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Au Chili, la mobilisation reste forte et pèse sur l’économie

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Au Chili, la mobilisation reste forte et pèse sur l’économie

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont une nouvelle fois descendus dans les rues mardi au Chili pour réclamer au gouvernement de profondes réformes sociales, une persistance de la crise sociale qui commence à peser sur l’économie du pays.

Plus de 80.000 personnes ont défilé à la mi-journée dans le centre de Santiago à l’appel de plusieurs organisations sociales, selon des chiffres officiels, tandis que des milliers d’autres se sont réunies en fin d’après-midi sur l’emblématique Plaza Italia.

Des affrontements violents ont une nouvelle fois eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre aux abords de la place, a constaté l’AFP.

Un appel à une “grève générale” dans les secteurs publics avait été lancé par une centaine d’organisations sociales, dont la puissante Centrale unitaire des travailleurs (CUT) et de nombreux syndicats des secteurs de l’éducation, de la santé, des services portuaires et douaniers.

“Il y a beaucoup de mécontentement sur de nombreux sujets (…) l’éducation, la santé, l’exploitation des ressources naturelles. Tout ce qu’a proposé le président (Sebastian Piñera) est insuffisant, c’est une farce !”, a dénoncé Karen Delgado, une manifestante de 29 ans.

De nombreuses écoles sont restées fermées et les cours dans les universités n’ont pas repris depuis l’éclatement de la crise sociale le 18 octobre, déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale.

Des barricades ont été érigées sur plusieurs artères de la capitale, gênant la circulation. Les transports publics ont fonctionné toutefois quasi normalement et aucune perturbation n’a été constatée à l’aéroport international de Santiago.

La mobilisation restait également forte dans le reste du pays, d’Arica à l’extrême nord, jusqu’à Punta Arenas, à l’extrême sud de ce pays de 18 millions d’habitants.

A Concepcion (sud), les manifestants ont incendié le siège du gouvernement régional, tandis que de nombreux commerces ont été pillés à Viña del Mar et à Valparaiso, siège du Parlement qui a suspendu ses activités pour la journée.

– Chute historique du peso –

Conséquence de la persistance de cette vague de contestation sans précédent dans un pays loué jusque-là pour sa stabilité en Amérique latine, la monnaie chilienne a chuté mardi à un plus bas historique (-3,1%), un dollar s’échangeant à 783 pesos à la clôture des marchés.

Le précédent record à la baisse remontait au 10 octobre 2002, 761 pesos étant alors nécessaires pour obtenir un billet vert. La Bourse de Santiago était également en baisse, de 1,57% après avoir chuté de 3,38% à la mi-journée.

“C’est un signe d’inquiétude que nous suivons avec beaucoup d’attention”, a réagi le ministre des Finances, Ignacio Briones. La Banque centrale a indiqué qu’une telle baisse était “attendue dans un contexte de plus grande incertitude” en raison notamment de la persistance de la crise.

Près d’un mois après le début de la fronde sociale, la mobilisation ne faiblit pas malgré plusieurs concessions du gouvernement, impensables encore il y a quelques semaines.

Le président conservateur Sebastian Piñera a notamment accepté une modification de la Constitution, héritée de la période de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), une forte revendication des manifestants.

Il a toutefois refusé de convoquer une Assemblée constituante, préférant évoquer un “Parlement constituant” dont il n’a pas défini les contours. Une proposition qui “s’éloigne de la demande populaire de participer et discuter” de ce projet, ont dénoncé mardi 14 partis d’opposition dans une déclaration commune.

Le gouvernement a également conclu deux accords avec l’opposition sur le budget 2020 et pour une réforme fiscale destinés à financer les mesures sociales annoncées pour tenter d’apaiser la colère sociale.

Mais les syndicats réclament des réformes plus profondes, notamment du système de retraite, totalement privatisé, une hausse du budget de la santé publique et une augmentation du salaire minimum.

Pour tenter de trouver une sortie de crise consensuelle, le chef de l’Etat a également rencontré les ex-présidents de centre-gauche Eduardo Frei (1994-2000) et Ricardo Lagos (2000-2006).

Il s’est aussi entretenu par téléphone avec l’ex-présidente socialiste Michelle Bachelet (2006-2010 et 2014-2018), désormais Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme.

Parmi les secteurs économiques les plus touchés par les conséquences de la crise figurent notamment le commerce et le tourisme. Selon la Chambre de commerce de Santiago, les ventes ont chuté en moyenne de 50% dans la capitale depuis le début de la contestation.

Le gouvernement indique que la baisse du PIB en octobre devrait atteindre 0,5%.

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