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Autriche: l’ancien chef de l’extrême droite, jugé pour corruption, plaide non coupable

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Autriche: l’ancien chef de l’extrême droite, jugé pour corruption, plaide non coupable
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L’icône déchue de l’extrême droite autrichienne a plaidé non coupable mardi à Vienne, au premier jour de son procès pour corruption lié au retentissant scandale de l’Ibizagate qui avait fait chuter le gouvernement au printemps 2019.

Heinz-Christian Strache, costume sombre et masque chirurgical, s’est refusé à tout commentaire à son arrivée, devant une foule de journalistes.

Il y a deux ans, le président du puissant Parti de la Liberté (FPO) et vice-chancelier tombait soudainement de son piédestal.

Filmé en caméra cachée sur l’île espagnole d’Ibiza, on le voyait proposer des marchés publics à une femme se faisant passer pour la nièce d’un oligarque russe, en échange d’un soutien électoral.

La séquence avait fait l’effet d’une bombe, provoquant des élections anticipées et le lancement d’enquêtes tous azimuts.

Les déclarations tenues dans cette vidéo sont aujourd’hui “gravées dans la mémoire collective”, a souligné la procureure à l’ouverture des débats, dans une imposante salle du tribunal régional de Vienne.

C’est dans ce cadre que le téléphone portable de M. Strache a été saisi et que les enquêteurs ont découvert des messages compromettants.

– Yacht et vacances à Corfou –

Le prévenu, âgé de 52 ans, est apparu combatif, prenant des notes. Il est soupçonné d’être intervenu en 2018 pour faire rattacher une clinique privée à la sécurité sociale.

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Clinique dont le propriétaire Walter Grubmüller était un donateur du FPO qui l’avait invité sur son yacht ainsi que dans sa maison de vacances sur l’île de Corfou.

Egalement sur le banc des prévenus, ce dernier a dénoncé des charges “risibles”.

Selon des échanges de SMS examinés par les enquêteurs, Heinz-Christian Strache a directement demandé à son interlocuteur “quel amendement à la loi” il souhaitait afin que son établissement, spécialisé dans la chirurgie esthétique, “soit enfin traité de manière juste”.

Il a agi “par conviction”, a argué son avocat, Me Johann Pauer.

M. Strache n’a retiré “aucun avantage au cours de son mandat” de vice-chancelier, a-t-il insisté, soulignant que le séjour en Grèce avait eu lieu en 2016, soit bien avant les faits. Quant au don, son client “ne savait pas” que M. Grubmüller verserait 10.000 euros à son parti.

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A cette époque, le chef du FPÖ négociait avec les conservateurs pour former une coalition. Une fois au pouvoir, l’extrême droite s’est retrouvée dotée du portefeuille de la Santé.

La législation sera modifiée peu après, permettant à la clinique d’obtenir un agrément à la sécurité sociale. D’après des estimations d’experts, elle était ainsi en droit de bénéficier de fonds publics d’un montant de 2,2 millions d’euros par an.

Il s’agit “d’un délit grave, pas d’une bagatelle”, a lancé la magistrate du parquet, alors que la peine encourue est de six mois à cinq ans de prison. Le jugement est attendu vendredi.

– Soupçons et divisions –

Depuis la diffusion de la vidéo d’Ibiza, qui a entraîné l’ouverture d’une douzaine d’enquêtes, dont l’une visant le chancelier conservateur Sebastian Kurz, Heinz-Christian Strache et son ex-parti ont accumulé les déconvenues.

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Outre l’affaire jugée cette semaine, il est accusé d’avoir détourné de l’argent du parti pour plus d’un demi-million d’euros.

Pâtée pour chien, sacs Chanel, jet privé, Viagra, prostituées… et jusqu’à 3.000 euros par mois engloutis dans le jeu en ligne Clash of Clans: les factures présentées n’avaient souvent rien à voir avec de classiques frais de représentation.

Se disant victime d’une campagne de diffamation, M. Strache a tenté un retour aux municipales de Vienne en octobre dernier, mais sa liste avait recueilli à peine 3% des suffrages.

De son côté, le FPÖ, miné par les divisions, est tombé de 26% dans les urnes en 2017 à tout juste 16% en 2019.

Il vient de se doter d’un nouveau chef: l’ancien ministre de l’Intérieur Herbert Kickl, chargé de redorer le blason de ce mouvement fondé par d’anciens nazis dans les années 1950 et qui entretient aujourd’hui une rhétorique hostile à l’islam et aux réfugiés.