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“Aucune porte de sortie” pour Loukachenko, selon la cheffe de l’opposition bélarusse

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“Aucune porte de sortie” pour Loukachenko, selon la cheffe de l’opposition bélarusse
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Il n’y a “aucune porte de sortie” pour Alexandre Loukachenko plus d’un an après sa réélection controversée, estime vendredi dans un entretien avec l’AFP la cheffe de l’opposition bélarusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa, exhortant la France à utiliser ses liens avec la Russie pour accroître la pression sur le président bélarusse.

Mme Tikhanovskaïa, 39 ans, avait décidé de se présenter à la présidentielle bélarusse l’an dernier après le rejet de la candidature et l’arrestation de son mari, un blogueur d’opposition.

Elle a mené une campagne bien accueillie et a proclamé sa victoire après l’élection avant de fuir en Lituanie quelques jours plus tard, craignant pour sa sécurité alors que les autorités réprimaient d’immenses manifestations de protestation.

Elle a depuis obtenu le soutien des pays occidentaux, qui jugent la réélection de M. Loukachenko frauduleuse.

Dans un entretien avec l’AFP, elle s’est dite satisfaite de sa visite en France qui prend fin samedi, affirmant ne pas être “déçue” de ne pas avoir rencontré le président français Emmanuel Macron, qui avait été le premier dirigeant occidental de haut rang à la rencontrer en septembre 2020, à Vilnius, un mois après la réélection du président Loukachenko.

Le mouvement de contestation de l’été 2020 a été progressivement maté, avec des milliers d’arrestations, les exils forcés et les emprisonnements d’opposants, de responsables de médias et d’ONG.

Mme Tikhanovskaïa a été reçue mercredi par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a rappelé “la solidarité” de la France avec le peuple bélarusse face à “une répression qui n’a fait que se radicaliser depuis un an”.

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Elle a estimé vendredi que la France et d’autres puissances devraient agir en tant que médiateurs pour parvenir à l’organisation d’élections libres et équitables qui permettraient d’écarter Alexandre Loukachenko du pouvoir.

“Je suis sûre que nous parviendrons à conduire pacifiquement notre pays vers de nouvelles élections, mais pour rendre cela possible, il faut que nous soyons cohérents et que l’on saisisse toutes les opportunités, que nous nous battions et résistions sans relâche”, a lancé la cheffe de l’opposition à l’AFP.

“Le soutien de la communauté internationale, en créant de multiples points de pression sur le régime, lui fera comprendre qu’il n’y aucune porte de sortie et que la seule solution pour eux est de parler au peuple bélarusse”, a-t-elle poursuivi.

– “Eviter un enlisement” –

Selon Mme Tikhanovskaïa, la France a un rôle particulièrement important à jouer vis-à-vis de la Russie, qui est selon les analystes le facteur clef derrière la capacité de Loukachenko à rester au pouvoir.

“La France a une bonne relation avec la Russie (…) et peut être médiatrice dans ce processus. La France peut trouver les moyens de communiquer avec les pays qui soutiennent encore le régime”, estime-t-elle.

Face à la répression de l’opposition bélarusse, l’UE a adopté des sanctions contre le régime d’Alexandre Loukachenko et a dit en juillet envisager de nouvelles mesures.

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Les Européens ont décidé fin juin des sanctions économiques et individuelles pour punir le régime bélarusse, après le déroutement un mois auparavant d’un vol commercial afin d’arrêter un opposant.

“Nous devons éviter un enlisement au Bélarus, nous devons maintenir une dynamique”, a exhorté l’opposante. Mais elle prédit: “Le régime va s’effondrer, c’est certain. Il est impossible de diriger un pays où vous n’êtes pas respecté”.

L’opposante ne peut pas parler à son mari emprisonné Sergei Tikhanovsky, car “au Bélarus les proches ne peuvent pas communiquer avec les prisonniers, seulement à travers leurs avocats”, explique-t-elle.

Mais elle décrit son mari comme “une personne extrêmement forte” qui ne “trahira jamais ses engagements ou ne signera jamais de lettre demandant une amnistie à Loukachenko”.

Elle rend hommage aux centaines de militants, journalistes et politiciens qui, selon les groupes de défense des droits humains, sont détenus comme prisonniers politiques au Bélarus, telle l’opposante Maria Kolesnikova, 39 ans, grande figure de la contestation de l’été 2020, condamnée début septembre à onze ans de prison.

“Même derrière les barreaux, ils nous inspirent et nous incitent à ne pas laisser tomber”, dit-elle.

Si Mme Tikhanovskaïa déclare être sûre qu’elle retournera un jour au Bélarus, elle dit clairement qu’elle n’a pas l’intention de suivre l’exemple de l’opposant russe Alexeï Navalny, qui a été immédiatement emprisonné à son retour en Russie depuis l’Allemagne.

“C’était sa décision politique et je la comprends parfaitement”, commente-t-elle. “Mais dans ma situation, je deviendrai la prochaine prisonnière politique et je ne pourrai rien accomplir derrière les barreaux.”.