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Attentat manqué près de Notre-Dame: 30 ans de réclusion requis en appel contre Inès Madani

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Attentat manqué près de Notre-Dame: 30 ans de réclusion requis en appel contre Inès Madani

Sa “détermination” à faire “un carnage” était “totale” : l’accusation a requis vendredi trente ans de réclusion criminelle contre Inès Madani, jugée en appel devant les assises spéciales de Paris pour un attentat manqué aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame en septembre 2016.

L’avocat général Guillaume Portenseigne a sollicité la confirmation de la peine infligée en octobre 2019 mais demandé qu’elle soit, cette fois, assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

En première instance, la cour d’assises spéciale n’avait pas prononcé de période de sûreté à l’encontre d’Inès Madani, âgée de 19 ans au moment des faits.

C’est “une erreur”, a estimé le représentant du parquet général, insistant sur l’absence, chez l’accusée, de “signes exceptionnels de déradicalisation”.

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, Inès Madani et une autre jihadiste, Ornella Gilligmann, avaient garé une voiture piégée de six bonbonnes de gaz devant la terrasse bondée d’un restaurant près de Notre-Dame de Paris, et essayé de l’incendier avec du gasoil.

Seul ce mauvais choix de ce carburant, difficilement inflammable, a permis d’éviter une explosion meurtrière.

Ornella Gilligmann n’a pas fait appel de sa condamnation à 25 ans de réclusion criminelle, qui est donc définitive.

Pendant toute la procédure, et de nouveau lors des débats devant la cour d’assises spéciale statuant en appel, Ornella Gilligmann et Inès Madani se sont renvoyé la responsabilité et les préparatifs de cette attaque, inspirée par le propagandiste français de l’Etat islamique (EI), Rachid Kassim.

“Il y a des vérités qui nous échapperont. J’ai envie de dire: peu importe”, a lancé l’avocat général.

Les deux femmes voulaient, “dans une co-action”, commettre “un attentat de masse”, qui a été “préparé, prémédité”, a appuyé le magistrat. Cette nuit-là, a-t-il souligné, “l’objectif était évidemment de faucher le plus de vies possible, de faire un carnage”, comme l’a reconnu Inès Madani.

– “Aucune faiblesse” –

Pour l’avocat général, condamner Inès Madani, comme Ornella Gilligmann, à moins ans de trente ans de réclusion criminelle et sans période de sûreté serait “totalement inconcevable”.

Alors que la seconde “s’est arrêtée là” après l’attentat raté aux bonbonnes de gaz, Inès Madani a poursuivi son projet criminel, “mue par sa soif de mort au nom de sa religion”, a pointé M. Portenseigne.

Guidée par Rachid Kassim, elle avait rejoint deux autres femmes jihadistes à Boussy-Saint-Antoine pour préparer une attaque aux cocktails Molotov. Se sachant traquée par la police, Inès Madani avait été interpellée dans cette commune de l’Essonne le 8 septembre 2016 alors qu’elle se dirigeait, un couteau de cuisine à la main, vers un policier. Celui-ci a tiré à quatre reprises sur elle et l’a blessée aux jambes.

L’accusée a affirmé qu’elle a voulu “mourir en martyre”, ce qui n’est pas “objectivé”, selon l’avocat général. Jusqu’au bout, “sa détermination est sans faille et ne faiblira jamais. Il n’y a aucune preuve de faiblesse dans ce dossier”, a-t-il estimé.

Le magistrat a invité la cour à faire “très attention” à la personnalité d’Inès Madani : pour lui, elle n’est pas cette “ado immature” décrite par ses proches, mais une “femme manifestement intelligente, manipulatrice” et totalement imprégnée de l’idéologie de l’EI depuis début 2014.

Dans un autre dossier, Inès Madani avait été condamnée à huit ans d’emprisonnement pour son rôle de recruteuse de jeunes radicalisés, dont beaucoup de femmes. Sur les réseaux sociaux, elle se faisait passer pour un combattant jihadiste, n’hésitant pas à travestir sa voix.

“Arme de recrutement massive de l’Etat islamique” pour l’accusation, Inès Madani avait rencontré par ce biais Ornella Gilligmann, tombée follement amoureuse de ce double masculin.

Pendant ce réquisitoire de deux heures et demi, Inès Madani, veste blanche et cheveux bruns retenus en chignon, a longuement gardé la tête baissée, la posant parfois sur ses bras croisés.

Ses défenseurs auront la parole dans l’après-midi.

L’accusation a par ailleurs requis la peine maximale de cinq ans d’emprisonnement contre Mohamed Lamine Aberouz, rejugé dans un autre volet de l’affaire, pour le délit de non-dénonciation de crime terroriste. Il avait été condamné en première instance à trois ans d’emprisonnement.

Verdict lundi.

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