Ordonné en novembre 2019 par la Cour de cassation, ce nouveau procès devant la cour d’assises spéciale de Paris porte uniquement sur le quantum de la peine, la culpabilité du Vénézuélien dans l’attaque qui a fait deux morts et 34 blessés en 1974 ayant été définitivement jugée.
La Cour de cassation a estimé que Carlos avait été condamné deux fois pour la même chose car deux incriminations se recoupaient.
Figure du terrorisme “anti-impérialiste” des années 1970-80, Carlos avait été condamné en mars 2017 à la réclusion criminelle à perpétuité pour cet attentat, une peine confirmée en appel un an plus tard.
Cheveux et moustache blanche, élégante veste sombre, le “révolutionnaire professionnel” autoproclamé, aujourd’hui âgé de 71 ans, affiche un large sourire en prenant place dans le box vitré, une sacoche noire à la main, saluant en levant le poing ses quelques soutiens dans la salle.
Le sourire s’efface légèrement quand, invité à décliner son identité, il se plaint d’avoir dû subir la fouille de sa veste à son arrivée au palais de justice, assurant qu’en 27 ans d’incarcération en France – “des vacances forcées”, dira-t-il – “jamais rien d’illégal” n’a été trouvé sur lui.
Puis, il opine quand son avocate Isabelle Coutant Peyre – qui était devenue sa compagne en détention – s’en prend à une “procédure ancestrale”, “de l’archéologie judiciaire”, tout en demandant, en vain, un réexamen plus approfondi des faits.
– “A la prochaine !” –
Pour l’accusation, cet attentat visait à accélérer la remise en liberté d’un Japonais arrêté à Orly, membre de l’Armée rouge japonaise (ARJ), proche d’une branche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) dont Carlos était devenu l’un des bras armés en Europe.
Quarante-sept ans après ce crime qu’il conteste, ce procès est une nouvelle plongée – mais de plus courte durée – dans la jeunesse de Carlos, de son Venezuela natal à son engagement dans des camps en Jordanie puis en Europe, au service du FPLP.
Pour celui qui se déclare toujours au service de la cause palestinienne et revendique avoir “tué 83 personnes, au moins”, il s’agit d’un dernier tour de piste.
A l’expert psychiatre venu déposer comme témoin, il lance pourtant: “A la prochaine !”.
Pointilleux, il reprend le journaliste hongrois à la retraite Laszlo Liszkai, l’un de ses biographes qui le visite toujours en prison, également cité comme témoin, sur certains éléments de son parcours. De temps en temps, il penche sa tête dans l’ouverture du box vitré pour mieux se faire entendre et comprendre.
Carlos conteste. “J’évite les bagarres, je suis amical avec les surveillants, la plupart m’aiment beaucoup. Je suis un vieux monsieur”, dit-il, se présentant comme “prisonnier politique”.
Interrogé sur ses “perspectives”, Ilich Ramirez Sanchez évoque sa volonté de “retourner au Venezuela”, où il est certain de se “(faire) respecter”.
Le “Chacal” purge en France deux condamnations à la prison à vie, pour un triple meurtre en 1975 à Paris et pour quatre attentats à la bombe commis en France en 1982 et 1983 (11 morts et 191 blessés).