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Au Venezuela, la pression monte des deux côtés

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Au Venezuela, la pression monte des deux côtés

Des milliers de partisans de l’opposition vénézuélienne manifestent samedi à travers le pays pour renforcer la pression sur le président socialiste Nicolas Maduro, tandis que le pouvoir en place vient de lever l’immunité parlementaire de Juan Guaido, ouvrant la voie aux poursuites contre l’opposant.

Comme à chaque fois depuis ces dernières années, le pouvoir chaviste, qui n’entend pas laisser le champ libre à ses adversaires, a également fait descendre des milliers de fidèles dans la rue contre l'”impérialisme”.

A Maracaibo (ouest), la deuxième ville du Venezuela, deux députés de l’opposition, Renzo Prieto et Nora Bracho, ont été brièvement arrêtés lors d’une manifestation violemment dispersée par les forces de l’ordre, a expliqué à l’AFP leur collègue parlementaire Elimar Diaz.

“Ils pensent qu’en réprimant (…), en arrêtant deux députés, ils vont arrêter ce qui est inévitable”, a réagi Juan Guaido, reconnu président par intérim par plus de cinquante pays, lors d’un discours devant des milliers de personnes dans l’est de Caracas.

Nous lançons “la montée en pression la plus grande de l’histoire”, avait-il annoncé vendredi soir.

Avec cette mobilisation, l’opposant âgé de 35 ans cherche à donner un nouveau souffle à ce qu’il a baptisé l'”opération liberté”, à travers laquelle il entend marcher sur le palais présidentiel de Miraflores à une date encore non définie pour prendre le pouvoir.

“On est en mode survie, c’est ce à quoi nous oblige cette dictature”, déclare à l’AFP Marcel Rouaix, un étudiant de 22 ans qui porte une pancarte où l’on peut lire “la coupure de courant nous tous”.

La marche de samedi vise aussi à protester contre les coupures de courant à répétition et les problèmes d’approvisionnement d’eau, selon M. Guaido.

Le Venezuela a vécu sa pire panne d’électricité au début du mois de mars. Et depuis une dizaine de jours, des coupures de courant intermittentes plongent le pays dans le noir à intervalles réguliers et créent de graves problèmes de distribution d’eau. Les pompes à eau des habitations et des immeubles, qui fonctionnent à l’électricité, se retrouvent à l’arrêt.

Le président Maduro a appelé la population à faire des réserves d’eau, laissant entendre que le problème allait durer.

Il rend les sanctions américaines responsables des problèmes économiques du Venezuela. M. Guaido estime, lui, que c’est l’incurie du gouvernement et la corruption en son sein qui sont à blâmer.

– Maduro “parie sur l’usure” –

Selon un rapport interne de l’ONU consulté par l’AFP la semaine dernière, sept millions de personnes –près du quart de la population vénézuélienne– ont besoin d’aide humanitaire et manquent de nourriture et de soins médicaux.

Le Conseil de sécurité des Nations unies va d’ailleurs se réunir mercredi à la demande de Washington, et en présence du vice-président américain Mike Pence, pour discuter de la crise humanitaire au Venezuela. Vendredi, les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre 34 navires du groupe pétrolier public vénézuélien PDVSA.

“Ce n’est qu’un premier pas”, a prévenu samedi John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche qui a également mis en garde le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino.

“Tous les yeux sont braqués sur vous. Faites en sorte que les militaires vénézuéliens soient fidèles à la Constitution en protégeant les civils innocents qui manifestent de manière pacifique. Ne permettez pas que les Cubains ou les +colectivos+ fassent preuvent de violence”, a ajouté John Bolton.

Les manifestations de l’opposition doivent composer avec la présence des “colectivos”, ces hommes armés agissant en milice pour s’en prendre à l’opposition. M. Maduro les a appelés à maintenir l’ordre.

“On résiste”, assure Larry Moreno, 65 ans, vendeur de légumes sur un marché de Caracas, qui accuse l'”opération liberté” de Guaido de servir à “camoufler” une prochaine intervention militaire américaine.

De son côté, le pouvoir en place a aussi renforcé ces derniers jours la pression sur M. Guaido, le privant de son immunité parlementaire, permettant ainsi la poursuite de la procédure pénale engagée à son encontre.

Il a aussi été déclaré inéligible pour 15 ans.

Difficile d’anticiper les conséquences concrètes de ces décisions dans ce pays où personne ne reconnaît la légitimité de personne.

M. Guaido lui-même a affirmé que “rien” ne l’arrêterait.

“Le gouvernement parie sur l’usure de Guaido, qui a réussi jusqu’à présent à conserver un large soutien politique et populaire”, estime le politologue Luis Salamanca.