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Catalogne: Puigdemont interpelle l’UE et dénonce un “coup d’Etat”

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Catalogne: Puigdemont interpelle l’UE et dénonce un “coup d’Etat”

Le président destitué de la Catalogne, l’indépendantiste Carles Puigdemont, a demandé mardi aux dirigeants de l’Union européenne de cesser de soutenir un “coup d’Etat” contre sa région, sous tutelle de Madrid depuis fin octobre.

Si les Catalans donnent à nouveau une majorité aux partis séparatistes aux élections régionales du 21 décembre, “accepterez-vous le résultat du vote des Catalans?”, a demandé M. Puigdemont lors d’un discours devant quelque 200 maires séparatistes réunis à Bruxelles.

Il a qualifié de “coup d’Etat” la mise sous tutelle de la région, décidée par le gouvernement central quelques heures après une déclaration d’indépendance votée au parlement régional sur la base d’un référendum d’autodétermination interdit organisé le 1er octobre.

Les séparatistes affirment que le oui l’avait emporté ce jour-là à 90% avec 43% de participation, des chiffres invérifiables faute d’une commission électorale indépendante.

Plus tôt, Carles Puigdemont avait défendu un front commun indépendantiste à ces élections, imposées en Catalogne par Madrid pour tenter d’apaiser la crise.

Les partis doivent faire savoir mardi à minuit à la commission électorale s’ils entendent former des coalitions pour les élections régionales.

“Nous n’avons d’autre choix que de nous présenter tous ensemble”, a déclaré Carles Puigdemont à la radio publique catalane.

En 2015, la coalition “Ensemble pour le oui” avait réussi à rassembler les deux principales formations indépendantistes, les conservateurs de Convergence démocratique de Catalogne (CDC) dont le PDeCAT de M. Puigdemont est l’héritier, et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC).

Cette coalition, alliée aux indépendantistes d’extrême gauche de la CUP (Candidature d’unité populaire), disposait d’une majorité de 72 sièges sur 135 au parlement.

Mais les tensions et divisions en son sein n’ont pas manqué.

Désormais, elle doit en outre faire face à l’éparpillement du noyau dur indépendantiste.

Huit des 13 ministres-conseillers de l’exécutif régional destitué par Madrid sont écroués après avoir été inculpés notamment pour rébellion, sédition et détournements de fonds publics.

Carles Puigdemont est également visé par ces poursuites, mais il se trouve à Bruxelles avec quatre autres membres de son gouvernement, dans l’attente de l’examen par la justice belge d’un mandat d’arrêt international émis par l’Espagne.

M. Puigdemont, qui a assuré s’être “exilé” pour faire connaître sa cause au reste de l’Europe, a déclaré mardi qu’il avait aussi cherché à éviter “une vague de violence” en Catalogne.

Son avocat avait expliqué à l’AFP qu’il craignait une spirale d’agitation et de répression en réaction à son éventuelle arrestation.

– L’inconnue électorale –

Les incarcérations suscitent l’indignation en Catalogne. Pour mercredi, les associations indépendantistes ont appelé à une grève générale et une grande manifestation est prévue samedi.

Mardi, les quelque 200 maires indépendantistes ont manifesté à Bruxelles dans le quartier des institutions européennes aux cris de “Llibertat!” (“Liberté!”), en brandissant une pancarte exigeant la libération des “prisonniers politiques”.

Aux élections régionales, les sondages prédisent à nouveau une division presque à parts égales des électeurs catalans.

En 2015, les séparatistes avaient obtenu une majorité en sièges, mais pas en voix (47,8%).

Le PDeCAT de M. Puigdemont a tout intérêt à rester au sein d’une coalition qui lui permettra de cacher sa faiblesse, alors qu’il pourrait s’effondrer au profit des indépendantistes de gauche d’ERC, selon les sondages.

Pour cette même raison, ERC a intérêt à faire cavalier seul, avec l’espoir d’être pour la première fois aux commandes de la région depuis 1936.

Mais en même temps, certains estiment qu’une candidature unique profiterait aux indépendantistes dans leur ensemble, car la pondération des voix donne une “prime au résultat le plus fort”, selon Joan Botella, recteur de la faculté de sciences politiques de l’Université autonome de Barcelone.

D’autres inconnues accompagnent cette élection atypique: que feront les élus emprisonnés qui l’emporteraient? Et ceux qui sont à Bruxelles et visés par un mandat d’arrêt?

Les plus indépendantistes des Catalans paraissent eux avoir déchanté sur les chances réelles de sécession: seuls 15% y croient désormais, selon un sondage publié lundi par le quotidien La Vanguardia.

“Ils ont atteint un seuil maximum”, estime le politologue Josep Ramoneda. “Ils n’ont pas assez de voix, pas de puissance étrangère qui les soutienne, ni une grande partie du pouvoir économique catalan”.

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