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Au procès du 13-Novembre, la lecture du rapport ravive la douleur

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Au procès du 13-Novembre, la lecture du rapport ravive la douleur
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“Dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, trois équipes, chacune composée de trois hommes, attaquaient différents lieux de la région parisienne”… Dans la salle d’audience de la cour d’assises spéciale de Paris le silence s’est fait lourd quand le président a commencé à lire son rapport sur les attentats du 13-Novembre.

Après plus de deux heures à citer la liste des témoins et des experts qui vont se succéder à la barre, la troisième journée du procès des attentats du 13-Novembre devait être essentiellement consacrée à la lecture du rapport résumant la titanesque enquête.

Pour lire son rapport, résumé des 542 tomes du dossier, Jean-Louis Périès a retiré son masque.

D’une voix neutre, le président reprend minute par minute le déroulé des attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de victimes, les plus meurtriers ayant jamais frappé la France.

“21H16, première explosion au Stade de France”, 21H24, première fusillade au Carillon et au Petit Cambodge, 21H26, deuxième fusillade à la Bonne bière, 21H36, fusillade à la Belle équipe, 21H41, explosion au Comptoir Voltaire, 21H47, début de l’attaque au Bataclan, 21H53, troisième explosion au stade de France”.

Il revient un peu plus dans le détail sur chacune de ces attaques, usant des termes cliniques caractéristiques de ces rapports.

“Dès leur arrivée dans la salle de spectacle, les terroristes se mettaient à tirer sur les gens se trouvant dans l’entrée. Ils s’engouffraient ensuite à l’intérieur du Bataclan en continuant à tirer en rafale sur la foule”.

Il conclut le résumé de chaque attaque par le nombre de morts, puis lit un par un les prénoms, noms et âges de chacun d’entre eux.

– Tête baissée –

Dans la salle où les parties civiles sont très nombreuses, on entend quelques sanglots, certains baissent la tête ou se la tiennent entre les mains, d’autres essuient leurs yeux d’un mouchoir.

Debout entre les rangées, des membres de l’association Paris aide aux victimes scrutent les visages, se penchent parfois pour dire un mot de soutien.

La lecture du rapport devait durer environ huit heures et le président être relayé par deux assesseurs.

Dans le box, les accusés écoutent bras croisés sur la poitrine. Certains ont la tête baissée.

Dans son rapport, le président devait également rappeler les charges qui pèsent sur les 20 accusés, dont le seul membre encore en vie des commandos ayant perpétré les attaques, Salah Abdeslam.

Onze hommes, en détention provisoire, comparaissent dans le box de la salle d’audience construite pour l’occasion dans l’historique palais de justice de Paris.

Trois accusés, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres. Les six autres accusés sont jugés en leur absence: cinq sont présumés morts, un dernier est incarcéré en Turquie.

Parmi les 20 accusés, douze encourent la réclusion à perpétuité.

– Attaques coordonnées –

La nuit de terreur du 13 novembre 2015 a débuté à 21H16 aux abords du Stade du France, à Saint-Denis, où se jouait le match de football France-Allemagne. Trois jihadistes y ont déclenché leur ceinture explosive.

Un peu plus tard, au cœur de Paris, d’autres assaillants mitraillent des terrasses de cafés et de restaurants. Un autre commando fait irruption dans la salle de spectacle du Bataclan, avec armes de guerre et ceinture explosive.

Les enquêteurs – jusqu’à 1.000 au début de l’enquête – et les cinq magistrats antiterroristes saisis avaient rapidement établi que les attentats avaient été coordonnés de Belgique. Ils ont aussi identifié leur commanditaire en Syrie: Oussama Atar, un Belge surnommé “Abou Ahmad al-Iraki”, membre important de l’EI, vraisemblablement mort en 2017 dans une frappe de la coalition en zone irako-syrienne.

Quasi mutique durant l’instruction, Salah Abdeslam est le seul accusé à s’être fait remarquer jusqu’à présent en multipliant les provocations.

Il a notamment revendiqué haut et fort son appartenance à l’EI. “J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’État islamique”, a-t-il lancé dès la première audience.

Jeudi, il a lancé une nouvelle diatribe, clamant : “Je ne cautionne pas votre justice”.

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Jean-Louis Périès s’est engagé à faire du procès “historique” et “hors norme” du 13-Novembre, un procès exemplaire, dans “le respect de la norme, des droits de chacun, à commencer par les droits de la défense”.

Le procès est prévu pour durer neuf mois.