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Arménie : Pachinian célèbre avec ses partisans sa large victoire aux législatives

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Arménie : Pachinian célèbre avec ses partisans sa large victoire aux législatives
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Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a célébré lundi avec des milliers de ses partisans son triomphe aux législatives, prenant une revanche sur ceux qui lui reprochaient l’humiliante défaite militaire contre l’Azerbaïdjan à l’automne.

La foule, dans laquelle se trouvaient beaucoup de familles avec enfants, s’est réunie dans la soirée sur la place centrale d’Erevan, la capitale, scandant “Nikol !” et “Arménie !”.

Déclenchée par la défaite contre Bakou, “la crise politique en Arménie s’est achevée” avec les élections, a déclaré le Premier ministre.

“Le peuple a donné à notre équipe un mandat d’acier pour réaliser la dictature du droit et de la loi”, a-t-il ajouté, annonçant pour “dès demain” des “consultations politiques” avec d’autres forces politiques afin de “bâtir ensemble une nouvelle Arménie”.

Le pari de ce réformateur porté au pouvoir par une révolution pacifique en 2018 semble avoir réussi : il a consolidé son pouvoir à l’issue du scrutin, convoqué alors qu’il était soumis à la pression de ses détracteurs, y compris de ses généraux, après la déroute militaire au Nagorny Karabakh en novembre 2020.

Son parti, Contrat Civil, a obtenu 54% des voix après le dépouillement de tous les bulletins, ce qui lui permettra de former tout seul un nouveau gouvernement et de reconduire M. Pachinian à son poste.

Cet ex-journaliste de 46 ans devrait toutefois continuer à être chahuté par ses opposants.

“Je crains qu’il ne puisse y avoir des protestations” de l’opposition, a avoué à l’AFP Kariné Guevorkian, une manifestante de 42 ans qui soutient M. Pachinian, reflétant une opinion répandue, après que la campagne électorale véhémente a polarisé la société.

Le principal rival de Nikol Pachinian, le bloc Arménie emmené par l’ex-président Robert Kotcharian (21% des voix), a dénoncé des “fraudes”, refusé de reconnaître les résultats des législatives et s’apprête à les contester en justice.

Mais la mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a qualifié les élections de “concurrentielles et bien organisées”, louant une campagne “démocratique” et le dépouillement des bulletins “hautement transparent”.

Pour l’analyste Tim Ash, qui travaille à Londres, la stabilité politique en Arménie semble pourtant “fragile”.

“Je m’inquiéterais de la réaction de l’armée arménienne”, très critique vis-à-vis de la gestion du conflit militaire de 2020 par M. Pachinian, souligne-t-il.

– L’ombre de la guerre –

Ces élections se sont déroulées à l’ombre de la guerre au Nagorny Karabakh, une enclave montagneuse que l’Arménie se dispute depuis des décennies avec le voisin et ennemi juré, l’Azerbaïdjan.

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Les six semaines de combats ont fait plus de 6.500 morts dans les deux camps. L’Arménie a dû céder, à l’aune d’un accord de cessation des hostilités négocié par Moscou, d’importants territoires qu’elle contrôlait depuis une première guerre avec Bakou dans les années 1990.

La défaite a mis à mal la réputation de M. Pachinian, qui jouissait d’une aura de combattant contre les vieilles élites jugées corrompues.

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Qualifié de “traître” par ses détracteurs pour avoir signé le cessez-le-feu, il a été confronté à des manifestations d’ampleur et la rancoeur se fait toujours sentir.

“Avec la guerre que nous avons vécue, les nombreuses victimes”, le Premier ministre “aurait dû démissionner et partir, mais il s’accroche au pouvoir”, a estimé lundi Marine Lenyan, une cantatrice d’opéra de 59 ans.

Président de 1998 à 2008 de cette ex-république soviétique pauvre et montagneuse, Robert Kotcharian a été accusé par le passé de fraudes électorales et est visé par une enquête pour des accusations de corruption. Il est pour de nombreux Arméniens l’incarnation du système honni qu’ils ont chassé en 2018.

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Après les législatives, M. Pachinian doit “mettre en prison” ses prédécesseurs qui “se faisaient bâtir des palais royaux au lieu d’acheter des drones” pour l’armée, a lancé Zarzand Aleksanian, un professeur, drapeau national autour des épaules, arrivé du sud du pays avec son épouse pour célébrer la victoire de son candidat.

Selon l’analyste arméno-américain Richard Guiragosyan, nombre d’électeurs ont ainsi voté pour Pachinian “par antipathie envers Kotcharian”.

Environ 2,6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans. La participation a dépassé 49%.