Contacté par l’AFP, son avocat Gonzalo Boye a indiqué que M. Puigdemont avait passé la nuit en prison à Sassari, ville dans laquelle un juge doit l’entendre.
Mais “nous ne savons pas” encore si l’audience devant la cour d’appel de Sassari “aura lieu aujourd’hui ou demain”, samedi, a-t-il ajouté alors que le chef de cabinet de M. Puigdemont, Josep Lluis Alay, avait dit jeudi soir que l’audience aurait lieu vendredi.
Carles Puigdemont, âgé de 58 ans, a été arrêté jeudi soir à son arrivée à Alghero, ville sarde de culture catalane où il devait participer à un festival culturel et s’entretenir avec des élus de l’île italienne, selon son entourage.
Le nouveau président régional de la Catalogne, Pere Aragones, un séparatiste de tendance plus modérée que M. Puigdemont, a condamné sur Twitter “la persécution et cette répression judiciaire”.
“Assez. L’amnistie est la seule voie. L’autodétermination la seule solution. A tes côtés Carles”, a-t-il lancé.
– Réclamé en Espagne pour “sédition” –
Vendredi matin, jour férié en Catalogne, plusieurs centaines d’indépendantistes manifestaient devant le consulat d’Italie à Barcelone pour dénoncer cette arrestation, a constaté l’AFP.
Carles Puigdemont est toujours réclamé par la justice espagnole qui l’accuse de “sédition” et de “détournements de fonds publics”.
“L’arrestation de M. Puigdemont correspond à une procédure judiciaire en cours qui s’applique à tout citoyen de l’UE devant répondre de ses actes devant les tribunaux”, a affirmé dans un communiqué le gouvernement de gauche espagnol de Pedro Sanchez, ajoutant que M. Puigdemont devrait “se soumettre à l’action de la justice comme tout autre citoyen”.
Eurodéputé depuis 2019, l’indépendantiste a bénéficié un temps d’une immunité parlementaire mais le Parlement européen a levé cette immunité le 9 mars à une large majorité, mesure qui a été confirmée le 30 juillet par le Tribunal de l’Union européenne.
Mais la décision du Parlement européen a fait l’objet d’un recours dont le jugement définitif sur le fond de la part de la justice de l’UE doit être prononcé “à une date ultérieure”. L’avocat de M. Puigdemont, Gonzalo Boye, considère donc que la décision du Parlement est “suspendue” et que son client doit encore bénéficier de son immunité.
– Risque d’une nouvelle crise –
La détention de M. Puigdemont, qui avait fui en Belgique après l’échec de la tentative de sécession pour échapper aux poursuites de la justice espagnole, fait planer le risque d’une nouvelle crise entre Madrid et les indépendantistes alors qu’elle intervient dans un moment de relative détente.
Le gouvernement Sanchez a gracié en juin les neuf dirigeants indépendantistes qui avaient été arrêtés en 2017 et condamnés à la prison en 2019 à l’issue d’un procès historique dont M. Puigdemont était le grand absent.
La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l’une des pires crises vécues par l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Malgré l’interdiction de la justice, le gouvernement régional présidé par M. Puigdemont avait organisé un référendum d’autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d’une déclaration d’indépendance mort-née.
Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement qui n’avaient pas fui à l’étranger.