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Arménie: la colère gronde contre l’ex-président nommé Premier ministre

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Arménie: la colère gronde contre l’ex-président nommé Premier ministre

La colère gronde en Arménie contre l’ex-président Serge Sarkissian, élu mardi par le Parlement Premier ministre avec des pouvoirs renforcés, des milliers de manifestants protestant dans la capitale Erevan contre ce qu’ils considèrent comme une tentative de rester au pouvoir “éternellement”.

La candidature de M. Sarkissian, 63 ans, proposée par le Parti républicain au pouvoir, a été soutenue par 77 députés, alors que 17 députés ont voté contre.

“Pour vivre dans une Arménie prospère, dans un pays où la loi règne, il faut que les volcans dormants ne soient pas en éruption. Et les volcans ne sont pas en éruption si on ne les incite pas à le faire”, a déclaré M. Sarkissian devant les députés avant le vote.

Pour leur part, les manifestants, descendus dans la rue dès le matin à l’appel du leader de l’opposition et député Nikol Pachinian, ont défilé à travers le centre de la ville et bloqué l’accès au ministère des Affaires étrangères, au Service des impôts et à la Banque centrale en plein centre de la capitale, secouée depuis cinq jours par un mouvement de protestation, selon une journaliste de l’AFP.

Les protestataires ont promis d’organiser une manifestation de grande ampleur mardi soir.

Selon la police d’Erevan, 14 personnes ont été brièvement interpellées lors des protestations dans la journée.

Des manifestations ont également été organisées mardi dans deux villes du nord du pays, Gioumri et Vanadzor.

– ‘révolution de velours’ –

“Je proclame aujourd’hui le début d’une révolution pacifique de velours en Arménie”, a lancé Nikol Pachinian, en appelant les manifestants réunis sur la place de la France à Erevan à “paralyser le fonctionnement de toutes les agences gouvernementales”.

Lundi, des milliers de manifestants avaient défilé à Erevan, et bloqué les principales rues de la capitale en s’allongeant sur la chaussée.

La manifestation a été suivie par des affrontements avec la police qui ont fait 46 blessés, parmi lesquels M. Pachinian et des policiers, quand les manifestants ont voulu se rendre au Parlement. La police a utilisé des grenades assourdissantes et installé des barbelés pour empêcher le passage des protestataires.

Serge Sarkissian, qui a achevé en mars son second et dernier mandat présidentiel, revient pratiquement au pouvoir dans le pays où le président exerce désormais des fonctions largement protocolaires, le Premier ministre étant doté de pouvoirs renforcés.

“Sarkissian veut rester au pouvoir éternellement”, a assuré à l’AFP le leader du parti d’opposition Héritage, Raffi Hovannissian.

“Ma génération et moi, nous sommes contre Serge Sarkissian et son gouvernement”, a déclaré lundi à l’AFP Irina Davtian, étudiante à l’université d’Erevan, venue manifester avec ses amis.

– ‘rien de bien’ –

“Cela fait 10 ans qu’il est au pouvoir dans notre pays et nous n’avons vu rien de bien”, a-t-elle affirmé.

Pour sa part, le porte-parole du parti au pouvoir et vice-président du Parlement arménien, Edouard Charmazanov, a qualifié lundi ces protestations d'”artificielles”.

“Le peuple a fait son choix lors des élections législatives en votant pour le Parti républicain. Et c’est le droit du parti qui a la majorité d’élire le Premier ministre”, a-t-il indiqué à l’AFP.

Le nouveau président arménien, Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec son prédécesseur, a pour sa part prêté serment la semaine dernière, après avoir été élu par le Parlement début mars.

Ses fonctions sont devenues largement protocolaires depuis la réforme constitutionnelle de 2015 qui a transformé l’Arménie en république parlementaire, où le pouvoir exécutif réel est entre les mains du Premier ministre.

L’opposition affirme que cette réforme avait pour unique but de maintenir au pouvoir Serge Sarkissian, un ancien officier de l’armée qui occupait le poste de président depuis 2008 après avoir déjà été Premier ministre en 2007-2008.

La victoire de M. Sarkissian à la présidentielle de 2008 avait provoqué des affrontements à Erevan entre policiers et partisans du candidat malheureux de l’opposition, qui avaient fait 10 morts.

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