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Attaque au couteau de Paris : un lien avec le Caucase russe

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Attaque au couteau de Paris : un lien avec le Caucase russe

L’attaque au couteau de samedi à Paris a été commise par un Français né en Tchétchénie, une république musulmane russe du Caucase théâtre de deux guerres dévastatrices qui ont donné naissance à une rébellion islamiste jusque-là peu active dans les pays occidentaux.

Selon les autorités françaises, l’auteur présumé de cette attaque, revendiquée par l’organisation jihadiste Etat islamique (EI), est un “Français né en Tchétchénie” qui figurait depuis 2016 sur le fichier “S” (risque d’atteinte à la “Sûreté de l’Etat”) des services du renseignement.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a réagi en affirmant que “toute la responsabilité” de cette attaque, qui a fait un mort, revenait à la France, où a grandi l’assaillant présumé.

Pour autant, de nombreuses attaques terroristes ont été commises ces dernières années par des Tchétchènes, principalement en Russie où une rébellion islamiste est active dans tout le Caucase du Nord. Cette rébellion a prêté allégeance à l’EI en 2015 et a été une source importante de combattants dans les rangs des groupes jihadistes en Syrie et en Irak.

Parmi les attentats commis à l’étranger, celui de l’aéroport d’Istanbul qui a fait 45 morts en juin 2016, a été organisé par le chef de guerre tchétchène Akhmed Tchataïev, tué au cours d’un accrochage avec les forces spéciales géorgiennes la même année.

En 2013, l’attentat ayant visé le marathon de Boston aux Etats-Unis, qui a fait trois morts et 264 blessés, a été perpétré par deux frères d’origine tchétchène, Djokhar et Tamerlan Tsarnaïev.

Mais si les combattants islamistes tchétchènes sont particulièrement actifs en Russie et en Syrie, ils ne s’en prennent que rarement à des cibles occidentales, explique l’expert français Mathieu Guidère.

“La cible prioritaire des Tchétchènes ce n’est pas les Occidentaux. De ce point de vue là, il y a un petit tournant”, a affirmé M. Guidère à l’AFP, ajoutant que cette nouveauté peut être liée “à leur incapacité aujourd’hui à mener des actions sérieuses contre les Russes en Syrie et en Russie”.

Selon l’expert, la propagande de l’EI est particulièrement active au sein des communautés tchétchènes à l’étranger, où il existe une filière d’envoi de combattants en Syrie.

– ‘Place importante’ –

Selon l’experte française Anne Giudicelli, la directrice de la société de conseil Terrorisc, le profil de l’assaillant présumé de l’attaque de Paris a pu intéresser les recruteurs jihadistes justement par ce qu’il avait des racines tchétchènes.

“La réputation des Tchétchènes, c’est d’être forts, fidèles et violents. Ils ont une place importante dans le jihad d’hier et d’aujourd’hui”, a-t-elle dit à l’AFP.

“Les Tchétchènes en Syrie et en Irak sont globalement des cadres reconnus pour leur efficacité opérationnelle, en général bien formés”, renchérit M. Guidère, ajoutant que ces brigades tentaient notamment de recruter en France.

La Russie des années 2000 avait déjà payé un lourd tribut au moment des attentats perpétrés par des rebelles islamistes dans des métros, des trains, des aéroports ou des prises d’otages qui se sont soldées par des bains de sang comme dans un théâtre de Moscou en octobre 2002 et dans l’école de Beslan en septembre 2004 quand plus de 330 otages, dont 186 enfants, avaient péri.

Cette vague de violences trouvait ses racines dans le Caucase, notamment dans les républiques musulmanes de Tchétchénie et du Daguestan où la rébellion indépendantiste s’est muée progressivement en mouvements islamistes radicaux qui ont parfois prêté allégeance à Al-Qaïda et plus récemment à l’organisation Etat islamique.

Une première guerre s’est déroulée en 1994-1996 en Tchétchénie. La deuxième, déclenché en 1999, a viré dans les années 2000 à la rébellion islamiste et a fait tâche d’huile dans tout le Caucase russe, notamment en Ingouchie et au Daguestan.

Selon les services de sécurité russes, au moins 4.500 Russes se trouvaient en 2017 aux côtés des groupes jihadistes dans le monde et étaient en majorité originaires des républiques du Caucase.

Les autorités tchétchènes tentaient néanmoins dimanche de minimiser le lien entre l’instable Tchétchénie et l’attaque de Paris.

De tels crimes “ne connaissent pas de nationalité, de religion, de patrie ou de drapeau”, a ainsi déclaré le ministre tchétchène de l’Information Djamboulat Oumarov.

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