donnait un coup de main. On en a encore ici, trois ou quatre. Le petit défraiement kilométrique que je vais donner, ils le laissent à la buvette pour pouvoir consommer avec des amis. Mais ça se perd”.

“Il faut trouver des éducateurs qui ont un minimum d’expérience si on veut bien travailler et ne pas faire de la garderie. On est dans une politique d’éducation et de formation, dans un sport de partage, de plaisir et de communication entre toutes les communautés et toutes les origines”, rappelle Stéphane Chambrin. Pour le dirigeant du FCM Ingré, il n’y a d’ailleurs pas 36 solutions pour soulager les petits clubs comme le sien face à l’afflux qui s’annonce. “La Fifa va donner une dotation de 32,5 millions d’euros à la FFF. Il faut que cette aide puisse être en partie consacrée aux écoles de foot. Ce sera là où on sera le plus sollicité. Ce serait un geste fort”.

Chez Pavard, “on espère recevoir des aides de la FFF”

“On espère recevoir des aides de la FFF. Je pense qu’ils vont recevoir un bon petit chèque. Les clubs amateurs, c’est quand même la base. On est la première pierre de l’édifice. On espère récolter le fruit de nos efforts”, ajoute Hamza Farchich. De fait, les rentrées d’argent des licences ne compenseront pas tout: “Quand on crée une équipe de dix gamins en plus, effectivement ça nous rapporte l’argent des licences. Mais on dépense plus parce qu’il faut racheter des maillots, des ballons, des chasubles, sans parler de l’éducateur”, assure Cédric Lemaire.

D’autant plus dans le contexte de la baisse du nombre de contrats aidés, et alors que les subventions municipales ne sont pas non plus extensibles. Quant au mécénat privé, lui ne devrait pas profiter d’un effet Coupe du monde, à l’inverse des adhésions. “Le boulanger du coin il vous parle de ses charges, et je le comprends très bien. Quant aux grosses boîtes qui ont de l’argent, au lieu de le mettre dans le monde amateur, parce que c’est là où il y en a le plus besoin pour les enfants, elles le mettent dans le haut niveau”, se désole Cédric Lemaire. Mercredi à Jeumont, Hamza Farchich était invité à la mairie pour accueillir son champion du monde, en compagnie de tous les chefs d’entreprises de la commune. “Ils ne donnent qu’à l’athlétisme et ne veulent pas sortir de leurs habitudes. On va essayer de faire le forcing, d’aller chercher des aides à droite et à gauche. Mais Pavard, on ne va pas l’embêter avec ça”.

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