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“Avant d’être adoptée, je vivais dans une grotte”

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“Avant d’être adoptée, je vivais dans une grotte”

Aujourd’hui entrepreneuse et auteure à succès, la trentenaire suédoise était une enfant des rues. Un incroyable destin l’a menée de la jungle brésilienne au confort scandinave, en passant par les favelas…

Les premières lignes de son histoire semblent tout droit sorties du Livre de la jungle : une enfant élevée dans une nature hostile, au milieu des jaguars mangeurs d’hommes… Mais, pour Christina Rickardsson, contrainte de vivre pendant cinq ans avec sa mère dans la jungle brésilienne, à la périphérie de la ville de Diamantina (Minas Gerais), ces péripéties, bien réelles, n’ont rien d’un conte pour enfants. Aujourd’hui entrepreneuse et auteure à succès, cette Suédoise de 35 ans a grandi avec les enfants des rues, au Brésil, avant d’être adoptée, en 1991, par un couple de Scandinaves.

Un incroyable destin qu’elle raconte dans une autobiographie, dont le titre, traduit littéralement, pourrait être sa devise : “Ne jamais arrêter de marcher” (Never Stop Walking : A Memoir of Finding Home Across the World, disponible sur amazon.fr, en anglais.) “Quinze jours après ma naissance, ma mère m’a emmenée avec elle dans la jungle pour fuir son frère qui abusait d’elle, explique Christina. Nous avons vécu dans une grotte jusqu’à mes 5 ans. Pour ne pas mourir de faim, on devait se nourrir de baies et chasser les oiseaux au lance-pierre. Je me souviens de mon immense fierté la première fois que j’en ai eu un. On l’a fait griller sur notre petit brasier.”

“Au-dessus de la grotte, un jaguar chassait…”

Mais, dans cette contrée où règne la loi du plus fort, la petite fille et sa mère sont, elles aussi, à la merci des prédateurs : “Je me souviens d’un grognement qui nous a fait trembler de peur. Et, soudain, nous l’avons vu, au-dessus de la grotte : c’était un jaguar qui chassait.” Par chance, la bête sauvage les laissera sauves, mais la fillette doit rester sur ses gardes dans cette région où les scorpions, les serpents et les araignées sont légion. Mais quand Christina et sa mère quittent enfin ce lieu hostile, d’autres périls les attendent…

“Nous avons été chassées de la grotte et nous sommes venues à São Paulo. Nous mendiions de la nourriture dans les rues. La vie était dure. On nous crachait dessus et on nous traitait de cafards.” Baignée dans cette violence, la petite fille apprend à voler, et même bien pire, pour survivre : “A 7 ans, je me suis bagarrée avec un autre enfant des rues pour un bout de pain trouvé dans une poubelle. Il m’a donné un coup de poing au visage, et on s’est battus violemment. On s’est retrouvés au sol. J’ai entendu un cliquetis à côté de moi… c’était un tesson de bouteille. Je l’ai attrapé. Le garçon s’est retourné et, sans réfléchir, j’ai enfoncé le bris de verre dans son ventre aussi fort que je pouvais. Ma main était chaude. Il y avait du sang par terre.”

“Etre adoptée en Suède fut un choc immense…”

Christina apprendra plus tard que l’enfant n’a pas survécu. Après ce terrible épisode, elle est placée en orphelinat avec son petit frère. Ce sera le début de sa deuxième vie. “Nous avons été adoptés et conduits dans le nord de la Suède. Ce fut un choc culturel immense. La nourriture, la religion, les codes sociaux, tout était différent. Au départ, je n’étais pas acceptée, alors je suis devenue suédoise. En deux mois, j’ai appris la langue et j’ai oublié la mienne.”

Deux facettes d’une même Christina qui ont appris à cohabiter : “Après vingt ans ici, je suis devenue très suédoise, mais il est vrai que je suis plus tactile qu’eux ; je leur fais la bise et j’arrive parfois en retard”, reconnaît la jeune femme, qui a créé une œuvre de charité pour les enfants. “J’ai eu de la chance avec ma famille adoptive. Oui, on aurait pu m’arracher moins violemment à mon pays, mais je suis si reconnaissante pour ma nouvelle vie…”