L’Aquarius, navire affrété par l’ONG SOS Méditerranée pour secourir les migrants au large des côtes libyennes, refait parler de lui. Vendredi, 141 personnes ont été sauvées et embarquées sur le navire, lequel est actuellement dans l’attente d’un port vers lequel les acheminer. L’Italie et Malte ont à nouveau refusé de le laisser s’amarrer.
Contactée ce lundi par BFMTV, Sophie Beau, directrice de l’organisation, en appelle “à l’ensemble des gouvernements européens pour prendre leur responsabilité”. “Les sauvetages se sont déroulés vendredi sur deux embarcations en détresse qui étaient surchargées, qui était restée pour l’une d’entre elle jusqu’à 35h à dériver en pleine mer, en panne d’essence”, explique-t-elle.
Concernant les passagers, elle déclare qu'”à bord tout va bien pour l’instant” et que “la situation est stable”. Les migrants sont actuellement pris en charge par les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF). Elle s’estime toutefois préoccupée, car “parmi eux, la moitié sont des mineurs, un tiers sont des femmes. Il y a des femmes enceintes, il y a des bébés”.
Quelque part entre Lampedusa et Malte
Interrogée sur la situation du bateau, elle explique qu’il est actuellement “en standby dans les eaux internationales”, dans l’attente de la désignation d’un port vers lequel se diriger.
“Nous en appelons aux différents gouvernements européens, à l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne, pour désigner un port sûr pour débarquer ces personnes”, dit-elle, ajoutant que “dans le droit maritime, un sauvetage n’est accompli qu’une fois les rescapés débarqués dans un port sûr”.
Le sauvetage a été réalisé en coordination avec les garde-côtes libyens, comme conseillé par le Conseil Européen, lesquels n’ont pas pu leur désigner une destination. Sophie Beau estime qu’il est “clair que la Libye ne peut pas être considérée comme un port sûr”, en raison des conditions d’accueil que réserve le pays aux migrants venus d’Afrique. Parqués dans des camps, ces derniers y subissent des “violences” ou des “sévices”.
Quel État pour accueillir l’Aquarius?
Au sujet d’un éventuel accueil en Espagne, la directrice de l’ONG rappelle que “l’Espagne n’est pas le pays le plus proche” et que le droit maritime dispose clairement “que les rescapés doivent être débarqués dans un port sûr le plus proche, et dans des délais raisonnables”.
Elle demande “au gouvernement français, comme aux autres gouvernements, de se coordonner pour trouver une solution rapide et viable, quelle qu’elle soit”. Elle juge ainsi que “le droit maritime est foulé au pieds”, ce qu’elle qualifie d'”inadmissible”.
Lors de son dernier voyage, le navire avait été accueilli par l’Espagne, au terme de plusieurs semaines de négociations et de polémiques en Europe. La France avait finalement accepté d’accueillir certains migrants candidats à l’asile. L’Aquarius avait ensuite passé près d’un mois au port à Marseille pour une escale technique, prolongée par l’incertitude de l’ONG à propos des conditions de sa future mission.