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Brésil: Mourao et D’Avila, les aspirants vice-présidents

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Brésil: Mourao et D’Avila, les aspirants vice-présidents

Jair Bolsonaro et Fernando Haddad, finalistes de la présidentielle au Brésil, ont choisi des colistiers aux profils radicalement différents, le général de réserve Hamilton Mourao et l’élue communiste Manuela D’Avila.

Grand favori du second tour de dimanche, le candidat d’extrême droite Bolsonaro aura pour vice-président s’il est élu le général Mourao, 65 ans, coutumier, comme lui, des déclarations polémiques, citant notamment comme modèles des tortionnaires de la dictature militaire.

La colistière de Fernando Haddad, Manuela D’Avila, 37 ans, se présente comme une “féministe et révolutionnaire”, adoubée par Luiz Inacio Lula da Silva lui-même lors du dernier jour de liberté de l’ex-président de gauche incarcéré depuis avril pour corruption.

Hamilton Mourao

Il y a un an, bien avant d’être nommé candidat à la vice-présidence sur le ticket de Jair Bolsonaro, le général Hamilton Mourao avait défrayé la chronique.

Lors d’un événement organisé par une loge de francs-maçons, il avait affirmé que l’armée serait obligée d'”imposer une solution” si la situation politique du pays continuait à se dégrader.

En février, lors de son discours de départ de l’armée, il a affirmé que le colonel Brilhante Ustra, tortionnaire notoire adulé par M. Bolsonaro, était son “héros”.

Au départ, Hamilton Mourao était loin d’être le premier choix du candidat d’extrême droite, qui a essuyé plusieurs refus.

Jair Bolsonaro ayant été écarté de la campagne de longues semaines après avoir été poignardé lors d’un bain de foule le 6 septembre, le général de réserve s’est retrouvé plus souvent que prévu en première ligne, au point d’être considéré comme quelque peu encombrant par l’entourage du candidat.

Il a été sévèrement recadré sévèrement après avoir insinué qu’un gouvernement Bolsonaro pourrait en finir avec le 13e mois des salariés.

Lui-même fils de général, Hamilton Mourao est né à Porto Alegre (sud), mais ses parents sont originaires d’Amazonie et ont des racines indiennes.

Cela ne l’a pas empêché d’affirmer début août, lors de sa première apparition publique en tant que colistier de Bolsonaro, que le Brésil était plombé par un héritage issu de “l’indolence des Indiens et de la roublardise des Noirs”.

La veille du premier tour, le 6 octobre, il avait fait louer le “blanchiment de la race” en montrant son petit fils à la peau plus claire que lui.

Manuela D’Avila

Le 7 avril, avant de se rendre aux autorités pour purger une peine de 12 ans et un mois de prison pour corruption, Lula faisait un vibrant discours d’adieu à ses militants, au syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo.

À ses côtés, Manuela d’Avila, qu’il enlace, la désignant comme une “jolie fille militante”, qui représente la nouvelle génération de la gauche.

D’habitude, la députée du parti communiste PC do B ne goûte que peu les commentaires sur son physique. Au long de ses deux mandats à la Chambre des députés (2007-2015), elle n’a eu de cesse de rejeter le surnom de “muse” dont elle a été affublée.

Mais à Lula, elle est prête à tout pardonner. “Il me voit comme une femme qui croit en la politique et qui appartient à une génération qui va la changer”, a-t-elle expliqué au journal Folha de S. Paulo.

Elle a poussé son admiration pour l’icône de la gauche jusqu’à renoncer à ses propres ambitions présidentielles.

Censée se présenter sous les couleurs du PC do B, elle est finalement restée sur le banc de touche, attendant de longues semaines que Lula, déclaré inéligible, se retire de la course présidentielle.

C’est à ce moment-là qu’elle a fait son entrée sur le ticket de Fernando Haddad, substitut de Lula dont il était auparavant candidat à la vice-présidence. Contrairement au général Mourao, elle a été régulièrement mise en avant pendant l’entre-deux tours, aussi bien dans les spots de campagne que dans les meetings.

Particulièrement précoce, elle a été élue conseillère municipale de Porto Alegre à 23 ans, avant de devenir deux ans plus tard la députée la mieux élue de l’Etat du Rio Grande do Sul.

Mariée à un musicien, Manuela d’Avila a suscité la polémique en 2016, en raison d’une photo d’elle allaitant sa fille lors d’une séance de l’assemblée législative de son Etat.

“Qu’est-ce qui attire l’attention sur cette photo? Des femmes dans un espace de pouvoir (…) La politique est masculine et machiste, elle ne fait pas de place aux femmes”, avait-elle rétorqué sur Facebook.