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Boris Johnson à la tribune des Tories, au risque de désunir son parti

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Boris Johnson à la tribune des Tories, au risque de désunir son parti

L’ex-ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson prononce mardi un discours très attendu au congrès du Parti conservateur, au cours duquel il devrait exposer l’étendue de ses désaccords avec le gouvernement sur le Brexit.

Boris Johnson avait démissionné en juillet du gouvernement pour protester contre le “Plan de Chequers” défendu par la Première ministre Theresa May, qui prévoit de conserver une relation commerciale étroite avec l’UE au prix du maintien de règles communes.

Tandis que les dirigeants européens ont demandé à la cheffe du gouvernement de revoir sa copie d’ici au prochain conseil européen, le 18 octobre, l’ancien maire de Londres a lui exposé en détail dans la presse sa proposition en faveur d’un “super accord de libre-échange” entre Londres et Bruxelles, copié sur celui signé entre l’UE et le Canada (CETA).

“C’est pour cela que le peuple a voté”, a-t-il écrit dans The Telegraph. “Et c’est seulement en poursuivant un tel objectif que l’on pourra affirmer avoir respecté le mandat” du Brexit.

Une telle option a été rejetée par Downing Street, qui estime qu’elle ne permettrait pas d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, principale pierre d’achoppement dans les négociations avec l’UE.

– “Monde imaginaire” –

À Birmingham (centre de l’Angleterre), au congrès du parti, certains membres du gouvernement n’ont pas manqué de railler la proposition de leur ancien collègue. Le ministre des Finances Philip Hammond a ainsi estimé que Boris Johnson évoluait dans un “monde imaginaire”.

Les prises de position du trublion des Tories, qui le font de plus en plus apparaitre comme un potentiel challenger de Theresa May, ont également irrité bon nombre de députés conservateurs.

“Le problème avec Boris, c’est qu’il faut qu’il expose ses ambitions, ou qu’il se taise”, a déclaré à l’AFP la députée Anna Soubry. “Mais je préfèrerais qu’il se taise. Parce que la dernière chose dont on a besoin en ce moment, c’est d’une bataille pour le leadership”.

Même l’ancien ministre chargé du Brexit, David Davis, pourtant lui aussi favorable à la mise en place d’un accord de libre-échange, a pris ses distances. “Ses idées font de bons titres dans les journaux, mais pas forcément de bonnes politiques”, a-t-il commenté.

“Je pense qu’il est vraiment discrédité au sein des parlementaires conservateurs”, analyse pour l’AFP Robin Pettitt, professeur de sciences politiques à l’université Kingston de Londres. “Il s’est engagé pour le Brexit parce qu’il y voyait le meilleur moyen de devenir chef du parti. Je ne pense pas qu’il y ait d’ambition collective là-dedans”.

– “C’est un gagnant” –

Personnalité charismatique mais clivante, Boris Johnson continue de bénéficier d’un large soutien auprès des militants conservateurs. Nombre d’entre eux voient en lui un leader potentiel.

“C’est un gagnant, il n’a jamais perdu une élection”, souligne Ian Burgess, un sexagénaire venu du Somerset (sud-ouest de l’Angleterre) pour prendre part au congrès. “Ce n’est pas quelqu’un de minutieux, mais il a une vision. Est-ce que je sais quelle est la vision de Theresa May? Non”.

“Si en novembre, aucun accord n’est trouvé sur le Brexit, alors on aura besoin de changement”, juge Paul Hodgson Jones, 59 ans, élu municipal à Potters Bar, au nord de Londres. “À ce moment-là, Boris Johnson sera la seule personne capable de prendre les choses en main rapidement”.

Certains adhérents regrettent néanmoins les propos offensifs de l’ancien ministre, estimant qu’ils nuisent à l’image du parti, et que ces divisions ne devraient pas s’exposer au grand jour.

“Je suis d’accord avec les principes qu’il expose, mais je ne suis pas d’accord avec sa manière de faire”, souligne John Murray, élu dans la municipalité de Walsall (centre de l’Angleterre). “Je ne prévois pas d’aller écouter son discours”.