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Catalogne: les grandes manoeuvres au parlement commencent

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Catalogne: les grandes manoeuvres au parlement commencent

Le nouveau chef du parlement catalan, l’indépendantiste Roger Torrent, a pris a bras le corps jeudi sa première mission: consulter les partis sur le choix du nouveau président régional avec un seul candidat à ce stade, Carles Puigdemont, en exil en Belgique.

L’élu de 38 ans a reçu les chefs de file de Catalunya en Comun -allié de Podemos (gauche radicale) en Catalogne- et du Parti socialiste. Il devait voir dans l’après-midi le chef du Parti populaire (droite) de Mariano Rajoy dans la région, Xavier Albiol, et le représentant de la Candidature d’unité populaire (CUP, extrême gauche indépendantiste).

Roger Torrent, député depuis 2012 et maire d’une petite ville proche du fief de Carles Puigdemont, Gérone, est un indépendantiste convaincu, issu de la Gauche républicaine de Catalogne, l’un des deux grands partis séparatistes qui dominent la chambre avec en théorie, 70 députés sur 135.

En théorie car huit sont en prison ou en exil volontaire à Bruxelles pour échapper aux poursuites judiciaires.

Il a milité ouvertement pour la “république”, et contre l’incarcération de ses compagnons, accusant la justice espagnole d’être “politisée”.

Désormais, il semble vouloir prendre de la hauteur et a annoncé mercredi qu’il privilégierait le “dialogue”, certains y voyant le signe d’une ouverture, d’autres, à commencer par le parti anti-indépendantiste Ciudadanos, une tactique.

Il s’est en tout cas abstenu de lancer un “Vive la république catalane”, en prenant ses fonctions comme l’avait fait Carme Forcadell, qui dirigeait le parlement avant lui, remplaçant ce slogan par un simple “Vive la démocratie et vive la Catalogne”.

“Je n’ai pas l’intention de renoncer à mes convictions politiques mais les principes démocratiques et le vivre-ensemble doivent passer avant”, a encore expliqué ce licencié en sciences politiques jeudi.

– Tradition et réalité –

La tradition veut que le chef du parlement consulte tous les groupes avant de désigner un candidat.

Ces entretiens devraient confirmer qu’il n’y a à ce stade qu’un seul aspirant – Carles Puigdemont – les forces non indépendantistes n’ayant pas présenté d’alternative.

La décision de présenter ce candidat doit être prise avant le 31 janvier, afin de permettre que le débat d’investiture démarre ce jour-là, date limite fixée par la loi.

Les deux principaux groupes indépendantistes soutiennent la candidature de Carles Puigdemont, destitué par Madrid le 27 octobre avec l’ensemble de son exécutif après la suspension de facto de l’autonomie régionale.

Son retour serait une manière de rendre leur “dignité” aux Catalans, selon eux.

Mais Roger Torrent marche sur des oeufs.

Carles Puigdemont, qui s’est établi à Bruxelles peu avant son inculpation pour rébellion et sédition, entend être investi à distance, ce que les services juridiques du parlement catalan jugent illégal.

Le chef de file séparatiste peut difficilement présenter sa candidature en direct car s’il rentre en Espagne il serait placé en détention provisoire.

Et l’opposition et le gouvernement espagnol annoncent qu’ils contesteront devant la Cour constitutionnelle toute manoeuvre pour une investiture à distance. Madrid va plus loin: dans ce cas, l’autonomie de la Catalogne resterait suspendue.

Carles Puigdemont “est parti à Bruxelles pour remporter les élections, mais en partant il ne peut plus devenir président”, a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental.

Si le parlement l’élisait quand même, “la Cour constitutionnelle serait saisie de la résolution du parlement catalan qui propose au roi d’investir Puigdemont. Elle en suspendrait les effets et le roi ne pourrait l’investir”, explique le professeur en droit constitutionnel Xavier Arbos.

Un cul-de-sac qui mènerait alors à la recherche d’un autre candidat ou de nouvelles élections ?

Quoi qu’il arrive, “nous adopterons toutes les mesures et décisions nécessaires pour que cette investiture ne se produise pas”, a prévenu jeudi la vice-présidente Soraya Saenz de Santamaria à la radio Cope, avant d’ajouter que c’était comme si elle décidait de participer aux débats “depuis les Caraïbes”.

Et si Puigdemont tentait de retourner par surprise en Catalogne pour être présent à l’investiture ? La vice-présidente s’est bornée à préciser “que le gouvernement est prêt pour faire en sorte qu’il réponde de ses actes devant la justice”.

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