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Après les législatives, le grand chantier des démocrates américains pour la présidentielle

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Après les législatives, le grand chantier des démocrates américains pour la présidentielle

Les pancartes de soutien aux candidats pour les élections de mi-mandat trônent encore dans les jardins à travers les Etats-Unis, mais chez les démocrates, on a déjà tourné le regard vers la présidentielle de 2020.

“Nous allons continuer à nous organiser, à nous mobiliser et à nous battre”, a affirmé le chef du parti démocrate, Tom Perez, à peine minuit passé le soir du scrutin. “Et c’est comme cela que nous allons reprendre le Sénat et la Maison Blanche en 2020”.

Mais le temps presse pour que les potentiels candidats démocrates assoient leurs candidatures face à un omniprésent Donald Trump, qui se représentera en novembre 2020 et bénéficie d’une puissante plateforme présidentielle.

“Attendez-vous à voir de nombreux démocrates déclarer leur candidature”, annonce une stratège démocrate, Dena Grayson, résolument optimiste au lendemain de la victoire en demi-teinte de son parti.

Elle assure à l’AFP que “les démocrates bénéficient d’un grand élan pour 2020”, après avoir pris la Chambre des représentants, plusieurs postes de gouverneurs, et surtout neuf points d’avance sur les républicains dans les sondages nationaux.

Mais dominée pour l’instant par de célèbres septuagénaires, la liste des aspirants potentiels ne respire pas le renouvellement que les électeurs ont appelé de leurs votes le 6 novembre.

L’ancien vice-président Joe Biden sera sur le point de souffler ses 78 bougies en novembre 2020, l’ex-candidat à la présidentielle Bernie Sanders aura 79 ans et la sénatrice Elizabeth Warren 71 ans.

Nouveau visage porté par un immense enthousiasme, le candidat démocrate au Sénat Beto O’Rourke aurait été une option évidente s’il avait transformé l’essai contre Ted Cruz dans le Texas. Mais tout espoir n’est pas perdu pour cet élu quadragénaire de la Chambre des représentants.

“Sa prestation incroyablement solide contre Ted Cruz pourrait potentiellement porter sa candidature”, estime Dena Grayson.

“Le souci, c’est que sa célébrité va diminuer puisqu’il ne sera pas” au Sénat, plateforme de lancement de choix pour la présidentielle, souligne Lara Brown, professeure à l’université George Washington.

Pas forcément un handicap insurmontable, s’amuse le politologue Larry Sabato: “Il existe un autre type qui a perdu son élection au Sénat et a été élu président deux ans plus tard. Un homme appelé Abraham Lincoln”, 16e président des Etats-Unis.

– “Plus impressionnant” que Beto –

D’autres démocrates charismatiques sont pressentis.

Les sénateurs Kamala Harris, 54 ans, et Cory Booker, 49 ans, tous deux Noirs, sont parmi les noms qui circulent avec le plus d?insistance.

Leurs prestations lors de l’audition tendue du candidat conservateur à la Cour suprême, Brett Kavanaugh, n’ont toutefois pas suffi à les installer définitivement en pole position.

La sénatrice de New York Kirsten Gillibrand, 51 ans, apparaît aussi sur la ligne de départ.

Mais pour plusieurs observateurs, les démocrates devraient plutôt regarder du côté des modérés issus du Midwest, cette immense région agricole et industrielle décisive dans la victoire de Donald Trump en 2016.

“Plus impressionnant encore” que le résultat de Beto O’Rourke: “la solide victoire du sénateur Sherrod Brown pour sa réélection dans l’Ohio”, remarque Dena Grayson, qui “le place en excellente position pour lancer une campagne présidentielle”.

Dans ce même Midwest, la sénatrice Amy Klobuchar, 58 ans, a été réélue haut la main dans le Minnesota, qui pourrait devenir en 2020 l’un de ces Etats pivots, qui basculent d’un parti à l’autre avec un impact souvent décisif sur le vainqueur.

Sans autant d’effets de manche que Kamala Harris et Cory Booker, cette petit-fille de mineur centriste, au ton conciliant mais ferme, s’est faite remarquer lors de l’audition de Brett Kavanaugh.

Vient compléter les pronostics, encore largement ouverts, une cohorte d’anciens et actuels élus: le gouverneur Andrew Cuomo, l’ex-gouverneur Deval Patrick, le maire de New York Bill de Blasio, ainsi que d’anciens membres du gouvernement Obama, comme Eric Holder à la Justice…

Et sur le modèle de Donald Trump, des hommes d’affaires milliardaires, comme l’ancien maire de New York Michael Bloomberg et l’investisseur Tom Steyer.

Sans oublier Michael Avenatti, avocat de l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels, abonné aux plateaux de télévision et candidat déclaré.

De quoi friser l’indigestion?

“Il faudra bien six mois au pays pour digérer cette élection et envisager la prochaine”, tempère Lara Brown.