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Après l’ouragan, des milliers de Portoricains “réfugiés” à New York

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Après l’ouragan, des milliers de Portoricains “réfugiés” à New York

Cela fait près d’un mois que Francisco Gonzalez, un Portoricain de 79 ans, sa femme et leurs trois chiens ont débarqué à New York, dans le studio de Manhattan où habite leur fils de 22 ans. Et ils ont beau avoir la nationalité américaine, ils s’y sentent comme des réfugiés étrangers.

Partis au départ pour seulement quelques semaines, ils espèrent maintenant pouvoir rester plusieurs années, car à Porto Rico, la situation est “pire” que juste après l’ouragan, explique M. Gonzalez, venu chercher de l’aide au centre d’accueil pour les victimes d’ouragans qui vient d’ouvrir dans la partie hispanique de Harlem, à New York.

“J’ai l’impression d’être un réfugié”, raconte Francisco Gonzalez.

“Bien qu’en tant que Portoricain je sois Américain, je pense que Porto Rico est un pays à part”, explique cet ancien combattant de l’armée américaine, reconverti pendant 40 ans en agent d’assurances. “Le climat n’est pas le même, le système n’est pas le même, il faut s’habituer à tout, y compris à la nourriture, c’est comme si j’étais parti en Chine”, dit-il.

Francisco Gonzalez et sa femme font partie des dizaines de milliers d’habitants qui ont fui leur île caribéenne pour rejoindre le continent depuis que l’ouragan Maria a ravagé Porto Rico le 20 septembre, détruisant le réseau électrique et de nombreuses infrastructures.

– ‘On ne pouvait plus continuer’ –

La plupart d’entre eux ont choisi les Etats de Floride ou New York, chacun comptant déjà environ un million de Portoricains parmi leurs habitants. Poussés en grande partie par la profonde crise économique frappant l’île depuis dix ans, quelque cinq millions de Portoricains vivaient déjà sur le continent avant l’ouragan, contre 3,4 millions seulement sur l’île.

Face aux difficultés à se déplacer, à se ravitailler ou à trouver de l’eau potable, Francisco et son épouse Marisel, âgée de 58 ans et qui a été opérée de la colonne vertébrale, ont suivi le mouvement et quitté leur localité de Bayamon, à l’ouest de la capitale San Juan, pour rejoindre leur fils, étudiant à l’université de New York. Ils s’entassent pour l’instant tous dans son studio, au mur orné d’un drapeau de Porto Rico.

“Ca a été très difficile. Devoir chercher à manger, faire la queue au supermarché, trouver de l’eau, c’est très difficile pour nous, on ne pouvait plus continuer comme ça, on ne tient pas une heure debout”, explique Francisco Gonzalez.

“De plus les prix ont augmenté: avant un pack de 24 bouteilles d’eau coûtait 14 dollars, maintenant c’est 40. On ne peut pas cuisinier, il n’y a plus de gaz,” ajoute-t-il.

Ils ont vécu des jours sans eau ni électricité. “Très déprimant”, confie-t-il.

Après l’ouragan, “on s’est rendus compte qu’on vivait un mensonge, que le gouvernement était défaillant, qu’on avait un système d?électricité datant des années 40 (…) que nous vivions dans un pays qui n’était pas celui que nous croyions”, déplore, les larmes aux yeux, Marisel, dénonçant un gouvernement local “corrompu”.

– Electeurs potentiels –

Le couple découvre maintenant la réalité de la vie à New York, “très chère”. Ils demandent de l’aide sur tous les fronts: aide au logement, aide médicale pour poursuivre les traitements, pension supplémentaire au titre d’ancien combattant, aide de la sécurité sociale…

Le nouveau centre d’accueil de la ville oriente comme il peut les quelque 65 familles qui s’y présentent quotidiennement depuis 10 jours: coupons d’alimentation, aide au logement, fournitures scolaires, manteaux pour affronter l’hiver new-yorkais sont les demandes les plus fréquentes, selon Johanna Conroy, une responsable du centre.

Si l’administration Trump a été beaucoup critiquée pour avoir tardé à venir en aide à Porto Rico, les responsables de la ville de New York, soucieux de leurs électeurs portoricains, ne ménagent pas leurs efforts pour aider les rescapés.

Ne pouvant pas voter à la présidentielle américaine quand ils habitent sur leur île, les Portoricains ont en revanche droit à une carte d’électeur dès qu’ils s’installent sur le continent.

Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, que certains voient comme candidat à la présidentielle de 2020, s’est déjà rendu deux fois à Porto Rico depuis la catastrophe.

La ville comme l’Etat ont envoyé des tonnes de vivres sur l’île dévastée, dont un million de bouteilles d’eau, de la nourriture pour bébé ainsi que des piles électriques en plus de centaines de policiers et secouristes.

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