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Bélarus: discours de Loukachenko au Parlement, réunion du Conseil de sécurité attendue

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Bélarus: discours de Loukachenko au Parlement, réunion du Conseil de sécurité attendue

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, accusé d’avoir fait détourner un avion de ligne européen pour arrêter un opposant à bord, prononcera mercredi un discours devant le Parlement tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir une réunion à huis clos sur le Bélarus.

M. Loukachenko est resté silencieux au milieu d’une avalanche de déclarations indignées, européennes et américaines, et d’annonces de sanctions, depuis l’interception dimanche par un avion de chasse MiG-29 d’un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair, pendant qu’un contrôleur aérien affirmait qu'”une bombe” se trouvait à bord et “recommandait” au pilote d’atterrir à Minsk.

A l’arrivée, deux passagers –Roman Protassevitch, un journaliste d’opposition de 26 ans exilé en Lituanie, et sa compagne russe, Sofia Sapega, ont été arrêtés.

Depuis, plus d’autres nouvelles de l’opposant qu’une vidéo diffusée lundi par la télévision bélarusse dans laquelle le jeune homme avoue avoir organisé des “troubles” dans le pays.

“La vidéo a été clairement mise en scène. Elle a été réalisée sous pression et il ne faut pas y croire”, a déclaré à l’AFP le père du jeune homme, Dmitry Protassevitch, 48 ans, soulignant que son fils semblait avoir des dents en moins et présentait des ecchymoses sur le côté gauche du visage et au cou.

Natalia, 46 ans, la mère du photographe et militant, dit n’avoir pas dormi depuis deux nuits, serrant son téléphone dans ses mains, dans l’espoir de recevoir des nouvelles.

– “Ils vont le tuer ” –

“Je demande, je supplie, j’appelle toute la communauté internationale à le sauver”, a-t-elle lancé, fondant en larmes, lors d’un entretien accordé à l’AFP à Wroclaw, en Pologne, où le couple s’est installé. “S’il vous plaît, sauvez-le! Ils vont le tuer!”.

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra mercredi en milieu de journée une réunion informelle d’urgence à huis clos sur le sujet, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques. Cette session qui devrait être virtuelle a été demandée par la France, l’Irlande et l’Estonie, ont précisé des diplomates.

Ces deux derniers pays sont membres non permanents actuellement du Conseil de sécurité, la France en étant l’un des cinq membres permanents.

Interrogés par l’AFP, des diplomates ont jugé peu probable que le Conseil de sécurité de l’ONU puisse s’entendre lors de cette réunion sur une déclaration commune. Soutien du Belarus, la Russie devrait s’y opposer, a prédit l’un d’eux s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Nombre de compagnies aériennes ont suivi mardi la recommandation de l’Union européenne de contourner le pays et ont suspendu leur vols, l’espace aérien européen ayant en outre été fermé aux appareils bélarusses. Près de 2.000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine cet espace aérien, a précisé l’organisation Eurocontrol.

Des dirigeants européens ont continué mardi d’exprimer leur colère et leur exaspération.

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a assuré qu’Alexandre Loukachenko devait “payer le prix fort” pour son “acte infâme”, le président français Emmanuel Macron estimant lui que “la politique des sanctions” était arrivée à ses “limites”.

Le Bélarus a invité mardi les organisations internationales à venir établir “les circonstances” du détournement de l’avion par Minsk, l’Association internationale du transport aérien (IATA) et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), dépendante de l’ONU, ainsi que des autorités américaines et de l’UE.

L’indignation des pays occidentaux a été à la mesure de l’infraction perçue à la Convention de Chicago de 1944, qui établit les règles de l’aviation civile internationale et dont Minsk est signataire depuis 1993, selon l’OACI. Cette instance a dit dimanche avoir été saisie d’une demande d’enquête au sujet de cet incident et fait part de sa “profonde inquiétude”.

– Nouvelles peines de prison –

De son côté, l’opposition bélarusse, dont la plupart des représentants sont exilés ou emprisonnés, a réclamé de nouvelles représailles. Exilée en Lituanie, l’ex-candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a appelé “les Etats-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions”.

Elle a aussi réclamé “la participation des forces démocratiques bélarusses au G7” du 11 au 13 juin au Royaume-Uni, Emmanuel Macron s’y disant favorable. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui dit “soutenir fermement une action via toutes les institutions internationales possibles”, y compris l’Otan.

Le régime d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, et qui a habilement louvoyé pendant des décennies entre l’UE et Moscou, obtenant des concessions de l’un puis de l’autre et usant de leurs rivalités géopolitiques, est déjà ciblé par de multiples sanctions occidentales pour avoir durement réprimé la contestation historique ayant mobilisé des centaines de milliers de Bélarusses après la présidentielle d’août 2020, jugée “truquée” par les Européens.

Le pays niché entre Union européenne et Russie n’a cependant fait qu’accroître la répression, emprisonnant ou forçant à l’exil ses détracteurs. Mardi encore, sept opposants ont été condamnés à des peines de quatre à sept ans de prison pour leur rôle dans des “troubles massifs” lors de la vague de manifestations.

Roman Protassevitch, né un an après l’arrivée au pouvoir du président bélarusse, s’est lancé dans le journalisme et dans l’activisme politique dès son adolescence, a été arrêté à plusieurs reprises et a passé des semaines en prison depuis.

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