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Bangladesh: dans le flux des réfugiés, des hindous parmi les Rohingyas

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Bangladesh: dans le flux des réfugiés, des hindous parmi les Rohingyas

Dans un petit village du sud du Bangladesh, des volontaires hindous versent riz et lentilles dans les assiettes de quelques centaines de leurs coreligionnaires qui ont fui la Birmanie dans la vague de musulmans rohingyas.

À un jet de pierre du grand camp de réfugiés de Kutupalong, environ 200 hindous de l’État Rakhine (ouest de la Birmanie) ont été recueillis par des familles hindoues du Bangladesh. 300 autres campent dans les environs.

Ils reçoivent des repas réguliers, financés par des donations de leurs pairs dans ce pays d’Asie du Sud.

“Nous avons fait appel aux communautés hindoues (…) à travers le Bangladesh pour survenir à leurs besoins en nourriture et en hébergement”, a déclaré à l’AFP Shapon Sharma, un responsable de la communauté.

“Nous avons eu vent que des hindous se trouvaient ici au Bangladesh, campant dans les forêts. Nous sommes allés les trouver et les avons ramenés ici”, a-t-il raconté.

Cette distribution bien organisée contraste avec les bousculades chaotiques dans les immensions camps surpeuplés situés non loin. Plus de 420.000 personnes ont depuis fin août gagné le Bangladesh, provoquant une crise humanitaire.

Des attaques de rebelles rohingyas le 25 août ont enclenché une campagne de répression de l’armée birmane, que l’ONU considère comme une épuration ethnique.

Si la quasi-totalité de cette marée humaine est constituée de Rohingyas, quelques hindous et bouddhistes de l’Etat Rakhine (ouest de la Birmanie) ont également atterri au Bangladesh.

À Kutupalong, les réfugiés hindous décrivent les attaques dont ils ont été l’objet au Rakhine.

“(Les assaillants) sont arrivés en noir et le visage masqué”, a relaté Niranjan Rudro, 50 ans, qui officiait comme barbier en Birmanie.

“Dans mon village, il y avait 70 familles hindoues. Ils nous ont assiégés pendant trois jours, nous ne pouvions pas sortir de la maison même pour se procurer de la nourriture”.

Son récit rejoint celui de plusieurs autres réfugiés, mais l’AFP n’a pas pu vérifier ces témoignages indépendamment. Ces régions de l’État Rakhine, verrouillé par les forces de sécurité, sont inaccessibles aux observateurs et médias internationaux.

Si l’identité des assaillants de ce village n’était pas formellement établie, plusieurs réfugiés estiment qu’ils étaient membres de l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), la jeune rébellion rohingya derrière les attaques contre des postes de police le 25 août.

Les différentes communautés du Rakhine s’accusent l’une l’autre d’être derrière la nouvelle flambée de violences.

Les réfugiés rohingyas dénoncent les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes qui réduisent leurs villages en cendres. Hindous et bouddhistes disent eux vivre dans la terreur de raids de l’ARSA.

Ces tensions se sont répercutées jusqu’au Bangladesh voisin.

Les réfugiés hindous disent avoir d’abord tentés de s’installer dans les camps avec les centaines de milliers de Rohingyas, mais s’être vus forcés d’en partir après des altercations.

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