Site icon Pureactu.com

Arménie: la contestation ne faiblit pas malgré l’interpellation du chef de l’opposition

La contestation antigouvernementale ne faiblissait pas lundi en Arménie, ex-république soviétique du Caucase, où des centaines de manifestants, dont de nombreux étudiants, ont défilé dans la capitale Erevan, malgré l’interpellation la veille du chef de l’opposition, Nikol Pachinian.

Les protestations secouent l’Arménie pour le onzième jour consécutif, les manifestants exigeant la démission de l’ancien président Serge Sarkissian, accusé de s’accrocher au pouvoir après avoir été nommé Premier ministre avec des pouvoirs renforcés alors qu’il vient de passer dix ans à la tête de l’Etat.

“Rejoignez-nous!”, “Victoire!”, scandaient lundi les jeunes présents dans le défilé qui ont bloqué brièvement les routes, en brandissant des drapeaux arméniens.

“Serge Sarkissian est un dirigeant qui a une mentalité soviétique. Et le monde d’aujourd’hui exige qu’on manifeste une approche tout à fait nouvelle face aux problèmes”, a déclaré à l’AFP un manifestant, Karen Khatchatrian, étudiant de 23 ans.

Le député et leader de l’opposition Nikol Pachinian a été interpellé, lors d’une manifestation, au moment où il commettait “des actes dangereux pour la société”, selon le Parquet général arménien.

Le parquet n’a toutefois pas précisé où se trouvait actuellement Nikol Pachinian qui bénéficie d’une immunité parlementaire et ne peut être arrêté qu’avec l’accord du Parlement.

Selon la loi, les forces de l’ordre peuvent le garder en détention pendant 72 heures s’il a été interpellé au moment de commettre un délit.

Le président du Parlement arménien, Ara Babloïan, a rencontré dans la nuit Nikol Pachinian et deux autres députés d’opposition interpellés avec lui pour les appeler à “participer à de vraies négociations”, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Arsen Babaïan, sans plus de précisions.

L’avocat de M. Pachinian, Roustam Badassian, a affirmé sur sa page Facebook qu’il ne savait toujours pas où se trouvait son client.

– Appel au dialogue –

Pour sa part, le premier vice-Premier ministre arménien, Karen Karapetian, a annoncé à la télévision publique qu’il allait rencontrer lundi Nikol Pachinian “pour discuter avec lui d’une possibilité de dialogue”, à la veille de la Journée de commémoration du génocide arménien de 1915, mardi, “une journée très importante pour notre peuple”.

Ce sujet sensible empoisonne les relations entre l’Arménie et la Turquie voisine, Erevan estimant qu’il s’agit d’un génocide au cours duquel 1,5 million d’Arméniens ont été tués de manière systématique pendant les dernières années de l’Empire ottoman, alors qu’Ankara refuse de parler de génocide.

Le ministre de la Défense, Viguen Sarkissian, a également appelé lundi les manifestants et les autorités au “dialogue”. “Je ne veux pas qu’un Arménien se batte contre un autre Arménien”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

“L’Arménie reconnaît le droit à manifester librement et garantit que les gens puissent exercer ce droit”, a souligné pour sa part le chef de la diplomatie arménienne, Edouard Nalbandian, devant la presse, tout en appelant les protestataires à “respecter la loi sur les manifestations”.

L’interpellation de M. Pachinian, 42 ans, a été suivie dimanche soir par une grande manifestation de protestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes sur la place de la République, au centre de la capitale, où se trouve le siège du gouvernement et où d’importants effectifs de la police avaient été déployés.

Cette première manifestation organisée en l’absence de M. Pachinian s’est terminée dans le calme. Les manifestants ont cependant réitéré leur volonté de poursuivre les rassemblements jusqu’à ce que Serge Sarkissian démissionne.

– ‘Liberté à Nikol!’ –

“S’ils pensent qu’ils nous feront peur en nous privant de Nikol, ils se trompent fortement”, a assuré à l’AFP Hasmik Pogossian, étudiant de 20 ans, qui défilait lundi à Erevan avec des manifestants scandant “Liberté à Nikol Pachinian!”.

Les manifestants reprochent aussi à M. Sarkissian, 63 ans, un ancien militaire, de n’avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l’économie du pays.

Dimanche, la police arménienne a annoncé avoir “évacué de force” Nikol Pachinian, lors d’une manifestation de l’opposition dispersée à Erevan par les forces de l’ordre qui ont procédé à des centaines d’interpellations.

Cette annonce est intervenue après l’échec d’une tentative de négociations entre M. Pachinian, ancien journaliste et opposant de longue date, et le Premier ministre Serge Sarkissian, réunis dimanche matin devant les caméras de télévision dans un grand hôtel de la capitale arménienne.

© 2018 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.

Exit mobile version