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British Steel, l’ascension coupée net d’un poids lourd de l’acier

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British Steel, l’ascension coupée net d’un poids lourd de l’acier

Plein d’ambition, British Steel s’affichait comme un sauveur potentiel de l’acier européen, avant que sa faillite, annoncée mercredi, ne plonge dans le flou des milliers de salariés et les entreprises européennes qu’il convoitait.

Né du rachat de la division européenne de produits longs du géant indien Tata Steel (rails, section de construction) au printemps 2016 par le fonds d’investissement Greybull Capital, British Steel avait misé sur la sidérurgie européenne.

Les actifs rachetés pour la somme symbolique d’une livre comprenaient en particulier des sites à Scunthorpe (nord de l’Angleterre) et à Hayange (Moselle) en France, où British Steel est donc déjà présent.

Malgré l’afflux en Europe de masses d’acier à prix cassé importé de Chine et alors que les repreneurs de sites en difficulté ne se bousculent pas, le repreneur voulait y devenir une référence de l’acier.

Greybull comptait ainsi bâtir un géant à partir du Royaume-Uni, pourtant en pleine incertitude sur le Brexit avec, à la clé, des échanges potentiellement moins fluides avec le continent.

Il avait choisi un symbole fort en donnant à ces activités le nom de “British Steel”, soit celui que portait la société nationale de la sidérurgie britannique privatisée à la fin des années 1980 sous Margaret Thatcher.

Greybull a redressé les activités qu’il a rachetées, revenues aux bénéfices en 2017, en investissant 400 millions de livres et en réduisant les coûts, notamment par des baisses de salaires des employés de Scunthorpe.

Il a, par la suite, renforcé le groupe en rachetant l’aciériste néerlandais FN Steel.

La SNCF et Network Rail, le propriétaire du réseau britannique, sont parmi les clients les plus importants de cette société dont les usines produisent quelque 2,8 millions de tonnes d’acier par an.

– Une affaire de famille –

Mais la faillite de British Steel menace désormais directement les 4.500 emplois du groupe au Royaume-Uni, qui devraient être supprimés si aucun repreneur ne se manifeste. Ceci donne un brutal coup de frein aux grands projets continentaux de British Still et notamment à la reprise du français Ascoval, dernière société dans le viseur du Britannique.

Avec la reprise d’Ascoval, British Steel doit sauver l’emploi des 270 salariés de l’aciérie qui attendait un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries.

Des promesses qui inquiètent à l’heure où l’activité de British Steel au Royaume-Uni va être démantelée, même si Bercy assure que cette faillite n’aura aucun impact sur la reprise d’Ascoval, détenue par Olympus Steel, la maison mère basée sur l’île anglo-normande de Jersey et dont les comptes ne sont pas publiés.

Ces rebondissements pourraient d’ailleurs braquer les projecteurs sur Greybull Capital, un fonds spécialisé dans le redressement d’entreprises, qui est entouré de mystère et peu disert sur ses intentions.

Tout juste sait-on que le fonds a été mis sur pied en 2010 notamment par les frères Marc et Nathaniel Meyohas, des Français quadragénaires, avec des bureaux nichés au cœur du très chic quartier londonien de Knightsbridge.

“Nous ne cachons pas le fait que nous sommes un family office (gestionnaire de grandes fortunes familiales, ndlr) et donc nous n’avons pas besoin de crier sur les toits ce que nous faisons”, avait expliqué Marc Meyohas, interrogé par le quotidien The Guardian en avril 2016, dans un de ses rares entretiens. Son frère Nathaniel a quitté le fonds en fin d’année dernière, d’après le Times.

Le fonds a connu plusieurs revers en accompagnant des entreprises britanniques qui ont fini par déposer le bilan comme les magasins d’électroménager Comet. Le cas le plus emblématique reste celui la compagnie aérienne Monarch, qui a fait faillite en 2017 et disparu du jour au lendemain.