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Auto: Max Mosley, patron tout puissant des paddocks

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Auto: Max Mosley, patron tout puissant des paddocks

Avocat au nom lourd à porter devenu le patron tout puissant des paddocks, Max Mosley, décédé lundi à 81 ans, a été l’un des personnages les plus influents de l’histoire de la Formule 1 jusqu’à sa sortie précipitée du circuit en 2009 après un scandale sexuel.

Architecte de la F1 moderne, le duo britannique formé par Bernie Ecclestone et Max Mosley, ce dernier resté 26 ans à la tête de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), a transformé une compétition balbutiante en machine à cash huilée et mondialisée sur laquelle il a régné sans partage jusqu’à l’affaire de l'”orgie nazie” révélée par News of the World.

Au faîte de la mainmise du tandem sur la course auto, en 2008, le tabloïd aujourd’hui disparu diffuse photos et vidéo d’une séance de sado-masochisme entre Mosley et cinq jeunes prostituées s’exprimant en allemand. Certaines en tenue rayée de prisonnier, d’autres en uniforme, notamment celui de la Luftwaffe.

Un tableau qui n’est pas du meilleur goût pour le monde de la F1. Encore moins quand on sait que le père de Max, Oswald Mosley, a fondé en 1932 le parti British Union of Fascists. Et que sa mère Diana Mitford est restée jusqu’à sa mort (en 2003) une admiratrice d’Adolf Hitler, invité au mariage secret des parents de Max Mosley chez Joseph Goebbels en 1936.

Preuve de son emprise, Max Mosley parvient malgré tout à s’accrocher jusqu’à la fin de son mandat, achevé en 2009. Aidé par la Haute cour de Londres qui avait nié tout caractère nazi à l'”orgie” en juillet 2008.

– Un nom maudit –

Poussé vers la voie des stands, il se lance dans une bataille judiciaire contre Google et obtient en 2015 du moteur de recherche le retrait total des images attentatoires à sa vie privée.

Le dernier fait d’armes de cet aristocrate arrivé dans le baquet d’une monoplace à la suite d’une révélation à Silverstone en 1961. “J’ai su instantanément que c’était quelque chose qu’il fallait absolument que je fasse”, raconte-t-il dans son autobiographie.

Après une carrière de pilote anonyme, passé tout de même par le championnat d’Europe de Formule 2, Mosley cofonde et dirige l’écurie March en F1 (1969-1977), bien-aise de trouver un environnement où son nom n’est pas un obstacle.

“Mon père a dit que je ferais probablement faillite mais que ce serait +une expérience pour une activité sérieuse plus tard+”, raconte Mosley dans ses mémoires.

La ruine annoncée n’est pas au rendez-vous mais “l’entreprise a été un casse-tête financier dès le premier jour”, reconnaît-il en 2003 dans le livre du journaliste Alan Henry consacré à Mosley et Ecclestone.

Lui, l’homme au nom damné qui se rêvait ministre, a pour idée fixe de gonfler les revenus des écuries: il fonde, en compagnie de “Bernie”, la Foca (Formula One Constructors Association) en 1974 pour défendre leurs intérêts face à la Fédération internationale du sport automobile (Fisa).

Il en devient le conseiller juridique à plein temps en 1977 et joue un grand rôle dans l’élaboration des accords Concorde qui règlent le conflit entre la Foca et la Fisa. Le texte offre aux équipes la gestion des lucratifs droits commerciaux de la F1.

– Tournant de la sécurité –

Toujours plus influent, Mosley est élu en 1991 à la tête de la Fisa puis de la FIA après leur fusion en 1993 et régit alors la Formule 1, le Championnat du monde des rallyes et le sport automobile en général. L’aristocrate sera reconduit trois fois avant de tirer sa révérence, sous pression, en octobre 2009.

Au-delà de l’explosion des revenus de la F1 et sa mondialisation – avec l’introduction du GP de Malaisie en 1999, du Bahreïn et de Chine en 2004, de Turquie en 2005 et de Singapour en 2008 – la sécurité restera l’un des héritages de Mosley, dont le premier mandat est marqué par le week-end tragique d’Imola en mai 1994 et la mort coup sur coup de Roland Ratzenberger et d’Ayrton Senna.

Les réformes entreprises permettront à la F1 d’échapper à un nouvel accident mortel jusqu’à celui de Jules Bianchi en 2014 et se prolongeront dans les voitures de série avec la création de l’organisme Euro NCAP – et ses fameux crash tests – cofondé par la FIA.

C’est encore sous sa direction que la F1 prend un timide virage écologique avec l’introduction du Kers, système de récupération de l’énergie cinétique lors du freinage, en 2009.

“En fin de compte, conclut Mosley dans ses mémoires, je pense que j’ai été capable de réaliser bien plus de choses politiquement avec la FIA que je n’aurais pu le faire sur la scène politique britannique.”

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